Le trio montréalais du pianiste Felix Stüssi, qu'il forme avec le batteur Pierre Tanguay et le contrebassiste Daniel Lessard, lesdits Malcommodes, était renforcé mercredi à l'Astral, soit par cinq trouble-fêtes de choix : la chanteuse Sonia Johnson, le trompettiste Jacques Kuba Séguin, les saxphonistes (multi souffleurs) André Leroux et Jean Derome, et le tromboniste, ami et grand maître américain Ray Anderson.

Un album en témoignant déjà sous l'étiquette Effendi depuis le début 2017, les Malcommodes conviaient de nouveau au festin ces incontournables du jazz québécois, majorité de vétérans ayant marqué à leur façon ce style universel. Et, si ce n'était pas le cas, un jazzman de la trempe de Ray Anderson ne fréquenterait certainement pas ces Malcommodes québécois comme il le fait sporadiquement depuis quelques années.

Tout ce beau monde a amorcé le programme en émettant collectivement des thèmes cohésifs, entre lesquels l'improvisation libre était de mise. 

Ordre, désordre, ordre en hommage à Paul Bley, puis Sonia Johnson a donné le ton avec force et conviction : mélodies et harmonies avec rimes francophones (un tantinet laborieuses, stylistiquement parlant) dont l'objet était d'évoquer l'hôte Stüssi, suivies d'un texte de réconciliation relatif aux événements tragiques de l'université de Garissa, au Kenya, survenus en 2015, lorsque des étudiants furent assassinés par un groupe djihadiste somalien.

Sur une note plus gaie, on eut droit à une évocation de l'acteur comique Buster Keaton, enchaînée d'un texte anglais, cette fois à la mémoire du contrebassiste Skip Bey. Et ainsi de suite...

Les formes au programme résumaient bien le jazz acoustique de notre temps, enfin celui des dernières décennies. Bel esprit de corps, belle cohésion, belles expressions individuelles, solides ancrages dans la tradition, séquences de liberté, tonalité et atonalité...

Amenez-en des Malcommodes comme ceux-là!