L'époque qui a vu naître le walkman et le Rubik's Cube semble appartenir à la préhistoire mais en Australie, une exposition redonne vie aux années 1980, rythmées par les chansons de Kylie Minogue, les drames familiaux de la série Dallas ou le Pacman.

Peter Cox, auteur de cette exposition empreinte de nostaglie, intitulée The 80s Are Back au Sydney's Powerhouse Museum, estime que la génération qui a grandi en regardant Dynasty, en jouant aux jeux d'arcade et en écoutant INXS et Wham! voue à ces années une tendresse particulière.

«C'était une époque plus simple, l'ère d'avant le numérique. Il n'y avait pas encore eu le 11 septembre, on était dans l'ombre de la guerre froide, avec une guerre nucléaire toujours possible, mais au moins on savait où était l'ennemi», a-t-il expliqué à l'AFP.

Depuis son ouverture en décembre, l'exposition, consacrée en priorité à l'héritage australien, a attiré des centaines de visiteurs, en quête d'excursions dans le temps, au son de Love Is A Battlefield de Pat Benatar ou de Push It de Salt'n Pepa.

Des tenues de scènes des chanteurs Boy George et Kylie Minogue sont exposées, ainsi que des jeans délavés, des combinaisons d'aérobic aux couleurs fluorescentes ou encore des vestes avec des coudières.

M. Cox explique avoir ainsi voulu réaliser une exposition sur la culture populaire - les séries télé, la musique, les vêtements, les films ou encore les jouets - de cette époque durant laquelle Ronald Reagan dirigeait l'Amérique et le virus du Sida venait d'être découvert.

«C'était aussi des années où la culture australienne rayonnait. En voile, Australia II a gagné la Coupe de l'America en 1983 et notre pays était sur le devant de la scène à l'extérieur», a-t-il rappelé.

Plus gros succès du cinéma australien de tous les temps, Crocodile Dundee était à l'affiche, les groupes INXS et Men at Work enflammaient les discothèques et le feuilleton australien Neighbours, qui révéla Kylie Minogue, faisait un tabac en Grande-Bretagne.

Pour M. Cox, le reflet de l'époque dans la culture n'était toutefois pas toujours conforme à la réalité.

Ainsi l'effervescence économique illustrée par le film Wall Street ou l'opulence qui se dégageait des séries comme Dallas ou Dynasty étaient selon lui un miroir aux alouettes.

«On a l'impression qu'on a caricaturé ces années, en une sorte de grosse fête, mais pour la plupart des gens, ce n'était pas du tout ça. Il y a eu des temps durs comme la récession de 1981-82», a-t-il rappelé.

Le chômage des jeunes était élevé, les marchés se sont effondrés en 1987 et en 1989 en Australie, les taux d'intérêt se sont envolés à 17 %.

«Dans les années 90, la décennie précédente a été en quelque sorte snobée, méprisée. Les gens ne voulaient pas assumer les excès des années 1980», remarque-t-il.

«Mais il est clair que depuis quelques temps, la nouvelle génération voit les choses autrement, et au contraire s'inspire de la mode vestimentaire et de la musique des années 1980. Il suffit de regarder comment les gens s'habillent dans la rue...»