Il y a des spectacles qui ne pourraient être présentés autrement que dans des festivals. C'est certainement le cas de Pugilatus, petite forme clownesque sans prétention défendue par deux acteurs barcelonais au physique contrastant. En l'occurence un grand et un petit.

Ils pourraient être Laurel et Hardy, mais ils s'appellent simplement Luca et Robi. Leur univers onirique n'est pas complètement limpide, mais on assiste tout de même à du théâtre physique de qualité. On s'éloigne ici du cirque, même s'il s'agit bel et bien d'une performance, aussi étrange soit-elle.

Le spectacle s'ouvre sur une scène de deuil. Robi est étendu dans ce qui pourrait être un cercueil. Son ami se lamente, se rappelle des souvenirs heureux, et puis subtilement, les personnages inversent les rôles. Comique. Robi se lève, Luca s'étend. Morts tous les deux donc, sachez-le, Pugilatus se passe dans l'au-delà.

C'est aussi là que la fête commence. Robi offre du prosciuto au public et les deux hommes se mettent à danser comme des diables sur la pièce Life is Life... On découvre la relation priviligiée des deux hommes. Essentiellement celle d'un boxeur et de son entraîneur, mais aussi celle de deux amis et même d'un fils et sa mère... 

Dans une scène-clé, les deux hommes s'offrent des objets et des bijoux, au nom de cette amitié. Ils vont même jusqu'à se donner leurs vêtements. Le grand se trouve dans des vêtements trop petits; le petit dans des vêtements trop grands. Avec un peu de maquillage, on assiste à la naissance de deux clowns complices. Qui s'aiment en même temps qu'ils se détestent. Comme des frères. 

Il y a bien quelques idées porteuses dans Pugilatus, mais on s'éparpille un peu dans l'univers abstrait de Jordi Aspa Tricas et de Pero Steiner. On a clairement affaire à deux acteurs de talent, mais à un scénario échevelé qui s'empêtre parfois dans sa poésie. N'empêche, on ressort attendri par le combat des deux hommes pour la survie de leur amitié.

À l'Espace libre jusqu'à mardi.