Dans le combiné, la petite voix craquante est celle d'une jeune femme qui aura 18 ans à la fin d'août. Malgré la douceur de sa voix, Mallu Magalhães est une artiste sûre de ses moyens. Mardi prochain, elle se présentera seule sur une scène de Montréal, à 14 heures d'avion de São Paulo où elle vit.

«J'ai commencé à chanter seule, ça me donnait pas mal de liberté pour changer la musique de temps en temps, modifier la mélodie. Avec un groupe, on ne peut prendre autant de libertés», explique Mallu.

Au Brésil, les deux premiers albums qu'elle a elle-même créés ne sont pas ceux d'une banale kid star dont raffole l'industrie de la musique, et qui s'éteignent aussi vite qu'on les a accrochées au ciel. Mallu Magalhães est beaucoup plus qu'une jeune que le succès instantané sur MySpace a propulsée dans la pop culture du Brésil, c'est-à-dire plus de quatre millions de visites avant la sortie de son premier album.

Surenchère médiatique parmi tant d'autres? L'avenir nous le dira mais... Parions sur l'avenir brillant de cette Paulista. Souvenez-vous de cet été de 2010 où elle se sera présentée modestement aux Nuits d'Afrique avec sa guitare et son ukulele. Parions que ç'aura été le début d'une relation intense et durable.

Laissons le soin à la petite voix craquante de nous raconter son histoire.

«Pour l'anniversaire de mes 15 ans, très important pour les adolescentes brésiliennes, j'ai demandé à mes parents et amis de m'offrir de l'argent plutôt que des cadeaux. Avec cet argent, je suis allée en studio. J'y ai enregistré quatre chansons et les ai mises sur ma page MySpace. Au bout de quelques semaines, on a commencé à m'inviter à donner des concerts. Les médias m'ont interviewée. Ça s'est passé très rapidement.»

Indépendance d'esprit

Ainsi, les premières chansons de Mallu, fille d'un ingénieur et d'une horticultrice, ont fait le tour de la planète Web. Ce qui n'a en rien altéré sa démarche d'auteure-compositrice-interprète, que d'aucuns jugent exceptionnelle. Moins de trois ans après avoir reçu son cadeau d'anniversaire, elle a créé deux albums. Le second, sous étiquette Sony-BMG, a été réalisé par Alexandre Kassin, un des plus réputés musiciens de la nouvelle scène brésilienne. C'est d'ailleurs lui qui nous l'a chaudement recommandée lors d'un voyage récent au Brésil. Kassin ne tarissait pas d'éloges: surdouée musicalement, très forte en design et en horticulture, très spéciale. De surcroît, indépendante d'esprit.

«Pour mon premier album, relate-t-elle, je n'ai accepté d'offre d'aucune compagnie de disques, de manière à rester indépendante. J'ai fait mon premier album de manière indépendante. Pour le deuxième, j'ai accepté l'offre de Sony-BMG parce qu'on me donnait l'entière liberté artistique.»

Avis aux amateurs de musica popular brasileira: de facture indie, comportant des éléments de country, bluegrass, rock, folk, ainsi qu'un ton très dylanesque, les deux premiers albums de Mallu Magalhães sont chantés surtout en anglais. Le second présente quelques textes en portugais. Vraiment brésilien?

«Mes deux premiers albums ne le sont pas tant que ça, convient la principale intéressée. Maintenant, je me sens beaucoup plus brésilienne. Musicalement, en tout cas. Il faut dire que j'ai étudié davantage cette musique après avoir terminé mon premier album. J'ai commencé à créer des sambas, par exemple. Alors qu'au départ, des artistes comme Bob Dylan ou Johnny Cash m'influençaient davantage.

«Aujourd'hui, j'écoute Billie Holiday, mais aussi Nara Leão, Chico Buarque, Vincius de Moraes, Tom Jobim, etc. Je prends ma culture beaucoup plus au sérieux. D'ailleurs, je compte combiner le portugais et l'anglais pour les chansons de mon prochain album.»

Mallu Magalhães est une vieille âme. Elle a 17 ans et son petit copain en a presque le double. Marcelo Camelo, 32 ans, n'est pas n'importe quel petit copain. Parmi les artistes les plus prisés de la nouvelle génération d'auteurs-compositeurs brésiliens, ce Carioca fut le chanteur du très important groupe indie Los Hermanos avant de lancer sa carrière solo.

Sa jeune amoureuse en parle avec admiration, très conscience de l'impact d'un trentenaire sur l'adolescente qu'elle était lorsque la relation est née. Mais encore, elle parle de son homme avec l'autonomie qu'exigent les rapports égalitaires. «Je suis une personne différente depuis que je connais Marcelo. À le fréquenter, j'ai appris beaucoup sur la vie, sur l'intensité de mon art. Il m'a montré l'amour de la musique, à m'y donner corps et âme. J'ai découvert une partie de l'artiste qui ne s'était pas encore dévoilée en moi. Nous sommes très connectés, mais nos démarches demeurent différentes, distinctes.»

Mallu Magalhães, le mardi 20 juillet, 20h30, au Cabaret du Mile End. En première partie: Rommel Ribeiro.