Darth Vader n'a pas besoin de se montrer menaçant pour être traité aux petits oignons. Pendant que plusieurs ouvriers s'affairent au montage de l'exposition, une femme de l'équipe dépêchée à Montréal par Lucasfilm défroisse consciencieusement sa cape à l'aide d'un appareil à vapeur. Le seigneur noir est traité selon son rang.

«Quand on présente Darth Vader, il faut s'assurer qu'il soit fidèle à l'image qu'il projette dans les films», précise Laela French, principale conservatrice de la collection personnelle de George Lucas. Ce souci du détail - préoccupation constante à Lucasfilm - n'explique pas à lui seul le soin qu'on apporte à la tenue du seigneur Sith: ce costume est aussi très fragile.

«Toute la collection demande un soin particulier, assure Laela French. Contrairement aux peintres de la Renaissance ou à Michel-Ange, qui créaient avec l'espoir que leurs oeuvres durent, ces pièces ont été conçues pour un moment dans un film: 3, 5 ou 30 secondes, parfois 5 minutes. Ensuite, c'est fini.

«La magie du cinéma, c'est de faire en sorte que les choses aient l'air extraordinaires à l'écran, c'est tout. Les accessoiristes n'ont pas besoin de créer des objets durables», explique la conservatrice, qui a amorcé sa carrière dans le domaine des beaux-arts avant d'entrer chez Lucasfilm, il y a une dizaine d'années.

La conservation des costumes exige une attention particulière en raison de la vulnérabilité des étoffes. C-3 po, lui, a besoin d'entretien afin que sa peinture ne pèle pas. Pour d'autres objets, c'est la colle qui sèche ou, dans les cas de Chewbacca et de Yoda, le latex qui se détériore. «Le latex n'est pas une matière faite pour durer. Il faut contrôler la température de manière très stricte, affirme Laela French. Ce sont des pièces de musée.»

La conservatrice affirme par ailleurs que ces objets, habituellement entreposés dans un bâtiment du Skywalker Ranch de George Lucas, sont plus délicats que bien des oeuvres avec lesquelles elle a travaillé dans le passé, y compris des tableaux de grands maîtres. «Les modèles réduits et les sculptures sont si fragiles qu'on doit les manipuler comme si c'était le David de Michel-Ange ou un tableau de la Renaissance», assure-t-elle.