Plus d'un million de branchements ont déjà été comptabilisés sur Espace.mu depuis son lancement officiel, le 13 juin dernier. Par branchement, on entend le déclenchement d'un flux audio émanant de ces multiples webradios regroupées dans cet ensemble virtuel qu'est le site www.espace.mu et mis de l'avant par la Société Radio-Canada.

Pour l'instant, on y recense 81 000 titres répartis dans sept genres musicaux (chanson-pop, country-folk, jazz, monde, classique, rock, hip hop) et plus d'une soixantaine de webradios permanentes ou temporaires - certaines sont créées à l'occasion d'événements importants comme le Festival international de jazz de Montréal ou encore le décès de Claude Léveillée à la veille des dernières FrancoFolies de Montréal.

«Nous assistons à une révolution des comportements de l'écoute de la musique, bien au-delà de la révolution technologique. Aujourd'hui, les auditeurs s'attendent à profiter des fonctions qu'offrent les plateformes sur l'internet: découvrir de nouveaux répertoires, personnaliser leurs choix, agir sur la musique qu'ils écoutent. Un diffuseur public doit répondre à cette révolution des comportements»,  pense Sylvain Lafrance, vice-président principal de Radio-Canada et porte-parole d'Espace.mu - on sait qu'il quittera bientôt ses fonctions mais il reste en poste jusqu'à l'automne.

«Ainsi, tient-il à souligner, nous offrons le plus vaste répertoire de sélection francophone et de musique canadienne. En ce sens, l'intervention du diffuseur public est de favoriser de tels contenus nationaux. Pas exclusivement en chanson, d'ailleurs : tous genres de musique instrumentale et musiques du monde. Sans notre intervention, nous serions submergés par l'offre venue d'ailleurs et les services offerts à l'étranger n'accorderaient pas la juste place qui revient à notre musique.»

Pour Sylvain Lafrance, la SRC doit apporter une plus-value à l'offre d'écoute écoute musicale en continu sur l'internet (streaming), offre exponentielle il va sans dire.

«C'est notre préoccupation en radio traditionnelle, il faut que ça le soit avec Espace.mu. La SRC, il faut dire, a toujours été importante à ce titre. Dans les années 40 ou 50, elle était déjà très dynamique dans la diffusion de contenus canadiens et francophones. Dans les années 60 et 70, la place accordée aux auteurs et compositeurs d'ici était immense. Il est important qu'on poursuive en ce sens.»

Dans ce contexte de la croissance phénoménale de l'environnement numérique, Sylvain Lafrance évoque  aussi la «reconquête de jeunes auditoires» par la SRC via Espace.mu.

«Ça se fait beaucoup par la musique et ses nouvelles plateformes, en ayant toujours à l'esprit de promouvoir la musique d'ici et la chanson francophone. Si nous avons des quotas de diffusion  à Espace.mu? On y va un peu à l'instinct, et nous nous adaptons aux genres. Impossible, par exemple, d'atteindre les mêmes proportions de musique canadienne en jazz qu'en chanson. Reste qu'on trouve beaucoup de musique canadienne dans chacun des genres et pour nous c'est très important. Dans cette optique, nos programmateur ont prévu une variété de contenus qui reflètent notre culture. À ce titre, d'ailleurs, les artisans d'Espace Musique et de Bande à Part ont contribué à créer les répertoires d'Espace.Mu.»

Dans un environnement numérique, le déploiement de ces répertoires radio-canadiens a été progressif, rappelle en outre Sylvain Lafrance.

«Il y a deux ans, nous avions lancé la marque musique de Radio-Canada. Depuis, il s'est passé bien des choses. Plusieurs centaines de concerts ont été enregistrés et diffusés, nous avons lancé le concept de révélations, nous avons préconisé une approche multiplateformes pour diffuser nos contenus musicaux. Aujourd'hui, on peut promouvoir un artiste émergent sur nos plateformes spécialisées tout en le ramenant sur des plateaux plus généralistes comme l'émission En direct de l'univers. Aujourd'hui, notre stratégie a plus d'impact.»

Optimiste avant de quitter ses fonctions, Sylvain Lafrance croit que la diffusion de contenus audiovisuels sera parmi les prochaines étapes de développement d'Espace.Mu. «Ce qu'on voit actuellement, c'est la phase 1 d'une stratégie de diffusion musicale qui ne cessera de se développer.»

Le plan stratégique de la Société Radio-Canada, rappelle-t-il en guise de conclusion, est axé sur trois axes: émissions distinctives, présence régionale et présence accrue dans l'environnement numérique.

«Espace.mu est au coeur de tout ça.»