M.I.A. sera en ville mardi pour donner un spectacle au Métropolis. Retour sur la controverse entourant la sortie de son troisième album, MAYA, au printemps dernier.

Tout récemment, M.I.A. était en rogne au point d'interpeller la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton. La mère de la rappeuse qui n'a pas la langue dans sa poche avait de la difficulté à avoir un visa pour venir visiter sa fille et son petit-fils à Los Angeles.

«Le gouvernement m'a visée. Ils ont dit que ma mère serait correcte si je m'excusais à l'ambassade du Sri Lanka, ce que je ne ferai pas. Ce n'est pas comme si ma mère savait comment fabriquer une fu***** bombe, la strapper sur elle et entrer dans un Tesco», a déclaré M.I.A. au magazine Q.

D'origine tamoule, Maya Arulpragasam a grandi à Londres, et elle habite maintenant aux États-Unis. Elle a beau avoir un enfant et partager sa vie avec le fils de l'homme d'affaires canadien Edgar Bronfman de l'empire Seagram, M.I.A. ne peut voyager comme bon lui semble.

Considérée comme une dissidente par le gouvernement du Sri Lanka, M.I.A. est restée coincée aux États-Unis pendant 18 mois, période pendant laquelle elle a fait son troisième album, MAYA, à défaut de devenir dingue, a-t-elle confié en entrevue.

Un troisième album éclectique qui a surpris ses fans, de par la diversité des sonorités et des rythmiques qui ne se prêtent pas nécessairement aux planchers de danse. M.I.A. a travaillé avec les bidouilleurs branchés de l'heure: Switch, Blaqstarr, Rusko, Diplo, John Hill, et Derek E. Miller. «Il y a tant de gens qui font de la dance music de nos jours. J'ai eu la sensation que cette dance music un peu mutante, étrange, que je fais depuis mes débuts, est devenue un genre à part entière, a déclaré la rappeuse aux Inrocks. J'avais envie d'un défi nouveau, envie de voir si j'étais capable de faire des chansons qui échappent à ces étiquettes, qui soient plus difficiles à définir.»

L'album MAYA a été lancé dans la controverse. D'abord à cause du clip de l'extrait Born Free, retiré de YouTube car il mettait en scène -sous la réalisation de Romain Gavras (le fils de l'autre)- de façon jugée trop violente l'arrestation d'adolescents aux cheveux roux, transportés dans un champ miné où ils sont exécutés.

Ensuite par un portrait de 17 pages publié dans le New York Times sur la rappeuse «soi-disant» militante. «Soi-disant» car la journaliste du prestigieux quotidien a laissé entendre que M.I.A. dore son image avec son militantisme, tout en menant une vie de riche à Beverly Hills avec Benjamin Bronfman. Elle ne serait pas une artiste engagée, mais une rebelle devenue millionnaire, conclut subtilement la journaliste, Lynn Hirschberg.

Sur la performance de M.I.A. aux Grammys aux côtés de Jay-Z, T.I., Kanye West et Lil Wayne, alors qu'elle était enceinte de neuf mois exactement, la journaliste dit que la chanteuse ne voulait pas manquer ce moment. «Tout était là: la crédibilité artistique, du high drama et une grande audience. Le bébé n'avait qu'à attendre», écrit Lynn Hirschberg, ajoutant que la rappeuse ne pouvait résister à l'idée d'être presque nue et enceinte jusqu'au cou en chantant des paroles incendiaires, sous l'oeil du monde entier.

À la publication de l'article, M.I.A., en furie, s'est vengée en diffusant sur Twitter le numéro de téléphone de la journaliste. L'artiste a aussi demandé un rectificatif au NY Times, qui a acquiescé à la demande.

C'est peut-être l'envers de la médaille que d'être citée par le magazine Time parmi les 100 personnes les plus influentes au monde. Il ne faut pas oublier que M.I.A. est aussi une femme d'affaires qui a fondé une étiquette de disques, N.E.E.T., en prenant sous son aile des artistes comme Rye Rye et Sleigh Bells.

Où sera M.I.A. en 2020? «Je serai une artiste. Qu'importe ce que ce sera d'être une artiste dans 10 ans, c'est ce que je ferai», a-t-elle dit à NME.

En attendant, espérons que la rappeuse continuera de prendre des risques sans avoir la langue dans sa poche.

M.I.A. , le 21 septembre, 20h30, au Métropolis. Première partie: Rye Rye.