Nos journalistes ont pris des nouvelles des sept artistes de la relève qu'ils suivent pendant un an. Ils nous racontent leur mois de mai.

XAVIER HUARD: rencontre sur le plateau de L'auberge du chien noir

Depuis quelques semaines, Xavier Huard tourne dans L'auberge du chien noir. Les amateurs du téléroman diffusé à Radio-Canada pourront le voir à l'oeuvre dès l'automne. Il a donné rendez-vous à La Presse sur le plateau de tournage, qui se trouve dans la grande tour de la télévision d'État. Xavier incarne Steve, un jeune écrivain qui vit à l'auberge: « Il écrit des romans d'horreur et se retrouve en résidence à l'auberge. Ça brasse un peu dans l'auberge à cause de son arrivée. »

Lors de notre visite, il tournait des scènes avec Brigitte Lafleur et Élizabeth Chouvalidzé. Cette dernière a plusieurs scènes avec le jeune acteur: « Il a beaucoup de talent ce gars-là. Je vous le dis! », dit-elle. 

Plusieurs des scènes de Xavier ont été tournées au bar de l'hôtel, un des lieux de rassemblement de l'Auberge du chien noir: « Mon personnage aime beaucoup le bar, il a un penchant alcoolo. C'est agréable de tourner ici, car ce sont souvent des scènes avec plusieurs personnages et figurants. » À propos de l'équipe, il n'a que de bons mots: « C'est vraiment une belle gang, les gens sont gentils, ils m'aident beaucoup à apprendre le métier. Puisqu'il s'agit seulement de ma deuxième expérience télé, il y a des aspects techniques que je ne maîtrise pas encore. Les acteurs m'aident, c'est vraiment agréable de travailler sur ce plateau. »

Son expérience n'est pas terminée, puisque le diplômé de l'École nationale de théâtre poursuivra le tournage des épisodes tout le mois d'août. 

- Véronique Lauzon

DANIEL CLARKE BOUCHARD: une virée québécoise

Le 10 mai, Daniel Clarke Bouchard a entrepris sa virée québécoise de concerts Scènes d'enfants à Rimouski, là même où il a remporté, en 2010, un prix lors de la finale provinciale du Concours de musique du Canada. « Ça a marqué ma carrière et je voulais vraiment y retourner. Le fleuve est très beau à Rimouski et les gens là-bas sont passionnés de musique », dit le pianiste qui a aujourd'hui 14 ans.

Clarke Bouchard n'avait qu'une crainte: « C'était le soir du septième match Canadien-Bruins et je me disais que tout le monde voudrait le regarder. Mais non, il y avait beaucoup de monde au concert et certains spectateurs ont même attendu que je leur signe une dédicace avant d'aller voir la fin du match. Moi aussi, j'avais hâte de voir ça. »

Sitôt de retour à Montréal, le pianiste a pris l'avion en direction de Chicoutimi à titre d'invité du Cercle de presse du Saguenay, le 14 mai. Il y retournera le 12 juin pour participer au Concert prestige du Festival de musique du Royaume.

Clarke Bouchard était également présent quand le maire Denis Coderre a fait de son ami et mentor Oliver Jones un citoyen d'honneur de Montréal, le 20 mai. Mais le « gros lot » pour lui a été son concert à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec, le 23 mai. « Cette fois, il n'y avait pas de match à la télé », dit-il en rigolant.

Ce soir, le pianiste donnera dans sa ville, Saint-Lambert - au 41, avenue Lorne -, un concert solo intitulé Objectif Lune dans le cadre du festival Classica. « Ça va ressembler en un peu plus long au concert Scènes d'enfants. Je veux en faire une sorte de récit », dit celui qui rêve toujours d'aller jouer du piano sur la Lune un de ces jours.

Lundi, enfin, Clarke Bouchard a rendez-vous avec Oliver Jones et ses deux musiciens à la Maison symphonique pour leur concert commun Un duo d'exception dans le cadre du Concours musical international de Montréal.

Avec tout ça, il lui reste encore à passer ses examens de fin d'année avant de se lancer dans un été qui promet d'être tout aussi occupé.

- Alain De Repentigny

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Daniel Clarke Bouchard

SARAH BOURDON: un duplex et Daniel Bélanger

Sa carrière a beau l'avoir tenue occupée pendant le mois de mai, c'est un événement personnel qui a dominé pour Sarah Bourdon. Une grande étape de vie: l'acquisition d'un duplex dans le quartier Rosemont avec son amoureux.

« Le garage est fini, alors je vais pouvoir me faire un studio de répétition », se réjouit Sarah Bourdon.

L'auteure-compositrice-interprète a appris une autre grande nouvelle professionnelle: elle assurera cet été la première partie de son modèle au Festival de la gibelotte de Sorel-Tracy. « Daniel Bélanger! », s'exclame-t-elle.

