Une vingtaine de jeunes artistes internationaux, majoritairement américains, font l'objet d'une exposition cet été au centre Arsenal art contemporain, à Montréal. Une occasion de constater les tendances esthétiquement sages d'artistes de 25 à 38 ans qui ont conquis le collectionneur François Odermatt.

Ils sont 19. Treize sont américains, deux sud-africains et les quatre autres sont du Canada, de l'Angleterre, de la Belgique et de la Thaïlande. Tous vivent et travaillent à New York, Los Angeles ou Chicago. Ils font partie, selon François Odermatt, de la crème de la crème de la relève internationale en arts visuels.

Tous bénéficient d'une notoriété qui varie selon l'ancienneté, l'originalité et l'engouement aléatoire du marché. L'expo Next, montée dans un des grands hangars d'Arsenal, a donc de quoi titiller l'oeil. Les oeuvres ne reflètent pas l'étendue expressive de chacun, bien sûr, mais en donnent une idée. Si on se gardera de porter un jugement hâtif, on reste toutefois sur sa faim.

De Brie Ruais, Californienne de 32 ans, François Odermatt présente Perimeter with Crumpled Center, un exemplaire de ses sculptures en céramique pigmentée, créé en deux parties avec son poids en argile. Un cercle de céramique triturée et glacée est fixé au mur tandis que la deuxième partie, amorphe, est posée sur le sol. Pas de quoi crier au génie céramiste.



Plus intéressantes, les deux toiles rain paintings de Lucien Smith, un artiste de 25 ans. Une de ses toiles réalisées en projetant de la peinture avec un extincteur, donnant un effet de gouttes de pluie, s'est vendue 391 000$ en novembre dernier lors d'une vente aux enchères à Londres. Il suffisait d'y penser...

Curiosité également que son immense toile Untitled 2012. De loin, on pense à un déploiement de peintre en bâtiment. En fait, l'artiste californien a collé des moules à gâteaux bleu pétrole et blanc cassé qui contiennent... des tartes aux fruits. Une (vraie?) poudre à biscuits Graham cuite dépasse des moules de même que quelques framboises. Curiosité sans plus.

De Nate Lowman, autre artiste américain en croissance d'estime, connu pour avoir utilisé une photo de Nicole Brown Simpson dans une oeuvre, l'expo propose une toile colorée inspirée d'un tableau de Willem de Kooning sur Marilyn Monroe. Interprétation à la fois douce et triste.

Moins connu que les précédents, Joe Riehsen a bénéficié de quelques jours de résidence à l'Arsenal. La Presse a visité l'atelier temporaire de cet Américain qui travaille sur des toiles de grands formats, combinant des balayages de blanc pigmenté et des collages de peinture séchée préalablement sur des nappes de plastique. Les grandes huiles riches en contrastes et reliefs ont un aspect 3D étonnant.



Photo: fournie par l'Arsenal

Le collectionneur François Odermatt expose notamment des oeuvres de l'Américain Joe Riehsen.

Les toiles d'Isaac Brest, avec ses dizaines de bandes de ruban à masquer bleu placées côte à côte au dixième de millimètre près, donnent des volumes géométriques contigus de belle allure. Esthétiquement plaisantes, elles sont techniquement impressionnantes.

Le Thaïlandais Korakrit Arunanondchai est également présent avec une de ses toiles sur le thème du feu. Une toile de denim brûlée qui laisse entrevoir une photo de flammes. Bel effet mais moins fort que ses vidéos de personnages évoluant dans des espaces clos.

L'exposition présente aussi des oeuvres d'Harold Ancart, Hugh Scott-Douglas, Jack Greer, Gavin Kenyon, Wyatt Kahn, Dean Levin, Tony Lewis, Sam Moyer, Sebastian Black, Nick Darmstaedter, Elaine Cameron-Weir, Peter Sutherland et Catharine Ahearn.

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Next, à l'Arsenal, 2020, rue William. Jusqu'au 7septembre.

Photo: fournie par l'Arsenal

Le collectionneur François Odermatt expose notamment des oeuvres de la Sud-Africaine Catharine Ahearn.