Le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) propose une douzaine d'expositions temporaires en 2018-2019. Une sélection éclatée avec une première rétrospective consacrée au maître-orfèvre canadien Laurent Amiot, un déploiement de tableaux impressionnistes français, la première expo canadienne sur Paul Klee depuis 40 ans et une présentation multidisciplinaire du photographe Edward Burtynsky et des cinéastes Jennifer Baichwal et Nicholas de Pencier. Visite guidée.

L'espace d'un instant jusqu'au 16 septembre

L'espace d'un instant célèbre 50 ans de collectionnement de photographies par le Musée des beaux-arts du Canada, avec 150 photos choisies par la commissaire Ann Thomas. Le MBAC n'avait pas le droit d'acquérir des photos avant 1967. Ottawa ne voulait pas d'une troisième collection financée par le contribuable canadien, puisque l'Office national du film et les Archives canadiennes avaient déjà des collections de photographies. Cette année-là, le MBAC a obtenu le droit de créer une collection, pourvu que les photos ne soient pas canadiennes. La collection a donc été internationale d'abord, avec des photos des Français Charles Nègre, Gustave Le Gray et Henri Cartier-Bresson, des Britanniques William Henry Fox Talbot, Julia Margaret Cameron et Roger Fenton, ou encore des Américains Harold Edgerton, Lisette Model et Joel Sternfeld. Puis, la photo contemporaine a fait son entrée avec notamment Lynne Cohen, Isabelle Hayeur et Zhang Huan.

Laurent Amiot: maître-orfèvre canadien jusqu'au 23 septembre

Cette première rétrospective de Laurent Amiot (1764-1839), un artiste né à Québec qui a redéfini l'orfèvrerie en lui donnant le statut d'art, présente une centaine de pièces d'argenterie, des pièces commémoratives, des dessins rares, des portraits de mécènes et des vues de Québec de l'époque. Laurent Amiot avait fait son apprentissage professionnel à Paris entre 1782 et 1787. Il a défini par la suite un vocabulaire décoratif qui a influencé les orfèvres canadiens qui lui ont succédé. Un ouvrage du conservateur de l'art canadien ancien au MBAC, René Villeneuve, accompagne l'exposition.

Trésors impressionnistes. La collection Ordrupgaard du 18 mai au 9 septembre

Détenant la plus importante collection privée d'art français dans le nord de l'Europe, le musée Ordrupgaard, près de Copenhague, comprend un ensemble de chefs-d'oeuvre constitué au début du XXe siècle puis donné à l'État. Rendue possible à cause des travaux d'agrandissement du musée danois, fermé jusqu'en 2019, l'expo comprend 60 peintures de grands maîtres français, dont des oeuvres majeures telles qu'un exemplaire des Baigneuses de Cézanne, des paysages de Monet, un portrait de jeune femme de Gauguin, des tableaux de Corot, Sisley, Matisse, Renoir, Pissaro, Delacroix, Morisot, etc. Et 16 tableaux d'art danois, notamment de P.C. Skovgaard et de Vilhelm Hammershøi.

Les maîtres de la portraiture vénitienne du 8 juin au 16 septembre

Créée dans le cadre de la série Comprendre nos chefs-d'oeuvre, cette exposition part d'une oeuvre de la collection du MBAC, un buste de l'aristocrate italien Giulio Contarini réalisé vers 1573 en terre cuite par le sculpteur vénitien Alessandro Vittoria ‒ buste dont Giovanni Battista Tiepolo a tiré des dessins quelque 170 ans plus tard. L'expo évoque donc l'art du portrait par des artistes vénitiens de renom, avec douze oeuvres sur papier, trois sculptures et une peinture. Notamment un portrait du même Alessandro Vittoria réalisé vers 1570 par Véronèse.

Le port d'Halifax en 1918 du 12 octobre au 18 février 2019

Également dans le cadre de la série Comprendre nos chefs-d'oeuvre, cette exposition découle de la mission qu'avait confiée, en 1918, Lord Beaverbrook (l'homme politique puis homme d'affaires Max Aitken) aux peintres Harold Gilman (1876-1919) et Arthur Lismer (1885-1969) de représenter le port d'Halifax, avec l'intention de relier les peintures aux effets de l'explosion survenue dans la ville le 6 décembre 1917. Les deux peintres ont profité de l'occasion pour expérimenter leurs pratiques en peignant les parties les moins endommagées du port. Arthur Lismer a même fait de la prison à ce moment-là, car on trouvait suspect qu'il dessine dans le port d'Halifax en pleine Première Guerre mondiale...

Photo Lorraine Gilbert, fournie par ICP/MBAC

Façonner la nouvelle forêt (détail), 1990, Lorraine Gilbert. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Anthropocène du 19 octobre au 18 février 2019

Première grande exposition de l'Institut canadien de la photographie au musée, présentée simultanément avec le Musée des beaux-arts de l'Ontario, Anthropocène fera état de l'impact de l'activité humaine sur la croûte terrestre. Élément d'un projet collectif du photographe Edward Burtynsky et des réalisateurs Jennifer Baichwal et Nicholas de Pencier, l'exposition présentera de nouvelles impressions grand format de Burtynsky sur l'extraction minière et les changements climatiques, d'immenses murales décrivant l'empreinte humaine sur la Terre et des espaces dans lesquels on pourra s'immerger grâce à la réalité augmentée.

Oscar G. Rejlander, artiste photographe du 19 octobre au 3 février

Première rétrospective consacrée à Oscar G. Rejlander (1813-1875), souvent qualifié de «père de la photographie artistique», même si Gustave Le Gray pourrait prétendre à ce titre. Ce photographe britannique d'origine suédoise a procédé aux premiers montages photographiques, des photos combinées, constituées d'au moins deux négatifs. Le MBAC possède quelques exemplaires de ces photos pour lesquelles Oscar G. Rejlander a été tenu en haute estime de son vivant. Il a influencé le travail des photographes Julia Margaret Cameron et Lewis Carroll. L'expo, qui met en lumière le fruit de récents travaux de recherche, présente des photos empruntées à des collections européennes et d'Amérique du Nord. Elle sera ensuite présentée au J. Paul Getty Museum, à Los Angeles.

Paul Klee du 16 novembre au 17 mars 2019

Une première en près de 40 ans, le musée présente des oeuvres de Paul Klee (1879-1940) provenant de la collection Berggruen Klee du Metropolitan Museum of Art, la deuxième collection d'oeuvres du peintre et dessinateur moderniste suisse-allemand en importance dans le monde. L'expo présentera 75 dessins, aquarelles et huiles qui illustrent des aspects de sa carrière et de son monde intérieur.

Musée des beaux-arts du Canada, 380, promenade Sussex, Ottawa

Photo Joel Sternfeld, fournie par ICP/MBAC

Région des canyons, Californie, juin 1983, 1983, tirée en août 1987, Joel Sternfeld. Don d'Irwin Reichstein, Ottawa, 1996. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.