Depuis son explosion sur la scène internationale en 1970, le groupe Chicago n'a jamais cessé de tourner. «Chaque époque a ses classiques», nous dira le saxophoniste Walter Parazaider, qui a eu cette idée d'habiller le rock avec des cuivres...

Réglons d'entrée de jeu cette question qui en tracasse sans doute plus d'un: parmi les groupes américains baptisés du nom d'une ville, Chicago est le plus ancien et, avec le critère d'«activité ininterrompue», les fils chéris de la capitale du Midwest se retrouvent loin devant les Cincinnati, Orleans, Memphis et autres Boston.

Dans sa 46eannée d'existence, Chicago s'amène samedi prochain à l'Espace Montmorency de Laval, où les Black Keys et quatre autres groupes auront lancé la veille la programmation extérieure du 9e Mondial Loto-Québec. La soirée «nostalgie» de samedi s'ouvrira avec Creedence Clearwater Revisited, relancé en 1995 par le batteur Doug Clifford et Stu Cook, bassiste original de Creedence Clearwater Revival, inoubliables interprètes de Proud Mary.

Chicago, de son côté, nous revient avec quatre - la moitié, ce n'est pas rien - des membres fondateurs de ce groupe qui s'est d'abord appelé The Big Thing (1967) puis Chicago Transit Authority avant de devenir simplement Chicago. Au nombre des «Original Four», le saxophoniste Walter Parazaider à qui La Presse a demandé le secret de cette longévité que seuls ont atteinte les Rolling Stones (50 ans) et quelques autres. «Malgré ses grands succès sur disque [ndlr: 120 millions d'exemplaires], Chicago a toujours été un band de tournée», nous dira M. Parazaider, 68 ans, né à Chicago dans une famille de gitans de Croatie. «Tous les deux ans, depuis le début, nous prenons la route pour aller jouer notre musique dans les villes américaines et canadiennes. Nous aimons beaucoup Montréal, vous savez...

- Pour quelle raison particulière?

- Dans les années 70, pendant la guerre du Viêtnam, nombre de nos proches avaient fui les États-Unis pour échapper au service militaire - nous respections ce choix - et plusieurs s'étaient installés à Montréal, une ville très accueillante.

- À ses débuts, Chicago affichait une forte conscience politique, n'est-ce pas?

- Certains membres du temps, comme Robert Lamm, en effet... Nous avions enregistré une de ses chansons intitulée It'd Better End Soon, en référence à cette guerre. Après, nous avons toutefois décidé d'oublier le côté politique parce que nous pensions que les gens venaient à nos spectacles pour se libérer des aléas du quotidien.

Sur ce même album, Chicago, le premier du nom (1970), apparaissent les plus grands succès du groupe: Make Me Smile, Where Do We Go From Here?, 25 or 6 to 4 et Colour My World, grand slow (mais court à 2:58) où Walt Parazaider joue l'un des solos de flûte traversière les plus connus de l'ère moderne.

Certains iront à l'Espace Montmorency pour ces hits, d'autres pour Hard to Say I'm Sorry ou Will You Still Love Me?. Les baby-boomers sont-ils les champions historiques de la nostalgie? M. Parazaider ne le croit pas: «Tout le monde reste attaché à la musique de sa jeunesse, mais chaque époque a ses classiques. Il y a eu Scott Joplin et son ragtime, puis les big bands sont arrivés. James Brown a révolutionné le rhythm'n'blues en ajoutant des cuivres et, à notre tour, nous avons tenté d'intégrer les horns dans les musiques rock, comme les Beatles l'avaient fait avec Got to Get You Into My Life. Ce que nous avons assez bien réussi, je crois...»

Chicago pourrait jouer ses hits pendant 90 minutes, ramasser le magot et bonsoir, merci! En vrais musiciens qu'ils sont, ils adoptent toutefois une approche différente: «Nous jouons nos succès parce nous les aimons autant que nos fans. Mais nous incorporons aussi à nos programmes des pièces moins connues ou des morceaux qui risquent de surprendre. Le but est de rendre les gens heureux quand ils sont avec nous...»

Chicago et Creedence Clearwater Revisited au Mondial Loto-Québec de Laval, le samedi 6 juillet. Info: mlql.ca