Le bonheur des autres regroupe plusieurs comédiens. La Presse en a rencontré six et leur a demandé de décrire leur personnage.

JULIE LE BRETON (Évelyne, conjointe de Jean-Pierre)

«Évelyne est plutôt naïve. Elle vit tout le temps avec une espèce de pensée magique. Mais dès qu'elle prend conscience de ce qui lui arrive, c'est fulgurant! Au moment où l'action débute, elle n'a même pas envisagé que son histoire avec un homme beaucoup plus âgé qu'elle pouvait être compliquée et que ce n'est peut-être pas le conte de fées auquel elle croyait. Donc, dès que ses parents sèment le doute dans son esprit, ça prend une ampleur insoupçonnée. Et quand tout ce questionnement arrive, ça la bouleverse.»

GERMAIN HOUDE (Raymond, père d'Évelyne)

«J'aime bien Raymond, un gars éloquent, qui sait ce qu'il veut, qui comprend bien sa vie. Tu sens que son plan de retraite est organisé. Jusqu'à ce que ça dérape et qu'on découvre peu à peu qu'il n'est pas la personne que l'on pense. Dans la vie, beaucoup de gens ont l'air de ce qu'ils projettent, mais, quand tu vas dans leur vie privée, ce n'est pas du tout ça (rires). Et pour un acteur, c'est toujours apprécié de jouer les contradictions d'un être humain. Mon personnage est secondaire mais déterminant dans l'action. Alors, il fallait que je frappe fort dans deux belles grosses scènes. C'est un défi qui fait appel à ton métier.»

STÉPHANE BRETON (Yves, conjoint de Marion)

«Yves est assez intérieur. Il garde ses affaires en dedans. Il est sans doute très émotif. Dans le film, il a un secret et ça, c'est intéressant à jouer. Il ne dit pas toujours la vérité. Dans un film, une série, il faut savoir comment on y arrive. Le personnage doit montrer comment il est habile à cacher ses secrets. Dans le cas de mon personnage, à la lecture du scénario, je me demandais ce qu'il faisait avec sa blonde. Entre eux, la communication est très difficile. D'où le fait qu'il n'a pas le goût de lui dire son secret. Il a peur de la décevoir.»

LOUISE PORTAL (Louise, ex-femme de Jean-Pierre, mère de Sylvain et Marion)

«Chez Louise, la blessure du passé est rouverte par cette annonce de Jean-Pierre. Elle en voit soudain les conséquences, les non-dits. Tout est exacerbé par Jean-Pierre qui se donne un bonheur, une nouvelle chance. J'aimais la thématique du scénario. Et j'ai senti que le réalisateur me proposait un rôle porteur des femmes de ma génération. Michel (Barrette) et moi représentons beaucoup de couples de notre génération qui ont vécu des divorces et doivent recoller les morceaux cassés. Mais il faut savoir les ramasser et poursuivre sa route. Dans le film, au lieu de se repasser toute sa vie, Louise s'abandonne au moment présent, au plaisir. Et elle redevient vivante et lumineuse.»

MARC-ANDRÉ GRONDIN (Sylvain, fils de Jean-Pierre et Louise)

«Sylvain vient d'un milieu familial tellement différent du mien, il vit une situation professionnelle très différente de la mienne. J'aime me retrouver face à des situations auxquelles je ne serai probablement jamais confronté. J'aime ce que Jean-Philippe avait fait auparavant et j'ai trouvé qu'il proposait un scénario beau et sympathique. On s'attache à cette famille-là et à ce qu'elle vit. Elle est vraie du fait que beaucoup de gens vivent une telle situation dans la réalité. C'est écrit de façon honnête. Et même si les sujets sont dramatiques, Jean-Philippe réussit à trouver un twist pour rendre ça plus léger. On sent sa signature.»

MICHEL BARRETTE (Jean-Pierre, conjoint d'Évelyne, ex-mari de Louise, père de Sylvain et Marion)

«Jean-Pierre est contrôlant. C'est un businessman, il sait où il va, il a réussi, il règle des problèmes en signant un chèque. Sa nature première s'est transposée dans sa vie professionnelle et personnelle. Ce qui va rapidement agacer sa compagne. Ce que j'aime du film est qu'on apporte des réponses. On démontre que chacun d'entre nous est responsable de son propre bonheur et de son propre malheur. Moi aussi, dans la vie, j'ai une jeune famille, une femme de 20 ans plus jeune que moi et un fils de 5 ans. La première impression qu'on va avoir d'un gars qui sort avec une plus jeune est qu'il le fait pour pavaner avec elle. Or, au contraire, on fait un choix important - et le film le démontre. On veut prouver que la personne devant soi est la femme aimée et avec qui on a envie de passer le reste de sa vie, au point de se marier avec elle et d'avoir un enfant. Mais contrairement à Jean-Pierre, je ne suis pas un control freak!»