Trois braqueuses complètement folles tiennent en otage M. Coetzer dans sa cave à vin hyper sécurisée et située dans un bunker à Hong Kong, une réserve évaluée à 350 millions de dollars contenant les bouteilles de milliardaires qui croyaient les avoir mises à l'abri.

À l'extérieur, la flic Jackie Thran et le négociateur Marwan tentent de calmer le jeu le plus vite possible, alors qu'un immense typhon est en route et empêchera toute résolution de l'affaire. Que veulent La Bombe, La Brune et La Clown dans leurs demandes incohérentes? Pourquoi ont-elles pris d'assaut ce stock hyper précieux, et comment y sont-elles parvenues?

Cela n'est pas très important dans ce court roman de 106 pages, qu'on doit lire d'une traite pour en ressentir le suspense, comme un alcool fort qu'on boit cul sec.

Dans la mythologie grecque, les bacchantes renversent l'ordre du monde en célébrant Dionysos, ce que font ces trois braqueuses en s'attaquant aux collections des plus puissants - l'une d'elles se promène même avec la dernière bouteille de Château Lafite 1869 en équilibre sur sa tête...

C'est là-dessus que l'audacieuse entreprise est incompréhensible pour Coetzer qui garde jalousement ses 100 000 bouteilles. «Chacune est un condensé, une métonymie organique, la rencontre d'un savoir-faire avec un sol et une année hasardeuse et unique. Elles sont toutes chargées de mémoire, pleines d'avenir, dans chacune une vie fermente.»

Céline Minard, qui aime jouer avec les codes des oeuvres de genre (Faillir être flingué en 2013 revisitait le western à sa manière), signe ici un roman pointu, très cinématographique, au style ciselé, où chaque mot compte plus qu'une histoire avec un début, un milieu et une fin - ce qui pourrait déplaire aux amateurs de polars plus traditionnels. Mais qu'importe le flacon, pourvu qu'il y ait l'ivresse...

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Bacchantes. Céline Minard. Rivages, 106 pages.