Il y a trois ans, le Néerlandais Ronald Brautigam avait enchanté les spectateurs du Festival de Lanaudière à l'occasion d'une première visite en donnant un récital Chopin sur un authentique piano Pleyel de 1848. Cette fois, ce spécialiste des instruments d'époque s'attarde chez nous pour trois concerts avec des musiciens d'ici, dont les Violons du Roy, dans des oeuvres de Beethoven, Mozart, Haydn, Mendelssohn et Schumann.

Q: Jouerez-vous cette fois encore sur le Pleyel 1848?

R: Malheureusement non, car le Pleyel a subi un petit accident et il a besoin de réparations. Il était déjà prévu que je joue la moitié des programmes - soit la musique de chambre - sur un piano moderne. La partie récital, qui devait être jouée sur le Pleyel, sera aussi jouée sur un piano moderne. Pour moi, ce n'est pas vraiment un problème, car j'aime jouer des deux types d'instruments [ndlr: le 22 juillet, M. Brautigam jouera comme prévu la partie récital sur une copie moderne de R.J. Regier d'un pianoforte (1785-1795) d'Anton Walter].

Q: Vous aimez aussi le piano moderne, mais vous êtes spécialisé dans les enregistrements sur pianoforte. En 2004, vous avez entrepris l'enregistrement de l'intégrale des sonates de Beethoven sur pianoforte avec l'étiquette BIS, qui doit comprendre 17 CD au total. Où en êtes-vous avez ce projet?

R: Il ne reste plus que trois disques à terminer. L'intégrale devrait donc être complète l'an prochain. Normalement, ce projet n'aurait pas dû prendre dix ans, mais, il y a trois ans, nous avons commencé à enregistrer tous les concertos de Mozart, aussi au pianoforte. C'est ce qui a ralenti la progression de l'intégrale Beethoven.

Q: Dix années passées à travailler et à enregistrer ces sonates représentent un travail colossal. Qu'avez-vous appris de cette expérience?

R: La première chose que j'ai apprise, c'est que j'ai envie de les refaire toutes encore une fois! C'est le problème avec les enregistrements: ils ne captent qu'un moment dans votre développement et, un an plus tard, vous avez de nouvelles idées, vous avez appris de nouvelles choses et vous referiez tout différemment. En musique, rien n'est jamais définitif. Mais la vraie raison pour laquelle je recommencerais, c'est sans doute parce que j'adore enregistrer; c'est donc par pur plaisir égoïste!

Q: Dans quel projet prévoyez-vous vous lancer une fois que cette intégrale sera terminée?

R: Aujourd'hui, l'industrie du disque est chancelante, alors on ne peut jamais être certain... Mais, dans un monde idéal, j'aimerais enregistrer toute l'oeuvre pour piano de Mendelssohn et de Schumann sur pianoforte. Je trouve que le pianoforte ajoute une autre dimension à la musique, sans compter qu'il y a déjà une grande quantité d'enregistrements des oeuvres de ces deux compositeurs avec piano moderne sur le marché. Avec un instrument d'époque, je peux les aborder avec un regard neuf.

Q: Quelles sont vos sources d'inspiration en dehors de la musique?

R: La nature. Ma femme vient d'Écosse et, deux fois par an, nous allons passer du temps dans les Highlands, dans un petit chalet au milieu de nulle part. Pour une personne comme moi qui habite au milieu d'Amsterdam, c'est important de fuir la ville pour recharger ses batteries. Beethoven aimait beaucoup faire de longues promenades dans la campagne autour de Vienne. C'est la meilleure façon de trouver de l'inspiration. Cela n'ouvre pas seulement vos poumons, mais aussi votre esprit.

> Ronald Brautigam et quatre virtuoses des vents (Mathieu Lussier, Louis-Philippe Marsolais, Kathryn Montaya, Martin Carpentier), le 22 juillet, 20h, à l'église de Sainte-Mélanie.

> Ronald Brautigam et trois virtuoses des cordes (Olivier Thouin, Yukari Cousineau, Sylvain Murray), le 23 juillet, 20h, à l'église de Saint-Alexis de Montcalm.

> Ronald Brautigam et Les Violons du Roy, le 27 juillet, 20h, à l'amphithéâtre Fernand-Lindsay.