De quoi calmer les doutes - habituels - qui l'ont tarabustée pendant l'enregistrement de son album, lequel sortira à l'automne. La sempiternelle question sans réponse: « Est-ce que mon album va marcher » Oui, ses chansons marchent. On l'a vu il y a trois semaines lorsque Sarah a participé à la première de la série de mini-concerts gratuits donnés dans le Quartier des spectacles. Une série où différentes maisons de disques montréalaises avaient carte blanche pour mettre en vitrine l'émergence musicale.

Sarah Bourdon représentait Audiogram avec Jason Bajada et Philémon Cimon. Sous un soleil radieux, elle était très en voix et en grande complicité avec son ami et guitariste Gabriel Gratton.

« C'était la première fois que je faisais mes nouvelles chansons. Je voyais ça comme un laboratoire. C'était une autre confirmation que ça marche. C'est plus hop la vie et le fun à chanter que mes vieilles chansons », raconte-t-elle.

Sarah chante, danse et joue sur scène dans la pièce Les Troyennes, qui sera présentée six fois au théâtre La Chapelle pendant le festival Fringe. « Je suis dans le choeur de Troyennes qui sont autour de la reine. Nous attendons de connaître le sort que les Grecs nous réserveront », explique-t-elle.

Quand nous avons parlé à Sarah Bourdon, mercredi dernier, elle s'apprêtait à aller rejoindre son frère. Elle lui a confié la réalisation des photos de sa pochette d'album. « Une par chanson », précise-t-elle.

Quant à la page couverture, le titre de sa chanson Mouvement inspire beaucoup Sarah. « On m'a photographiée avec une longue exposition et deux flashs rapides. »

« Je me demande même si Mouvement ne sera pas le titre de mon album... »

- Émilie Côté

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Sarah Bourdon

JULIE TRUDEL: entre Banff, Bâle et Berlin

La veille de son départ du Centre des arts de Banff où elle venait de passer sept semaines, Julie Trudel était euphorique. Elle avait organisé une petite expo de son travail des dernières semaines. Il faisait tellement beau qu'amis et artistes, qui affluaient vers sa cabane, prolongeaient le plaisir en sirotant un verre de vin sur sa terrasse en s'émerveillant du retour du printemps.

Vingt-quatre heures plus tard, pendant que Trudel s'apprêtait à prendre la route pour Vancouver avec une amie qui avait conduit de Montréal, une tempête de neige s'est abattue sur ses espoirs printaniers. Trente centimètres de neige sont tombés sur la région, recouvrant leur road trip de neige, de brume, de brouillard et de verglas.

L'artiste a retrouvé le soleil et la chaleur à Vancouver. Elle avait été invitée à participer à une expo collective célébrant les 10 ans du prix Plaskett qu'elle a gagné cette année. Mais ce qu'elle a le plus apprécié, c'est le symposium organisé par l'Université des arts Emily Carr. Avec une poignée de professeurs et de lauréats, Trudel a été invitée à s'exprimer sur le thème de la peinture, sa position et sa place dans la culture.

« J'ai découvert que les artistes de la côte ouest canadienne avaient une approche très différente de la nôtre, raconte-t-elle. Pour eux, s'inscrire dans l'histoire de la peinture est important, mais pas autant que pour nous. Ce qui compte à leurs yeux, c'est le présent et comment la peinture réussit à l'exprimer. »

Rentrée à Montréal depuis peu, l'artiste prépare son départ pour Berlin le mois prochain. Elle a déjà loué un appartement et un atelier dans la capitale allemande. Mais avant, elle ira faire un tour à la plus grande foire d'art du monde, à Bâle, en Suisse. Comme elle le reconnaît elle-même, sa vie ces jours-ci n'est vraiment pas « plate ».

- Nathalie Petrowski

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Julie Trudel

ERIC MORIN: les doigts croisés

Eric Morin croise les doigts. Le cinéaste de Chasse au Godard d'Abbittibbi saura dans quelques semaines s'il a le feu vert pour le financement de son deuxième long métrage, Gold.

Rien n'est moins certain. Certains de nos plus grands cinéastes ont été renvoyés à leur table de travail - et à leurs scénarios - avant de pouvoir passer à la réalisation d'un film.

Morin, qu'il obtienne ou non le financement des organismes subventionnaires dès le « premier tour », compte retravailler son scénario. « Je veux le pousser plus loin, dit-il. Il peut toujours être meilleur. »

L'ancien musicien et réalisateur, qui compte à son actif des vidéos de Daniel Lanois et de Pierre Lapointe (sur lequel il a réalisé le documentaire Mutantès: Dans la tête de Pierre Lapointe), reste à l'affût de comédiens qui sont aussi des musiciens, pour la distribution de ce film qui s'articule autour d'un groupe de musique. « Le casting se poursuit, dit-il. C'est très important pour moi que les musiciens soient crédibles. »

Entre-temps, Morin travaille à plusieurs autres projets, chez lui, en Abitibi. Il va notamment réaliser des vignettes pour l'organisme Valorisation Abitibi-Témiscamingue. « On m'a commandé une oeuvre, une sorte de carte blanche cinématographique, dit-il. C'est assez idéal comme projet. »

Le cinéaste réalisera cinq tableaux, qu'il veut oniriques, métaphoriques et évocateurs de l'Abitibi. Une vignette a déjà été tournée et met en scène de jeunes Abitibiens qui, avec une grande bâche bleue étendue sur la neige, donnent l'impression de faire du surf. « Une autre idée est de tourner un film avec un danseur amérindien traditionnel, pour démontrer le clivage entre la culture profonde et la culture populaire. »

Morin a un autre projet en chantier, en collaboration avec des étudiants en multimédia de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue: une animation en 3D à partir d'images d'archives destinée au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.

