Dans cette novella très réussie de celle qu’on a proclamée la « reine du polar suédois », toute l’action se situe durant les quelques heures qui précèdent le coup de minuit, à la veille du Nouvel An.

Quatre amis, âgés de 18 ans, passent la soirée chez l’un d’entre eux, alors que leurs parents fêtent dans la maison voisine. Pour passer le temps, ils se lancent dans une partie de Monopoly en version vérité ou conséquence pour pimenter les règles.

L’alcool coule à flots, le jeu dérape rapidement. Les jalousies et les non-dits qui corrodent depuis trop longtemps la sincérité de leur amitié se dévoilent au fur et à mesure de leur ivresse. Ils sont richissimes, ils habitent de somptueuses demeures dans l’un des quartiers les plus luxueux de Stockholm et ils sont admirés de tous ; mais sous le vernis de ce portrait enviable, ils cachent tous de profondes failles et de douloureux secrets.

« On présente bien, on est épanouis et irréprochables en apparence, mais tristes et ravagés à l’intérieur », dira l’un d’entre eux. Même s’ils n’en ont jamais parlé entre eux, ils souffrent tous de la duplicité de leurs parents, des individus qui occupent d’importantes fonctions sociales, mais chez qui le mensonge est une seconde nature.

Plus la soirée avance, plus la tension grimpe. Puis le vase se brise. Les vannes s’ouvrent. L’étrange chimie qui opère entre eux combinée à l’abus d’alcool et aux blessures cuisantes qui les affligent forme un cocktail explosif. Le suspense croît de façon habile et maîtrisée, et c’est un roman noir sans fausses notes que nous offre Camilla Läckberg. Et on doit avouer que son format réduit – de plus en plus en vogue dans le polar – convient parfaitement à ce type d’intrigue linéaire, en plus d’offrir un intermède rafraîchissant dans un genre qui nous a plutôt habitués à des trames souvent très denses.

Sans passer par la case départ

Sans passer par la case départ

Actes Sud

112 pages

7/10