Au mois d'octobre dernier, le gouvernement français a lancé «la carte musique», une carte vendue au coût de 25 $ qui permet à ses détenteurs d'acheter pour 50 $ de musique sur l'internet. Le but? Combattre le téléchargement illégal et créer de nouvelles habitudes d'achat chez les jeunes de 12 à 25 ans.

C'est l'État qui assume le rabais de 25 $ qu'offre la carte, jusqu'à concurrence de 25 millions d'euros en deux ans. Certains sites d'achat en ligne ont été sélectionnés. Afin d'éviter que tous les revenus engendrés aboutissent dans les poches de la boutique en ligne d'iTunes, chaque site aura droit à des ventes maximales de cinq millions d'euros. On veut ainsi faire découvrir des boutiques de musique en ligne comme Starzik, Deezer, CD1D, Qobuz ou encore celle de Virgin. (Tous les détails au www.carte-musique.gouv.fr)

«La carte musique permet de mieux faire connaître la diversité de l'offre des éditeurs de musique en ligne, a déclaré le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, en octobre dernier, lors du dévoilement de la carte musique. En ciblant la jeunesse, elle vise à créer de nouvelles habitudes.»

Le gouvernement français a donc décidé d'agir pour contrer le téléchargement illégal de musique, tout en faisant passer le message qu'il est facile et convivial d'acheter sa musique sur l'internet.

Il faudrait peut-être s'en inspirer au Québec. Comme nous le rapportions la semaine dernière, les Québécois achètent moins de musique en ligne - toutes proportions gardées - que les Américains ou les Britanniques. En 2010, ils ont acheté l'équivalent de 960 000 albums en ligne contre 8 178 900 albums physiques, à peine 10 %, alors que le pourcentage est de 25 % aux États-Unis.

Les ventes d'albums et de chansons en format numérique ont néanmoins fait un bond d'environ 40 % de 2009 à 2010 au Québec, mais cela n'amortit pas la chute du nombre d'albums vendus en format physique.

Selon Martin Tétu, chargé de projet de l'Observatoire de la culture et auteur d'une étude sur le téléchargement pair-à-pair au Québec, il y a un manque dans l'offre de titres québécois, notamment ceux du vieux catalogue. «Il y a un intérêt pour le contenu québécois, mais il y a tout un pan de la musique québécoise qui n'est pas offert en ligne (en vente légale)», a-t-il expliqué à La Presse la semaine dernière.

Le potentiel des applications

En France, la création de la carte musique résulte du rapport Zelnik «sur le développement de l'offre légale culturelle», remis au gouvernement français il y a un an. «Plutôt que de redouter internet et de chercher à s'y adapter tant bien que mal, il convient de prendre les devants et d'investir l'univers numérique pour en saisir toutes les occasions», conclut le rapport préparé par Patrick Zelnik, PDG du label Naive.

La Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet) a été mise sur pied pour réprimer le piratage. Pour l'instant, elle sert simplement un avertissement aux internautes qu'elle prend en flagrant délit de téléchargement illégal. Mais éventuellement, les récidivistes pourront voir leur accès internet suspendu.

La carte musique et la Hadopi essuient bien sûr plusieurs critiques, mais il reste que le gouvernement français veut stimuler le marché de la musique en ligne.

«Toute initiative pour diriger les consommateurs vers une offre légale doit être bienvenue», estime Lyette Bouchard, directrice générale adjointe de l'ADISQ.

Selon Mme Bouchard, il doit y avoir une valeur ajoutée pour que les gens achètent de la musique sur l'internet. Elle rappelle que les ventes d'applications dans l'App Store (10 milliards en 31 mois) sont en train de dépasser celles des chansons vendues dans iTunes. «Il y a beaucoup d'applications musicales, souligne-t-elle. Ce sont des vecteurs pour consommer légalement de la musique.»

La maison de disques québécoise Analekta a par exemple sa propre application qui permet de créer des listes de lecture et d'écouter des nouveautés, en vente sur iTunes en un seul clic.

«C'est facile d'accès et d'utilisation, et cela se fait dans le respect des droits d'auteur», fait valoir Lyette Bouchard.

Le gouvernement québécois ne prévoit pas lancer de campagne pour mousser la vente de musique en ligne ou de programme - de crédits d'impôt ou autre - pour faciliter la numérisation du vieux catalogue.

En rafale

> James Blunt sera en spectacle le 24 avril à la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA (billets en vente vendredi à 10 h).

> Cut Copy sera en spectacle au Club Soda, le 5 avril, pour la tournée de son nouvel album, en magasin le 8 février.

> Arcade Fire se produira au gala des Grammy, mais aussi à la cérémonie des Brit Awards, qui aura lieu le 15 février, pour laquelle le groupe est nommé deux fois (groupe international et album international de l'année).

Suggestion de la semaine



En hommage à sa chanteuse, Trish Keenan, morte la semaine dernière des suites de la grippe A (H1N1), allez écouter la musique électro-psychédélique exploratoire du groupe britannique Broadcast. Pour les fans, il s'agit d'une mort tragique. www.myspace.com/broadcastuk

Sorties de la semaine



> Native Speaker de Braids

> The King is Dead de The Decemberists

> Fruits défendus de Brigitte Boisjoli

> Bande originale du film Funkytown

> Live on Ten Legs de Pearl Jam

> Bande originale de Barney's Version

> No Parano de Juliette