Pour la première de cinq journées d'activités et concerts présentés gratuitement au Village des Nuits d'Afrique, sur le Parterre du Quartier des spectacles, le plat principal sera chilien. Regroupés sous la bannière Chico Trujillo, dix bardes ont mijoté une fiesta de cumbia, reggae, ska, punk rock, hip-hop, samba, folk «hippie» et autres jalapeños.

Qu'on ne s'y trompe pas, Chico Trujillo n'est pas le leader de la formation.

«Hey, Chico! Chez nous, on interpelle souvent un homme par le prénom Chico. Quant à Trujillo, c'est un nom de famille très courant au Chili», explique Sebastián, dit Zorrita, Cabezas, trompettiste de ce groupe se consacrant au bon plaisir de monsieur et madame Tout-le-Monde.

Chico Trujillo, donc, c'est Jos Bleau de Valparaíso, Concepción ou Santiago de Chile. À chaque rendez-vous donné par le groupe, le commun des mortels est invité à chanter, se trémousser, lâcher la pression. La fête à Jos Bleau, sauce Chili!

Originaire de la région de Valparaíso, le groupe est maintenant basé à Santiago, capitale du pays, d'où il rayonne sur la région entière et plus encore. De septembre à mars, soit la saison chaude dans l'hémisphère austral, Chico Trujillo travaille au Chili et dans les pays avoisinants.

Depuis 2001, Chico Trujillo a enregistré sept albums, dont le récent Reina de Todas Las Fiestas, lancé à la fin de l'année dernière.

Chants festifs, claviers psychotroniques, saxophones, trombone, trompette, guitare, basse, charango, cuatro, batterie, percussions afro-latines, tous au service de cette cumbia chilienne à laquelle on a ajouté divers ingrédients.

«Tout naturellement, nous avons mélangé les musiques que nous aimions. Nous avons entrepris de faire de la cumbia, mais chacun d'entre nous provient de différents styles, dont le ska, le reggae, le punk rock ou même le folk andin. Il faut dire, par ailleurs, que la cumbia est jouée partout en Amérique hispanophone et que chaque région y ajoute sa touche spéciale. Par exemple, on joue la cumbia avec plus de claviers en Argentine.»

Force est de déduire que la cumbia de Chico Trujillo est composite et témoigne de la multiplication des genres musicaux au Chili.

«Depuis le retour de la démocratie dans les années 90, souligne notre interviewé, la culture et la musique se sont beaucoup diversifiées. Le processus est lent, il faut dire, car les gens doivent se réapproprier l'espace public et manifester de nouveau leur joie de vivre sans avoir peur. J'estime que nous ne sommes pas encore dans la démocratie totale, mais c'est déjà beaucoup mieux que ça ne l'était à la fin des années 80. Vous savez, il reste encore des traces de la dictature. Dans la société comme dans l'appareil d'État, il se trouve des gens influents qui furent très à l'aise durant le règne de Pinochet. Ainsi, nous sommes en train d'apprendre à vivre en démocratie.»

Dans cette optique, Sebastián Cabezas croit en l'engagement des artistes pour mener à bien cet apprentissage.

«Nous ne manipulons pas de grands concepts philosophiques, mais nous relatons et commentons dans nos chansons ce qui se passe dans la rue, dans les maisons, dans la vie courante. C'est pourquoi nous avons le sentiment de prendre part à la vie sociale et d'en améliorer la qualité.»

Bien que cette vie soit meilleure qu'avant, elle est encore difficile pour la majorité des Chiliens.

«Dans notre pays comme dans le reste de l'Amérique latine, les gens travaillent dur et ne gagnent pas de grosses sommes. Ils doivent donc trouver un exutoire à leurs difficultés et notre musique en est un. Pour le rire, le chant, la danse, la fête.»

Sur la scène Loto-Québec du Parterre du Quartier des spectacles, mercredi soir, 21h30. Précédé de Dakka (15h50), Yamoussa Kora & Thousand Colours (17h15), Bombolessé (18h40) et La Rue Kétanou (20h05)