La saison 2008 des récitals dominicaux d'été à l'orgue de la basilique Notre-Dame était inaugurée hier par Philippe Bélanger, le titulaire de l'orgue de l'Oratoire Saint-Joseph, qui ne présentera sa propre série que le mois prochain et, curieusement, sans la participation de son collègue de la place d'Armes.

Le jeune et fringant titulaire de la Montagne avait préparé un programme varié tenant en une heure, sans entracte, avec l'accent mis sur la musique britannique: Elgar, Elgar encore, et nos deux Healey nés en Angleterre et fixés au Canada, soit le «patriarche» Healey Willan (orthographié «Willian» sur le feuillet remis à la porte) et le plus jeune Derek Healey (devenu «Dereck Healy» sur le même papier).

On n'indiquait pas non plus le nom de l'auteur des transcriptions des deux pièces de Elgar, Nimrod (extraite des Enigma Variations) et la première marche Pomp and Circumstance - et non la deuxième, comme le donnait encore le feuillet. Il s'agit de l'organiste anglo-américain Edwin H. Lemare.

La riche combinaison de jeux que M. Bélanger établit dans Nimrod évoque moins l'orchestre qu'elle ne retrouve la nostalgie de l'originale. En contraste, la marche (au titre traduit ici par «Pompe et Circonstance» !!) se déroule en style «parade en plein air» et débouche sur une impressionnante accumulation de jeux pour le dernier rappel de la mélodie patriotique Land of Hope and Glory.

Dans l'ensemble, l'organiste de 34 ans favorisait généralement des registrations nourries et traditionnelles plutôt que la surprise ou le détail. Cette approche servait tout à fait le Prélude et Fugue de Willan, conçu dans la pesante tradition de Reger, et le court et exclusivement virtuose Caprice de Healey.

Seule oeuvre majeure au programme, le troisième Choral de Franck reçut une lecture correcte mais sans profondeur. M. Bélanger conclut son heure de musique avec une improvisation à partir de trois thèmes qu'il dit avoir imaginés sur place, en les jouant. L'improvisation de 13 minutes comportait effectivement trois sections: deux tumultueuses encadrant une plus légère.

PHILIPPE BÉLANGER, organiste. Hier soir, basilique Notre-Dame (orgue à traction électropneumatique Casavant (1890-1991); 92 jeux, quatre claviers manuels et pédale).