L'ancêtre des appareils de photographie, un daguerréotype d'origine, portant la très rare signature de son inventeur, le Français Jacques Daguerre (1787-1851), et daté de 1839, sera vendu aux enchères à Vienne le 29 mai à un prix susceptible de devenir un nouveau record du monde pour un appareil photo.

Le daguerréotype, dont il n'existe qu'une dizaine d'exemplaires au monde, tous dans des musées, a été présenté mardi à l'AFP par la Galerie Westlicht qui avait déjà procédé en 2007 à la vente d'une caméra du même type, mais sans la signature de Daguerre, pour la somme-record de 576 000 euros.

Le directeur de la galerie, Peter Coeln, a indiqué que l'appareil lui avait été «remis par une famille d'opticiens du nord de l'Allemagne, qui désire conserver l'anonymat». «L'actuel propriétaire l'avait reçu dans les années 70 en cadeau de la part de son père pour avoir obtenu son diplôme d'opticien», a-t-il précisé.

La caisse, en bois de pin, dans un bel état d'origine, comme l'objectif d'époque fabriqué dans l'atelier parisien des opticiens Vincent et Charles Chevalier, porte de manière parfaitement visible la signature de Daguerre et aussi le sceau en cire de l'atelier parisien de fabrication, celui d'Alphonse Giroux, son beau-frère. «Comme il ne porte pas de numéro de série, contrairement aux autres appareils répertoriés, mais les lettres «uv», il était vraisemblablement destiné à l'origine à un membre de la haute société du 19e siècle», a estimé Peter Coeln.

Les daguerréotypes Giroux portent tous une étiquette dans un cadre en or avertissant: «Aucun n'appareil n'est garanti s'il ne porte la signature de M. Daguerre et le cachet de M. Giroux». Le daguerréotype mis en vente à Vienne est accompagné d'une notice d'emploi, rédigée en allemand et éditée en 1839 par la maison d'édition Georg Gropius à Berlin.

Selon le galeriste, «c'est la première fois au monde qu'un daguerréotype portant la signature de Daguerre et fabriqué dans l'atelier Giroux sera proposé à la vente».

L'expertise de la caméra revient à l'un des experts les plus réputés dans le monde de la photographie, le Genevois Michel Auer.

Saluant l'influence française dans l'histoire du 6ème art, Peter Coeln espère que «cet appareil retourne en France, le pays où la photographie a été inventée».

Les autres daguerréotypes Daguerre-Giroux répertoriés se trouvent dans des musées: Musée Niepce à Châlon-sur-Saône (France), Albertina et Technikmuseum à Vienne, Deutsches Museum à Munich, George Eastman Museum à Rochester (États-Unis), Science Museum à Londres, Tokyo, Université d'Uppsala (Suède) et au Qatar.

Le daguerréotype vendu par la Galerie Westlicht en 2007 avait également été réalisé en 1839, dans l'atelier parisien Susse Frères, qui disposait, comme Giroux, d'un contrat avec Daguerre. Dans une caisse en bois de tilleul noirci, il est exposé aux côtés de la caméra de Giroux à la Galerie Westlicht jusqu'à la vente du 29 mai.

Mais les produits de Susse et Giroux, avec des temps d'exposition de près de 20 minutes, devinrent rapidement obsolètes. Dès 1840-41, soulignent l'expert Michel Auer et le galeriste Peter Coeln, des appareils plus performants furent mis sur le marché, notamment par Charles Chevalier.

Associé jusqu'a la mort de celui-ci à l'inventeur de la photographie, le Français Nicéphore Niepce (1765-1833), c'est Daguerre qui mit au point la camera obscura (chambre obscure), c'est-à-dire les procédés techniques permettant de développer et de fixer les photos, jusqu'à l'invention du daguerréotype produisant des images très précises sur métal. Une invention annonçant les applications décisives et très importantes survenues ensuite tant dans ce qui allait devenir le 6ème art que dans les sciences.