Pourquoi encore parler de Raël, ce gourou clownesque qui exploite financièrement et sexuellement ses adeptes depuis 50 ans ?

Pourquoi consacrer autant d’attention médiatique à ce Capitaine Cosmos bas de gamme, qui encourage fortement ses disciples à méditer sensuellement, à se dénuder et à examiner leur anus avec un miroir ?

Pourquoi accorder du précieux temps d’écran à ce prophète autoproclamé qui affirme avoir soupé avec Moïse, Mahomet et Bouddha sur une planète merveilleuse peuplée de jolis petits écureuils à tête d’ourson ?

Je veux dire, la drogue est plus débilitante que dans les années 1970, mais il y a des limites à halluciner et à gober n’importe quelle niaiserie.

Claude Vorilhon, alias le messager Raël, clignote sur notre radar à extraterrestres parce que le géant Netflix lui consacre une minisérie de quatre épisodes, en ligne depuis jeudi. Son titre : Raël : le prophète des extraterrestres. Lieu de fabrication : la France, où notre Oralien à petit chignon a vu ses premières soucoupes volantes, entre deux chants incantatoires à la gloire des Élohims, les vrais créateurs de l’humanité, selon lui.

Ayant un doctorat ès Wikipédia en dérapages sectaires, merci aux pervers narcissiques nommés Keith Raniere, de NXIVM, et Luc Jouret, de l’Ordre du temple solaire, je n’ai rien appris de nouveau pendant ces quatre heures qui retracent le « parcours » de Claude Vorilhon, qui a d’abord été un pâle imitateur de Jacques Brel, puis un pilote de course automobile, avant de se recycler en journaliste, oui madame.

Mais ces différentes « carrières », qui ont toutes été des flops, c’était avant la fameuse rencontre du troisième type, qui a téléporté Sa Sainteté Star Trek sur une autre planète, qui a malheureusement été visitée par des dizaines de milliers de gens crédules et vulnérables.

En fait, le documentaire Les femmes de Raël, diffusé l’an dernier à Radio-Canada, nous éclaire davantage en une heure à propos de cette secte humiliante et dégradante que la minisérie complète de Netflix.

La première heure accorde une place démesurée aux fidèles de Raël qui croient encore à la construction d’une ambassade circulaire, avec piste d’atterrissage pour les soucoupes volantes, qui accueillera les Élohims à leur retour sur Terre. Une seule raëlienne québécoise, la guide-évêque Nicole Bertrand, témoigne à la caméra. Il s’agit en fait de la porte-parole du regroupement au Québec, ce que la série ne précise pas.

La série documentaire de Netflix interviewe également l’ancienne journaliste Brigitte McCann, qui a infiltré la secte de Valcourt en 2003 et qui a publié une série de reportages chocs dans Le Journal de Montréal. C’est grâce à son excellent travail, et à celui de la photographe Chantal Poirier, que les autorités québécoises ont placé ce charlatan dans leur ligne de mire, ce qui a entraîné son exil aux États-Unis. Merci pour ça.

Et merci à notre caricaturiste Serge Chapleau, qui a agrippé la couette du prophète à Tout le monde en parle, en septembre 2004. Les raëliens n’ont jamais digéré l’humiliation subie par leur leader costumé en Classel devant 2 179 000 téléspectateurs. On ne voit pas cette scène épique de crêpage de chignon dans la série documentaire, mais on aperçoit rapidement Raël dans le décor de l’émission de Guy A. Lepage.

D’ailleurs, les archives québécoises abondent dans la minisérie française sur Raël : Ad Lib, de Jean-Pierre Coalier, reportage de Paul Toutant et extraits d’émissions avec Paul Arcand, Pascale Nadeau et Pierre Maisonneuve, les dérives du prêtre barbu ont été bien documentées.

L’attention médiatique autour des raëliens a cependant explosé le 26 décembre 2002, quand la chimiste raëlienne Brigitte Boisselier a annoncé, en direct d’un Holiday Inn de Hollywood Beach, en Floride, que le premier bébé cloné était né. Où, quand, comment ? Aucune preuve de l’existence de cette fille n’a jamais été fournie, d’ailleurs. Bonjour la fumisterie.

Si Raël a l’air ridicule dans son accoutrement d’Halloween, Brigitte Boisselier est beaucoup plus terrifiante, je trouve, parce que c’est une scientifique qui s’exprime sur un ton tellement doux qu’elle nous hypnotise quasiment. L’équipe du documentaire l’a retrouvée au Mexique, où elle semble vivre dans un palace pas mal plus luxueux que UFOland, mettons.

Cette Brigitte Boisselier demeure l’apôtre la plus loyale du mouvement. Elle porte encore son médaillon et défend toutes les théories fumeuses de Raël, venues de l’espace. En voilà une qui a bu le Kool-Aid jusqu’à la lie.

Quant à notre gourou qui se dit le demi-frère de Jésus, ne l’oublions pas, il vit au Japon depuis 2007. Il a épousé une jeune femme qui parle à peine anglais. C’est peut-être mieux pour elle qu’elle ne comprenne pas ce qui sort de la bouche de son concubin, la chanceuse.

Dans son entrevue pour la minisérie, Raël ne révèle rien de fracassant. À 77 ans, il ressemble au Doc Mailloux et il a relancé sa secte, qui gagne en popularité, pouvez-vous le croire ?

Il est grand temps qu’on envoie Serge Chapleau au Japon pour lui secouer le pompon et l’envoyer, de nouveau, en punition.

Je lévite

Avec l’album SOS de SZA

PHOTO CHRIS PIZZELLO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

SZA au dernier gala des prix Grammy

Vous avez peut-être découvert cette auteure-compositrice-interprète de 34 ans au dernier gala des prix Grammy. Son album SOS, paru en décembre 2022, est excellent, si vous aimez le R&B pop et mélodieux. L’extrait Kill Bill est probablement son plus connu. Pour vous initier à l’univers de SZA, essayez aussi les chansons Snooze et Good Days, parfaites pour les soirées au chalet près du feu ou lors d’un souper de Saint-Valentin.

Je l’évite

La pub radiophonique de John Deere

PHOTO GLENN BLACKBURN, FOURNIE PAR JOHM DEERE

Un tracteur John Deere dans toute sa spendeur...

Quand elle démarre, souvent pendant l’émission de Paul Arcand, on pense qu’il s’agit d’une vraie toune de new country. « Le soleil se lève après moé. J’connais pas ça des p’tites journées », nous chante un cowboy de bar-salon, qui ajoute que travailler dur, ça ne lui fait pas peur, parce qu’il le fait pour lui et sa famille, c’est ça le bonheur. Et sur son tracteur John Deere, notre homme a toujours le sourire. Cette ritournelle publicitaire d’une minute, financée par un concessionnaire de Laval, nous rentre dans la tête pour ne plus jamais en sortir, et c’est cette efficacité qui est effrayante.