Dans la nouvelle pièce Bijoux, les cinq filles du collectif Mandala Sitù (Marie-Gabrielle Ménard, Émilie Gratton, Geneviève Bolla, Milan Gervais et Karina Iraola) restent fidèles à ce qui avait présidé à la création de leur groupe: prouver leur éclectisme d'interprètes aux physiques hétéroclites, en demandant à des chorégraphes de créer des pièces pour elles.

D'une pièce à l'autre, elles ont prouvé qu'elles savent prendre des risques, sortir de leurs zones de confort, jouer les caméléons. Et ainsi bousculer les chorégraphes qui ont à relever le défi de travailler avec des danseuses qu'ils ne connaissent pas.

Bijoux prouve de nouveau tout cela et on aime retrouver les danseuses dans une pièce inattendue pour laquelle elles ont cette fois convié, en miroir, cinq chorégraphes masculins (Brice Noeser, Pierre Lecours, Normand Marcy, Louis-Martin Charest et David Rancourt), une pianiste compositrice qui joue live (Gaële), une éclairagiste sensible (Anne-Marie Rodrigue-Lecours) et une styliste connue (Marie Saint Pierre) qui signe des tenues féminines.

L'unité de l'ensemble, bien qu'il s'agisse de cinq signatures chorégraphiques différentes, est réussie. Cinq magnifiques lampes, des sculptures lumineuses, signées Lampi Lampa, parmi d'autres accessoires et bijoux, parachèvent l'ambiance théâtrale, imprégnée d'une peine diffuse, une tristesse un peu oppressante qui n'est pas sans rappeler, par sa force symbolique, les contes de Grimm, leur univers inquiétant et déstabilisant.

Cet effet recherché opère, la musique jouant un rôle essentiel dans l'installation de cette ambiance trouble, cette proposition artistique minutieusement ciselée, magnétique comme les facettes d'un diamant noir. Malheureusement, trop, c'est comme pas assez, on se lasse. Chacun des chorégraphes a choisi une des cinq interprètes en particulier, utilisant les quatre autres comme un écrin mobile autour d'elle. Mais à vouloir harmoniser, on aboutit à une uniformisation dans laquelle ces cinq signatures chorégraphiques, d'ordinaire singulières et fortes, se fondent et disparaissent. Et bien que le tout soit empreint d'une beauté prégnante et étrange, et se finisse sur un choeur humoristique, mélange de pleureuses-sorcières-poules caqueteuses, on reste circonspect.

Bijoux, de Mandala Sitù, à l'Agora de la danse jusqu'au 21 janvier.