L’essentiel de la vie publique de René Lévesque a concerné son engagement politique. La bande dessinée René Lévesque – Quelque chose comme un grand homme, parue au début de décembre, revient longuement sur les idées et les transformations qu’il a défendues dans l’intérêt du Québec et rappelle avec acuité les valeurs qui l’ont guidé.

Moelle graphik a l’habitude de lancer des bandes dessinées qui sortent de l’ordinaire. L’éditeur Julien Poitras, qui est aussi doyen de la faculté de médecine de l’Université Laval, ne publie pas des livres à la chaîne. Il a le souci de concevoir des œuvres qui se démarquent par leur facture et souhaite « travailler chaque livre en fonction de son auteur et de ses aspirations ».

La particularité de René Lévesque – Quelque chose comme un grand homme est qu’il a été scénarisé par une seule personne, Marc Tessier, mais qu’il est mis en images par une vingtaine de dessinateurs. Christian Quesnel, Réal Godbout, Louis Rémillard et Sophie Bédard font partie de ceux qui signent des chapitres complets en bande dessinée, alors que les Jimmy Beaulieu, François Lapierre et Rupert Bottenberg font partie d’un autre groupe appelé à fournir une illustration.

L’idée de multiplier les dessinateurs est de Marc Tessier lui-même. Julien Poitras a embarqué. Il est conscient que certains lecteurs peuvent être attirés par un style et rebutés par un autre, mais croit que « l’intérêt historique » du personnage agit comme un liant.

« Il y a aussi une correspondance entre les styles des artistes et ce qui est raconté, défend-il, citant le dessin spontané de Jacob Doyon et les horreurs vues par Lévesque au camp de concentration Dachau. C’est la même chose dans le dernier chapitre, qui parle de la relation de René Lévesque avec Corinne [Côté-Lévesque] et qui est tout en douceur dans le dessin de Sophie Bédard. C’est une belle démonstration de ce qu’on peut faire avec des styles différents. »

Extraits de René Lévesque – Quelque chose comme un grand homme
  • Jacob Doyon illustre le chapitre où René Lévesque, alors reporter, visite ce qu’il reste du camp de concentration Dachau.

    IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

    Jacob Doyon illustre le chapitre où René Lévesque, alors reporter, visite ce qu’il reste du camp de concentration Dachau.

  • Alain Chevarier met en images le passage au sujet de la guerre de Corée.

    IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

    Alain Chevarier met en images le passage au sujet de la guerre de Corée.

  • Réal Godbout, dessinateur de Red Ketchup, met sa ligne claire au service du chapitre racontant la première campagne électorale de René Lévesque.

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    Réal Godbout, dessinateur de Red Ketchup, met sa ligne claire au service du chapitre racontant la première campagne électorale de René Lévesque.

  • Le versant intime de René Lévesque, vu par la dessinatrice Sophie Bédard

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    Le versant intime de René Lévesque, vu par la dessinatrice Sophie Bédard

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De la guerre à la politique

L’album commence en 1944 alors que René Lévesque s’embarque pour l’Europe à titre de reporter. On le suivra ensuite lors de la guerre de Corée, d’où il a effectué des reportages marquants, jusqu’au moment où il prend la tête de sa propre émission, Point de mire. Peu à peu, l’homme développe sa vision du monde, réfléchit sur les injustices et se pose en décrypteur des enjeux internationaux. Peu à peu, l’envie de faire le saut en politique se fait sentir, il finira par y céder et s’engager dans l’équipe de Jean Lesage.

« On prend le point de vue de René Lévesque en toute simplicité », juge Julien Poitras, qui a trouvé ce projet émouvant à plusieurs égards.

Pour moi, c’était un homme politique important. Comme individu, j’ai vu l’émergence du Parti québécois et le premier référendum, mais je n’ai pas connu l’époque de ses reportages de guerre et celle de l’émission Point de mire. 

Julien Poitras

Il croit que la bande dessinée permet d’en donner la mesure.

René Lévesque – Quelque chose comme un grand homme est une lecture touffue. L’accent est mis sur les jeux de coulisses, qui deviennent parfois complexes, notamment dans l’épisode communément appelé « la nuit des longs couteaux », où le premier ministre du Québec est floué par l’appui des autres dirigeants canadiens à la loi constitutionnelle de Pierre-Elliott Trudeau. L’évènement est mis en scène comme une pièce de théâtre, ce qui, du point de vue de l’éditeur, le rend plus « digeste ».

Ce qu’il souhaite transmettre à travers cet ouvrage, c’est qu’il est possible de transformer les choses. « Quand quelqu’un arrive avec des idées et qu’il a la capacité de convaincre, estime Julien Poitras, c’est possible. »

Il croit également que la bande dessinée vient corriger une situation regrettable à ses yeux. « Les hommages rendus à René Lévesque jusqu’ici ont été peu réussis, juge-t-il. On vient corriger ça un peu. L’album est à la hauteur de l’homme et, à travers cette mise en commun du travail de nombreuses personnes, je pense qu’on est en phase avec les valeurs qu’il défendait. »

René Lévesque – Quelque chose comme un grand homme

René Lévesque – Quelque chose comme un grand homme

Moelle graphik

268 pages