La formule du cabaret acrobatique - où les numéros se succèdent dans un ordre relativement aléatoire - est à la fois une valeur sûre et un énorme piège. Quand la mayonnaise prend, ces soirées-là peuvent être extrêmement festives. Quand elles tombent à plat, ce qui arrive malheureusement, elles peuvent être lourdes et longues.

Dans le genre, les Australiens ont plutôt bien fait. On pense à l'excellent cabaret La soirée (anciennement connu sous le nom de La clique) de Brett Haylock, qui avait fait trembler les murs du Théâtre national en 2012 (rappelez-vous le chanteur baryton Gâteau au chocolat!) et même plus récemment le cabaret Empire de Ross Mollison, qui avait fait bonne figure il y a deux ans dans une spiegeltent (chapiteau en bois) plantée à l'angle des rues de Bleury et René-Lévesque.

Cette fois, c'est le metteur en scène australien Scott Maidment qui nous arrive du pays des kangourous avec un trio de musiciens doués et sept interprètes charismatiques. L'homme derrière la compagnie Strut & Fret avait habilement mis en scène le spectacle de hip-hop acrobatique Tom Tom Crew en 2011. Avec Limbo, le résultat est plus mitigé.

Dès le départ, Limbo peine à décoller. Est-ce la foule endormie (ou encore trop à jeun!) qui a fait office d'éteignoir? Ou l'absence d'animation - la plupart des cabarets du genre sont animés par d'excentriques MC - qui a plongé ce cabaret dans un brouillard opaque? 

En tout cas, les premiers numéros (à la limite banals), accompagnés d'étranges bruitages, ont reçu un accueil plutôt froid.

Heureusement (pour eux et pour nous), la musique s'est révélée être le poumon de cette production plutôt mince en contenu acrobatique et plutôt sage pour un cabaret «enflammé» destiné à un public averti. Mick Stuart et Eamon McNelis (qui joue d'un énorme tuba-contrebasse appelé sousaphone) rythment ce cabaret du début à la fin avec fougue et virtuosité. Mais ce bel enrobage ne fait qu'accentuer le trop peu de Limbo.

Enfin l'étincelle!

Oui, le numéro de claquettes est bien. Celui du mât chinois, exécuté avec une douceur aérienne, aussi. Mais, il a fallu attendre la 50e minute de jeu (comme on dit dans le jargon sportif) pour qu'enfin apparaisse une étincelle. Une bougie d'allumage incarnée par une avaleuse de sabres, qui a aussi avalé une épée laser et des torches de feu ! Enfin un peu de folie dans les limbes!

La suite a permis à la troupe de garder le feu allumé: un numéro aérien sur des mâts flexibles - où trois interprètes se balancent dans tous les sens dont une (notre fabuleuse avaleuse) juste au-dessus de la foule! Un numéro qui a d'ailleurs inspiré Madonna - dont le spectacle Rebel Heart a été mis en scène par ce même Scott Maidment. C'est durant ce segment que Limbo a été à la hauteur de nos attentes (élevées).

Le numéro de main à main - exécuté à la perfection par Charlotte O'Sullivan et Nicolas Jelmoni, deux finissants de l'École nationale de cirque de Montréal - a mis un point final à ce Limbo qui manquait de chair et de mordant. Un spectacle qui gagnerait à être animé et étoffé. Avec plus de folie aussi, parce qu'être pris dans les limbes sans délirer, ça peut être long.

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Limbo. Cabaret acrobatique mis en scène par Scott Maidment. Au cabaret du Casino de Montréal jusqu'au 15 juillet.

Photo fournies par Loto-Québec

Malgré quelques bons numéros, le cabaret acrobatique australien Limbo gagnerait à être animé et étoffé.