Le crime organisé n’est pas qu’une affaire d’hommes. On raconte toutefois peu les histoires des femmes qui ont été à la tête de réseaux criminels.

La marraine de Harlem

Extraits de Queenie
  • Queenie, d’Elizabeth Colomba et d’Aurélie Lévy

    IMAGE TIRÉE DE QUEENIE

    Queenie, d’Elizabeth Colomba et d’Aurélie Lévy

  • Queenie, d’Elizabeth Colomba et d’Aurélie Lévy

    IMAGE TIRÉE DE QUEENIE

    Queenie, d’Elizabeth Colomba et d’Aurélie Lévy

  • Queenie, d’Elizabeth Colomba et d’Aurélie Lévy

    IMAGE TIRÉE DE QUEENIE

    Queenie, d’Elizabeth Colomba et d’Aurélie Lévy

1/3
  •  
  •  
  •  

Queenie, d’Elizabeth Colomba et d’Aurélie Lévy, raconte celle de Stephanie Saint-Clair, née dans les Antilles françaises, qui a été à la tête d’une très profitable organisation installée à Harlem au début du siècle dernier. Ses spécialités : loterie illégale et corruption des autorités.

La « marraine » de Harlem sort d’un séjour en prison au début de l’album. Ce n’est pas la première fois qu’elle fait le voyage et on comprend vite qu’elle a des relations : un juge s’est assuré qu’elle ait une cellule confortable, mais qu’elle n’y traîne pas trop longtemps… Sitôt sortie, elle reprend les affaires avec l’aide de son homme de confiance, Bumpy Johnson, qui l’informe que le parrain Lucky Luciano lorgne son territoire. Ça risque de barder.

Queenie s’attarde aux dernières années du règne de Stephanie Saint-Clair. Elle est alors talonnée par la mafia, mais aussi par Dutch Schultz, bandit impulsif qui se met le monde interlope à dos en faisant assassiner un procureur. En parallèle, l’album revient sur son enfance dans les Antilles où, après la mort de sa mère qui l’élevait seule, elle a dû endurer des agressions et trouver le moyen de fuir.

On traverse cet album comme un film d’époque bien mené. Le dessin est hyper contrasté, net et précis, dans la veine d’un Tardi et d’un Chabouté, sauf dans les retours en arrière, qui se distinguent par les nuances de gris. Et si le récit montre la fermeté de la marraine lorsqu’il est question de ses affaires, il s’attarde aussi beaucoup à son engagement « sociopolitique ». L’aura de celle qu’on surnomme Queenie ne tient en effet pas seulement à l’efficacité et à la rentabilité de ses business illégaux, mais aussi à sa façon de promouvoir l’intérêt des Noirs de Harlem. Ce qui donne un album de gangsters intrigant et loin de bien des clichés.

Queenie

Queenie

Éditions Anne Carrière

176 pages

7/10

Un plaisir décalé

IMAGE TIRÉE DE POISSON À PATTES

Planche de Poisson à pattes, de Blonk

Blonk plonge dans le Moyen Âge avec Poisson à pattes. Il raconte l’histoire de Bastien, un enfant trouvé, albinos en plus, qui s’avère pas mal plus futé que la moyenne. Bref, il est une calamité aux yeux de sa mère, qui lui fait la vie dure. Son père a beau être un allié discret, Bastien souffre de n’être entouré que de niais crédules, à commencer par Clovis, qui est une brute et aussi un abruti. Sa plus précieuse amie, Sidonie, est une fille rousse célibataire qui, comme de raison, est soupçonnée de sorcellerie. Inutile de dire qu’en ces temps d’Inquisition, c’est dur pour ceux qui détonnent et cherchent des réponses ailleurs que dans les sermons du curé. L’obscurantisme qui règne dans le récit trouve d’ailleurs un écho dans notre époque où prolifèrent les théories allant à l’encontre des faits scientifiquement établis.

Poisson à pattes met de l’avant un dessin naïf fort expressif posé dans des planches soigneusement composées où on sent toute l’attention que le bédéiste a mise dans le choix des angles de vue et de la valeur des plans. Ses dialogues, dans une langue québécoise bien d’aujourd’hui, détonnent dans cet univers et l’auteur joue à fond ce décalage. Il s’amuse par ailleurs à glisser dans ses dessins des références très subtiles (à Tintin, notamment). Et c’est la combinaison de tout ça qui fait qu’on ne s’ennuie pas une seconde au cours de cet album qui se termine sur une pirouette scénaristique pour le moins surprenante.

Poisson à pattes

Poisson à pattes

Pow Pow

184 pages

7/10

Goldorak ressuscité

Goldorak

Goldorak

D’après Go Nagai

168 pages

6/10

Actarus a été un héros pour les enfants qui ont grandi dans les années 1970 et 1980 et qui ont suivi ses aventures en dessins animés. Une équipe d’artisans français fait revivre le prince d’Euphor et son « merveilleux robot des temps nouveaux ». La série, campée à notre époque, s’amorce sur une mauvaise nouvelle : les vilains de Véga, qu’on croyait anéantis, reviennent attaquer la Terre et réclament d’occuper le Japon. Ils disposent d’un nouveau Golgoth qui sème la destruction dans la capitale nippone, un désastre qui force la réunion d’Alcor, de Vénusia et du professeur Procyon. Actarus, revenu discrètement sur Terre, est gardé captif par les autorités et on ne sait trop si Goldorak est toujours en état de fonctionner. La bataille sera rude… L’équipe française à la barre de l’album adopte ici un style plus proche du comic book américain actuel que du manga : dessins réalistes, couleurs franches, rendu lisse, découpage éclaté. Le scénario demeure mince, mais ce sera peut-être suffisant pour combler les nostalgiques.

La langue au Chat

Les mots du Chat

Les mots du Chat

Casterman

104 pages

6/10

Placer le livre Les mots du Chat dans une chronique BD, c’est un peu de la triche. Ce nouveau livre de Geluck compte en fait très peu de dessins et aucun strip. Il s’agit plutôt d’une collection d’aphorismes lancés par son chat philosophe au fil des décennies. L’ensemble est évidemment plein d’un humour fin, à la frontière de la pensée profonde, de l’absurde et parfois de la bêtise toute bête. C’est Le Chat, non ? Les mots du Chat, c’est le genre de livre qui est publié pour étirer la sauce, faire rouler le fonds de commerce, bien sûr. Comme une compilation de grands succès entre deux albums. Ce condensé de traits d’esprit est néanmoins savoureux. Un petit plaisir qu’on feuillette à petite dose, pour sourire ou pour en faire naître un dans le visage de la personne avec qui on partage ces « sages » paroles.