Avec son nouvel album, Dany Placard s'éloigne du coutry-folk et se rapproche du pop-rock. Sans délaisser son style et son accent du Saguenay, le prolifique auteur-compositeur anciennement de Plywood 3/4 a eu envie d'amener sa musique ailleurs, lui qui aime se donner un cadre de création et s'inspirer des idées des autres.

«Tout le monde est déstabilisé, lance Dany Placard, en début d'entrevue. Dans ma démarche, je suis peut-être rendu ici, mais ça reste du Placard.»

Placard prend un virage pop-rock sur son dernier album éponyme. Il signe des chansons qui se rapprochent de la forme classique du couplet/refrain. Il y a des guitares, du lapsteel et du Wurlitzer, mais pas de cuivres, pourtant si étroitement associés à l'univers de Dany Placard.

Pourquoi ce changement de ton? «Je ne voulais pas recommencer à parler de pick-up et de grands espaces, répond le chanteur originaire de Chicoutimi. J'avais le goût d'aller ailleurs. Je me disais: je ne peux pas faire un autre disque pareil. Les gens vont décrocher.»

Faire des chansons plus pop, ce n'est pas vendre son âme au diable, souligne Placard. «La pop, ce n'est pas péjoratif, fait-il valoir. Je sens que j'ai fait ce que je voulais sans compromis.»

Donner un cadre pop-rock à ses nouvelles chansons a facilité le travail de l'auteur-compositeur. Ce format préétabli - voire cette contrainte - de création a orienté l'inspiration de Placard vers un but bien précis, et lui a permis de «contrôler» ses réflexes naturels d'auteur-compositeur. «Le folk est tellement en moi. Je prends ma guitare et je compose des chansons. Là, j'ai composé la moitié des tounes au piano», explique-t-il.

Placard a dû se rappeler à l'ordre. «Des fois, je me disais que ça prenait des trompettes (...) mais non, je prenais ma guitare pour faire des riffs plus catchy et rock.»

Dix chansons, dix femmes

Il y a dix chansons sur l'album, chacune associée à une femme: Julie (une junkie), Annie (une aveugle), Lisa (une rock star déchue) et Henriette (une veuve). Des personnages inspirés par «l'amie d'une amie», ou par une voisine. Quant à «la prieuse», c'est bel et bien une femme qui a accroché Placard dans la rue pour lui lire les lignes de la main.

Ce concept - de raconter le sort de dix personnes différentes - a aussi stimulé l'imaginaire et l'inspiration de Placard (qui, pour son avant-dernier album, Raccourci, avait raconté la vie d'un camionneur). «Moi, j'ai une vie assez straight. J'ai une femme et des enfants», souligne Dany Placard.

Mais les textes servent la musique, et non l'inverse, ce qui est aussi plus de tendance pop-rock que folk. «Il y avait beaucoup de textes que je n'avais pas finis avant de composer les musiques», souligne l'auteur-compositeur.

Quoi qu'il en soit, le virage de Placard est réussi. Annie est une ballade poignante, Lisa est une toune de char au refrain rassembleur, le solo et les harmonies de Margo font sourire, Julie et Jeanine sont de bonnes chansons de rock garage sale.

S'inspirer des idées des autres

Dany Placard n'a même pas sorti son album qu'il pense déjà au suivant. Placard a été enregistré il y a près d'un an et en juillet dernier, dans son cabanon de Rosemont.

Aujourd'hui, l'auteur-compositeur a son groupe: le batteur Jean-François Mineau, le bassiste Michel-Olivier Gasse, et les guitaristes Guillaume Bourque et Francis (Toots) Macbeth.

«Nous avons une bonne chimie. Le prochain album, je pense qu'on va l'écrire ensemble. J'apprends beaucoup de leurs influences musicales.»

Dany Placard aime les collaborations. Depuis la fin de l'aventure de Plywood 3/4, il a fait des albums de duos avec Carl-Éric Hudon et François «Toots» Macbeth. «Je trouve ça essentiel. À un moment donné, je trouve que je manque de cohérence dans mon approche.»

Placard, qui a réalisé récemment des albums pour Chantal Archambault et Caloon Saloon, aime aussi travailler derrière les consoles. «Les idées des autres, ça t'allume.»

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