Cinq ans après avoir remporté les Francouvertes avec son groupe Mimosa, la grande voyageuse Ines Talbi présente un premier album solo folk rock électro-acoustique, Boarding Gate. Un disque où les arrangements riches servent une voix à la signature forte.

«Je suis partie en 2009 en voyage à Lausanne en Suisse pour écrire le deuxième album de Mimosa et je suis revenue avec le premier disque d'Ines Talbi», lance-t-elle.

Mimosa, c'est le flamboyant groupe cabaret électro-rock qui a remporté les Francouvertes en 2007. Ines Talbi, c'était la chanteuse du groupe et elle vient tout juste de lancer son premier solo, Boarding Gate. Être membre d'un groupe lui a permis de faire le pont entre ses carrières d'artiste du cirque et de chanteuse solo.

«Je trouvais ça gros d'aller sur une scène. Ce n'est pas un travail d'acteur, c'est toi qui chante, explique Ines Talbi. Mimosa, c'était très typé comme musique. En passant du cirque à la musique, peut-être que je n'étais pas prête à faire quelque chose de dépouillé et biographique [...] Avec mon projet d'album, c'est comme si j'étais passée du mode théâtral au mode expressif.»

Ne connaître personne

Ines Talbi voyage seule depuis l'âge de 16 ans. Elle ressent le besoin «de liberté d'être ailleurs, de ne connaître personne et de prendre le temps de regarder ce qu'il y a autour de soi». Le titre de son album, Boarding Gate, fait référence à ce sentiment «d'avoir fait le choix de partir, mais de ne pas pouvoir revenir» quand on franchit la porte d'embarquement dans un aéroport.

Quand Ines Talbi a fait «sa retraite d'écriture» en Suisse, elle a prix contact avec le musicien belge Daniel Bleikolm du groupe K, qu'elle avait rencontré lors du Festival international de la chanson de Granby, en 2007. Il l'a aidée à mettre en musique quelques-uns des nombreux textes que l'auteure-compositrice avait écrits.

Ines Talbi «compose tout vocalement». Elle peut s'enfermer dans les toilettes d'un bar avec un air en tête et enregistrer sa voix. Quand est venu le temps d'enregistrer Boarding Gate, elle devait s'entourer de réalisateurs qui comprenaient «ses explications pas du tout théoriques».

Elle a retravaillé avec Daniel Bleikolm, de même qu'avec le multi-instrumentiste touche à tout Pierre-Philippe «Pilou» Côté (il chante avec DJ Champion, collabore avec Ariane Moffatt, signe la réalisation du premier album de David Giguère).

Bleikolm et Pilou ont cosigné la réalisation des musiques folk-rock électro-acoustiques de Boarding Gate. «Ces deux-là, c'était un duo parfait. Tous mes rêves se sont réalisés, indique Ines Talbi. Daniel, c'est les machines et les nouvelles affaires de réalisation. Pilou est calé dans les arrangements de cordes. Ils étaient complémentaires.»

Ines Talbi avait en tête beaucoup de cordes et une réalisation dont la texture sonore rappelle le travail de Beck (cela s'entend particulièrement sur sa pièce Playground). Elle voulait que sa pièce No Future «monte» vers la fin (I am the no future generation, chante-t-elle), alors que pour la chanson At The End, elle a donné comme indications que «ça devienne épique avec des basses».

En résulte une pièce folk-country arrangée avec du lap-steel. Rien à voir avec son remix dance-électro qui clôt l'album. «C'est ça la blague. Not For Sale Remix, c'est comme la vraie, car cela devait être la première chanson du deuxième album de Mimosa.»

La voix «craquée» d'Ines Talbi prend un éventail impressionnant d'interprétations: rythmée et frondeuse (à la Béatrice Bonifassi avec Beast), douce et mélodieuse, ou encore lente et aérienne. Un seul titre de son album est en français, Derrière la pluie. «J'étais en voyage, donc j'étais dans un mode: je chante en anglais. Mais j'ai écrit des titres en français qui seront sur le prochain album», souligne Ines Talbi.

La chanteuse a réuni des musiciens pour ses spectacles, soit Mathieu Vezio, Renaud Gratton, Guillaume Bourque et Samuel Beaulé. Prochain rendez-vous au Divan Orange, le 29 février.