Tout ça, bien sûr, en gardant les doigts croisés en prévision des réponses de la SODEC et de Téléfilm Canada en juin.

- Marc Cassivi

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE LA PRESSE

Eric Morin

KIM DESPATIS: la liste de Kim

Entre la fin des représentations des Liaisons dangereuses et le début sa prochaine pièce, Pour le meilleur, en juillet à Lavaltrie, la comédienne nous parle de ses choix culturels.

Télévision

« Je suis très curieuse. Je peux tout regarder. Et je dois vous avouer un vice: j'adore voir et revoir la série américaine Buffy the Vampire Slayer de Joss Whedon. Je ne sais pas pourquoi, mais, chaque fois que j'ai les blues, ça me console. Mais ces temps-ci, ce que j'attends avec impatience, c'est la sortie sur Netflix de la deuxième saison d'Orange Is the New Black [le 6 juin]. »

Musique

« Il y a un groupe de musique que je pourrais écouter en boucle, beau temps, mauvais temps: c'est le groupe canadien Metric. En 2011, lors de ma collation des grades de l'École nationale de théâtre du Canada, j'ai choisi une de leurs chansons Gimme Sympathy] pour gravir les marches du Monument-National et recevoir mon diplôme. Côté découvertes, je suggère fortement le groupe Syzzors. C'est un univers dans lequel on trouve plusieurs types d'influences, pour former un tout unique. L'avenir de ces jeunes musiciens montréalais est fort prometteur. »

Livres

« Je vais y aller avec une suggestion jeunesse. J'ai une nièce de 2 ans et je m'amuse à lui trouver des livres pour son plaisir autant que le mien... j'avoue. Je suis tombée sur la bédé Coeur de pierre et coeur d'artichaut de Séverine Gauthier et Jérémie Almanza [éditions Delcourt]. C'est l'histoire d'un petit garçon qui naît sans sentiments et d'une petite fille follement amoureuse de lui. Elle le suit partout et lui offre des morceaux de son coeur d'artichaut, qu'il laisse voler au gré du vent. Les dessins sont magnifiques. La poésie opposant joie de vivre et tristesse profonde fera craquer autant les enfants que les grands. »

- Luc Boulanger

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Kim Despatis

JIMMY GONZALEZ: après New York, la France!

L'aventure new-yorkaise de Jimmy Gonzalez a pris fin samedi dernier. Six mois après leurs débuts dans le cabaret acrobatique Queen of the Night, le jongleur montréalais et ses acolytes Erika Nguyen, Maude Parent et Kyle Driggs - recrutés par Les 7 doigts de la main - tournent la page.

« Ç'a été un long hiver, dit Jimmy Gonzalez en soupirant. Il commence à faire beau juste au moment où on s'apprête à partir. On a beaucoup appris durant notre séjour ici; maintenant, nous allons pouvoir nous consacrer aux projets de notre compagnie. »

Avant de quitter la Grosse Pomme, les quatre artistes de cirque ont été invités par les producteurs à voir le dîner-spectacle présenté à l'hôtel Paramount, mais en tant que spectateurs. Dès le lendemain, ils sont repartis en direction de Toulouse pour une résidence de création de 10 jours à la fabrique des arts du cirque La Grainerie.

« On va peaufiner notre spectacle Croisé avec Johanne Madore [metteure en scène] et intégrer un nouvel artiste, Joachim Ciocca, qui remplacera Émile Pineault. Notre objectif est de faire une tournée avec ce spectacle. »

Le circuit des festivals

C'est donc avec Joachim Ciocca, spécialiste du monocycle, que la compagnie Et des hommes et des femmes se produira le 8 juin au festival L'européenne de cirques de Toulouse, avant de remonter en Haute-Normandie, pour participer à l'événement « Générations cirque - Québec » du Cirque-Théâtre d'Elbeuf les 13 et 14 juin.

Jimmy Gonzalez et sa bande participeront aussi au festival des 7 collines de Saint-Étienne le 4 juillet. Par la suite, chacun mènera ses propres projets.

L'artiste de cirque de 22 ans espère que ces présences dans des festivals lui ouvriront de nouvelles portes pour étendre la tournée de Croisé et pour créer de nouveaux spectacles. En attendant, la gestion de sa compagnie l'occupe autant que ses projets. Heureusement, Jimmy Gonzalez est habile jongleur.

- Jean Siag

PHOTO BÉNÉDICTE MILLAUD, LA PRESSE

Jimmy Gonzalez