Des quatre "Mozart Plus" de l'été, deux sont dirigés par Kent Nagano. Au premier, mercredi soir, le titulaire de l'OSM rapprochait dans le temps deux compositeurs séparés par près d'un siècle, soit Haydn, mort en 1809, et Prokofiev, né en 1891, en juxtaposant la Surprise, l'une des plus célèbres symphonies de l'Autrichien, et la symphonie que le jeune Russe modela sur celles de son prédécesseur et qu'il intitula précisément Classique.

Glissé entre Prokofiev et Haydn, le Concerto pour piano K. 491 de Mozart nous maintenait dans le même contexte historique.

L'OSM est réduit à une soixantaine de musiciens - le programme n'en demande pas davantage - et certains premiers-pupitres ne sont tout simplement pas là. Sur scène, derrière l'orchestre, une conque toute blanche crée une certaine intimité et en même temps durcit quelque peu le son de certains instruments comme les hautbois et souligne les moindres imperfections de jeu - et elles sont nombreuses, surtout chez les violons, dans les attaques, la coordination et l'élémentaire intonation.

Comme étranger à ces problèmes et multipliant des gestes vagues qu'on prendrait pour de petits saluts, Nagano parvient à signer un concert acceptable. Le retour à la disposition des violons de part et d'autre du podium, le jeu pétillant des bois, la légèreté du discours: autant d'éléments qui confèrent un air de musique de chambre au Prokofiev et, à un degré moindre, au Haydn secoué par le fameux fortissimo inattendu qui lui valut son surnom.

«Stephen Kovacevich de retour à l'OSM». Puisqu'on a pris la peine de donner au concert ce titre à portée quasi historique, il fallait aller au bout de l'idée et donner la date du dernier passage du pianiste à l'OSM. De même, pour le bénéfice des auditeurs qui possèdent peut-être des disques de Stephen Bishop, préciser qu'il s'agit du même pianiste, lequel s'est d'ailleurs produit en utilisant en même temps ses deux noms de famille!

M. Kovacevich nous est revenu tel que nous l'avons toujours connu: un musicien racé, avec un toucher délicat mais ferme, tout à fait approprié à Mozart, et une technique irréprochable sur laquelle il s'appuie avec discrétion. Le Concerto K. 491 le trouve en fiévreux dialogue avec l'orchestre ou en monologue proche de la réflexion. Une petite erreur à son entrée au dernier mouvement est sans importance. M. Kovacevich a composé sa propre cadence pour le premier mouvement et, bien sûr, ses ornements. Mais la cadence au dernier mouvement n'est pas de lui: c'est celle de l'édition Eulenburg.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Kent Nagano. Soliste: Stephen Kovacevich, pianiste. Mercredi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Dans le cadre de la série «Mozart Plus».

Programme :

Symphonie no 1, en ré majeur, op. 25 (Classique) (1916-17) – Prokofiev

Concerto pour piano et orchestre no 24, en do mineur, K. 491 (1786) – Mozart

Symphonie no 94, en sol majeur, Hob. I :94 (Surprise) (1791) – Haydn