Rencontre avec Sophie Laurin, qui vient de publier Fausses routes, son deuxième roman. La Presse l’a jointe pour parler de ces routes qu’on prend et qui ne mènent jamais nulle part… malgré les apparences !

Sophie Laurin (à ne pas confondre avec la comédienne Sophie Lorain) rêvait depuis de nombreuses années d’écrire son premier roman lorsqu’elle a finalement pris la décision de s’y mettre en passant le cap de la trentaine. Elle était loin de se douter qu’En route vers nowhere, publié l’été dernier, allait vite trouver son lectorat et vendre pas moins de 10 000 exemplaires. La jeune femme vient de publier la « suite indirecte » de son best-seller, Fausses routes.

Lorsqu’elle était enfant, Mme Laurin a déménagé avec sa famille à Notre-Dame-des-Prairies, ville située tout près de Joliette. De son primaire, mais surtout de son secondaire entre les quatre murs de la polyvalente Thérèse-Martin, elle garde des souvenirs impérissables (et des amies précieuses qu’elle a encore à ce jour), ce qui l’a grandement inspirée pour son premier roman, En route vers nowhere, où ses personnages, Sara et Sébastien, des amis du secondaire qui se retrouvaient à l’université, décidaient de partir ensemble en road trip improvisé sur les petites routes du Québec.

Ce roman racontait l’histoire d’amour qui fleurissait entre les personnages, en alternant le présent avec des souvenirs de leur passé au secondaire, notamment. « J’ai vraiment été inspirée par mon école secondaire ; j’imaginais l’action s’y dérouler, avec les conversations de corridor, les galas Méritas… », explique celle qui s’est plongée avec bonheur dans la nostalgie de cette époque où les téléphones intelligents et les réseaux sociaux n’existaient pas encore et où on se soûlait à coup de shooters trop sucrés de Sour Puss.

Après avoir étudié en arts visuels au cégep de Joliette, où elle a eu, se remémore-t-elle, un « déclic » dans un cours de lettres où elle devait composer le début d’un roman, Sophie Laurin a poursuivi un baccalauréat en télévision à l’UQAM. Après une année, elle devait choisir une concentration, mais a été refusée en recherche et en écriture, son premier choix. Un coup dur, se remémore-t-elle. « J’ai un peu eu l’impression que ma vie se finissait là ! », lance-t-elle.

Mais l’écriture est revenue bien vite dans sa vie, alors qu’elle s’est mise à travailler comme rédactrice pour des magazines après ses études, particulièrement Cool !, où elle écrit régulièrement depuis quelques années. C’est d’ailleurs à force de lire les questions envoyées par les lectrices à la rédaction qu’elle a eu le déclic pour son premier roman. « Je réalisais que peu importe l’époque ou le temps qui passe, les filles ont souvent les mêmes questionnements. »

Un succès inattendu

D’ailleurs, son projet au départ était plutôt de s’adresser aux ados ou aux jeunes adultes avec son premier roman, comme elle voulait y raconter l’histoire de Sara, « une fille qui ne pognait pas au secondaire » et qui développe en secret des sentiments amoureux pour son ami Sébastien. Mais le fait que la romancière ait décidé de camper le présent de son récit en 2007, en évoquant des souvenirs du secondaire quelques années plus tôt, a aussi amené un plus large public à s’intéresser à son roman, constate-t-elle.

Des adultes se sont sentis interpellés avec ce petit côté nostalgique, des ados m’ont écrit pour me dire qu’ils s’y retrouvaient, des grands-parents s’y remémoraient leur enfance… Le livre est allé chercher différents publics. C’est arrivé comme ça !

Sophie Laurin

L’autrice a encore peine à croire au succès d’En route pour nowhere, qui s’est vendu à 10 000 exemplaires et classé au deuxième rang des livres les plus achetés lors de la maintenant très populaire journée « Le 12 août, j’achète un livre québécois », l’an dernier.

Déjà, la romancière, qui a 35 ans aujourd’hui, voyait se dessiner une trilogie autour de cet univers qu’elle a imaginé. Pas étonnant, donc, qu’elle revienne un an plus tard avec Fausses routes, qu’elle décrit comme la « suite indirecte » du premier. Pourquoi indirecte ? C’est que plutôt que de se concentrer de nouveau sur le couple de Sara et Sébastien, elle tourne le projecteur vers les meilleurs amis et colocataires de ces derniers, Marjorie et Jean-Philippe, personnages secondaires dans son premier roman.

« Je trouvais que j’avais bouclé la bouche avec Sara et Sébastien, mais j’aimais l’idée de suivre leur évolution sans que l’histoire les concerne directement, eux. Je trouvais ça le fun d’explorer la relation entre Marjorie et Jean-Philippe », résume-t-elle.

Les malchanceux de l’amour

On suit l’histoire du point de vue de Marjorie, qui se retrouve seule, tout comme Jean-Philippe, alors que leurs colocs sont partis sur la route. Les deux ont développé une belle amitié et partagent une complicité évidente. Ils sont aussi deux malchanceux en amour, abonnés aux histoires qui finissent en queue de poisson et aux dates ratées, des anecdotes qu’ils se racontent en riant souvent jaune. Seraient-ils finalement faits l’un pour l’autre ? Ou une autre voie s’offrira à eux ?

Si Mme Laurin dit avoir aimé écrire l’histoire de Sara, « une histoire d’amour de secondaire qui se concrétise, le genre d’histoire que j’aurais aimé vivre », elle croit que le personnage de Marjorie, avec son parcours semé d’embûches, lui ressemble un peu plus.

Marjorie ne l’a pas facile, en amour, mais aussi dans ses projets d’études. C’est représentatif de ce que beaucoup de filles et de gars vivent à l’adolescence et au début de la vingtaine.

Sophie Laurin

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Dans ce deuxième effort, Sophie Laurin s’attarde à deux personnages secondaires de son premier roman, Marjorie et Jean-Philippe.

Si les lecteurs conquis par la lecture d’En route vers nowhere retrouveront son humour contagieux et une certaine légèreté dans le ton, l’autrice croit que ce roman offre un peu plus de profondeur, alors que Marjorie, qui termine son baccalauréat en arts visuels, se pose beaucoup de questions sur ses choix en amour et ce qui l’attend dans la vie. Elle plonge alors dans ses souvenirs, faisant l’inventaire de ses échecs amoureux de jeunesse, avec sa propension à jeter son dévolu sur des gars qui ne s’intéressent pas toujours à elle, ou qui ne sont tout simplement pas faits pour elle.

« Cette fois, il n’y a pas de voyage ou de road trip, mais on pourrait dire de façon un peu quétaine que c’est un voyage au cœur des émotions de Marjorie ! », lance Sophie Laurin.

Et ce voyage, qui est loin d’être en ligne droite, même s’il semble parfois ne mener que vers des culs-de-sac, est ce qui permettra à Marjorie de finalement trouver sa voie à travers toutes ces fausses routes qu’elle a empruntées.

Fausses routes

Fausses routes

Hurtubise

296 pages