Première école à offrir l'anglais intensif sans effectuer de sélection à la CSRS, l'école primaire Champlain à Sherbrooke trace un bilan positif de son expérience, qui s'est vécue sous forme de projet-pilote cette année.

L'établissement de la rue Galt Ouest à Sherbrooke offrait déjà le programme à une clientèle sélectionnée avant d'expérimenter la formule élargie. L'année scolaire à peine terminée, la directrice de Champlain, Élyse Bernier, estime que ce tournant s'est effectué avec succès. Deux groupes de sixième année, soit 50 élèves, ont vécu l'expérience.

« C'est sûr que pour les élèves, la chose qui me frappe le plus, c'est l'estime de soi. On a une bonne quantité d'élèves qui n'auraient pas fait l'anglais intensif, et chez plusieurs élèves, j'ai vu des lumières dans leurs yeux. On leur a donné un outil qui va leur servir au cours de leur vie. «

Selon Mme Bernier, à la lumière des résultats scolaires, le rendement est demeuré le même chez les enfants. Ainsi, précise-t-elle, les élèves qui excellaient continuent de le faire, tandis que ceux qui ont plus de difficulté sont demeurés au même niveau. « Quand la classe a commencé en août, au premier bulletin, on a fait une lecture, ça nous a permis d'intensifier certaines mesures de soutien. «

La directrice estime que l'expérience a été « un plus « pour les élèves. « Ce sont des gains pour l'estime de soi, la réussite; il y en a qui ont retrouvé une certaine motivation «, énumère-t-elle.

Le lancement du projet a tout de même soulevé certaines questions, dont celles des enfants en difficulté. Avant de se lancer, l'équipe a porté une attention particulière à la clientèle qui allait se retrouver dans ces classes.

« On a fait un portrait de la clientèle qui s'en venait. Quand c'est arrivé, on a mis des mesures en place «, explique Mme Bernier. Par exemple, des élèves qui ne bénéficiaient pas de services d'orthopédagogie y ont eu droit. Des enfants qui n'allaient pas à l'aide aux devoirs ont été ciblés pour qu'ils utilisent ce service. « On a forcé la note un peu «, observe Mme Bernier. Des enseignants ont aussi été libérés avant le début du projet pour faire de la planification, et du temps a été accordé pour le suivi d'élèves.

L'initiative a entraîné les enseignants en dehors des sentiers battus. « Les enseignants y sont pour beaucoup (NDLR: dans la réussite du projet). Ça leur demande de planifier autrement; ce sont des changements de pratique. Il ne faut pas penser que ça se fait facilement. Les enseignants ont travaillé en équipe, avec la collaboration de conseillers pédagogiques... «

Rappelons que le Syndicat de l'enseignement de l'Estrie (SEE), à l'instar de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ), a demandé au gouvernement, cet hiver, de suspendre l'implantation élargie. Les instances syndicales citaient l'improvisation de Québec dans ce dossier. Elles s'inquiétaient du flou entourant la tâche des enseignants et de la réussite des élèves.

Au total, 10 écoles ont offert l'anglais intensif sur le territoire de la CSRS au cours de la dernière année scolaire. Seule Champlain a proposé une offre élargie, dans le cadre du projet-pilote. « Ça a bien été, estime la directrice générale adjointe aux affaires éducatives de la CSRS, Marie-Claude Lunardi. C'est sûr qu'il y a beaucoup d'ajustements à faire en cours de route. «

À la rentrée, ce seront encore 10 écoles qui offriront ce programme dans la langue de Shakespeare; quatre d'entre elles l'offriront en formule élargie, sans sélectionner la clientèle. Le programme élargi sera offert dans toutes les écoles en 2015-2016.