Que s'est-il passé au royaume de Dianne Reeves?

Vendredi soir au Théâtre Maisonneuve, le standard Summertime fut d'abord le prétexte d'un swing instrumental propice au jeu d'une guitare à cordes de nylon, gracieuseté de Romero Lubambo, et aux sparages exceptionnels du pianiste Geoff Keezer. La chanteuse de jazz a fait ensuite son entrée. Impossible de perdre l'attention ! Impériale, la Dianne. Coiffure afro, lèvres rouge vif, vêtements chic et amples.

«Tonight is my night», annonce-t-elle avec un sourire conquérant. On a intérêt à la croire!

Elle a ensuite entonné une version jazzy soul de Dreams, grand classique pop des années 70. Extensions harmoniques, complexification rythmique et impros vocales transforment considérablement le tube de Fleetwood  Mack. Elle enchaîne une version survitaminée et, somme toute très soul, de la ballade Stormy Weather, écrite en 1933 par Harold Arlen et Ted Koehler. Elle choisit ensuite de transmuter In Your Eyes de Peter Gabriel.

Sur une envolée cubaine, elle improvise des rimes assorties de puissantes vocalises et fait culminer le tout dans un hommage à la diva Celia Cruz. Ovation dans la salle. On a ensuite droit à une longue improvisation vocale sur une bossa-nova interprétée en tandem avec son guitariste brésilien. Quelques souvenirs de caïpirinhas, sirotés à Rio avec son très doué sideman, sont évoqués au passage.

Une heure et demie plus tard, on se dit que Madame Revives fait toujours bien les choses, qu'elle fait ce qu'elle veut avec un organe vocal clairement supérieur (quel registre!), mais qu'il eut été préférable de bâtir cette nouvelle tournée en s'inspirant du son très réussi de son dernier et très bel album, Beautiful Life, dont plusieurs extraits figuraient néanmoins au programme. Même avec des musiciens aussi talentueux, la réduction des arrangements nous ramenait à la Dianne Reeves qu'on a connue. Ce qui n'est pas rien.