Si vous avez suivi avec ferveur les enquêtes tordues de Fortier il y a de cela 20 ans – on ne rajeunit pas, personne –, vous devez visionner le nouveau thriller policier Doute raisonnable de Radio-Canada, qui marche dans ce même sillon glauque et sombre.

C’est très bon. Il s’agit d’une série complexe et captivante, aux textes d’une précision chirurgicale. C’est le genre de télésérie intelligente, à la Unbelievable de Netflix, où un mot « échappé » en interrogatoire ou un détail qui « ressurgit » modifient complètement la perspective que nous avons de l’histoire. Les bons deviennent méchants, puis redeviennent bons, pour retourner dans le camp des méchants, jusqu’à ce que le Groupe d’intervention sur les crimes à caractère sexuel (GICCS) de la police de Montréal déterre de nouvelles infos. Le cycle repart et secoue le téléspectateur comme un pantin.

J’ai dévoré ce week-end les cinq premiers épisodes de Doute raisonnable, que l’Extra de Tou.TV déposera en ligne le jeudi 14 octobre. Les cinq autres débarqueront le 28 octobre, pour une diffusion à la télé traditionnelle la saison prochaine. Très hâte de m’attaquer à la deuxième et dernière portion de cette œuvre remuante.

Conseil de pro de la télé : Doute raisonnable se consomme mieux en rafale. Il y a énormément de détails importants dans les épisodes écrits par Danielle Dansereau (19-2) et produits par Fabienne Larouche et Michel Trudeau, d’Aetios. Attendre une semaine entre les émissions brouille nos souvenirs, et les revirements insérés à la fin de chacune des heures encouragent (énormément) le gavage télévisuel.

Oui, plusieurs scènes de viols ou d’agressions sauvages ponctuent cette production qui suit une escouade vouée à la résolution de crimes sexuels. Mais le réalisateur Claude Desrosiers (Fragile, Appelle-moi si tu meurs) n’a pas insisté inutilement sur l’aspect gore de Doute raisonnable, dont la facture visuelle reste sobre. Parfois, suggérer s’avère aussi efficace que de tout montrer.

Au centre de Doute raisonnable, la scénariste a vissé un personnage intrigant et enveloppé de plusieurs couches de mystère, soit Alice Martin Sommer (Julie Perreault), spécialiste des déviances sexuelles. Alice est une femme rigoureuse, perfectionniste et obsédée par ses enquêtes. Dans sa vie privée, c’est spécial, disons. Alice nourrit un passe-temps nocturne plutôt inusité et ses rapports avec les hommes n’ont pas l’air simples. On comprend que la relation avec sa mère dépressive (Julie Vincent) teinte encore les comportements d’Alice.

La nouvelle cellule où travaille Alice se compose presque exclusivement de femmes. Il y a la lieutenante Lucie Robert (Kathleen Fortin), qui traîne également un lourd passé, ainsi que les policières Abigaëlle (Nadia Essadiqi, alias La Bronze) et Jo (Charli Arcouette). Le seul homme de la brigade est joué par Marc-André Grondin. Il y incarne Frédéric Masson, un sergent-détective anticonformiste un peu loser qui n’a plus aucun allié dans le service de police.

PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Julie Perreault et Kathleen Fortin dans une scène avec Karelle Tremblay

Fred et Alice forment une paire efficace, complémentaire et attachante. Leur premier cas concerne une jeune prostituée de 19 ans, Simona (Karelle Tremblay), mère seule à la situation familiale épouvantable. Simona affirme avoir été violée, battue, puis abandonnée, complètement nue, sous un viaduc. Son témoignage renferme des trous. Volontaires ou non ? C’est flou. Simona ment et omet de révéler des éléments super importants. Faut-il continuer de la croire ?

La recherche de la vérité s’échelonne sur trois épisodes, qui nous font douter d’à peu près tout le monde. Un paquet de gens hétéroclites gravitent autour de la jeune escorte Simona, dont un philanthrope extrêmement riche (Stéphane Gagnon), sa femme oncologue (Ève Landry) et un voisin-proxénète violent (Benoît McGinnis).

À la fin du troisième épisode, vous risquez de sursauter quand l’escouade fermera l’investigation. Manquerait-il un bon bout de l’intrigue ? C’est normal. Le dossier de Simona rebondira en fin de parcours (épisodes 8 et 9), avec toutes les réponses aux questions.

La deuxième affaire de Doute raisonnable est glaçante. Un cycliste de compétition aurait subi un viol collectif pendant un rave en compagnie d’autres cégépiens. Encore ici, les versions diffèrent. Un bâton de hockey serait l’arme du crime. Il y a également de l’hypnose impliquée. Alice et Fred ont du boulot pas évident à accomplir. Et ils l’exécutent franchement bien.

Le retour du parler OD

Les gros verres en plastique remplis de Shaker Mixologie ont délié les langues à Occupation double, dimanche soir, dans tous les sens du terme. Entre deux bisous mouillés, nos célibataires enivrés ont déparlé comme à la belle époque de la Montagne coupée.

Commençons avec Kathleen, 30 ans, spécialiste du soutien aux ventes (c’est quoi, ça ?), qui a expliqué ses états d’amour – allô, Isabelle Boulay – à ses colocs. « Le fait que j’étais fatiguée m’a mis à fleur d’émotion, en plus », a confié celle qui préfère le « Rigolfaire » au golf traditionnel.

En bateau avec Pierre-Alexandre, Clodelle a rappelé que hisser des voiles, c’est très cardio. « Faut que tu y ailles pas à main morte », a dit la chanteuse et mannequin de 27 ans, avant que Pierre-Alexandre pousse son fabuleux jeu de mots à la Guy Mongrain.

« J’aime mon hamburger comme j’aime Clodelle. Avec maillot. » La pognez-vous ? LOL.

Étourdie par les divins nectars sortis d’une canette en aluminium, Jenny a fait une mise au point importante. « Alex, moi, j’ai une petite affaire qui me confus de la vie », a-t-elle glissé en rapprochant sa chaise Wayfair d’Alex Yelle, l’entraîneur de 24 ans.

Comme on dit à OD, c’est là que j’ai drop la conversation, parce que ça m’a turn off, pis j’ai switch à Tout le monde en parle.