Écrite et mise en scène par Jean-Guy Legault, la pièce Hockeytown gravite autour de quatre animateurs sportifs accros au hockey, incarnés par Denis Houle, Louis-Olivier Mauffette, Blaise Tardif et Jean-Marc Dalphond.

Jean-Guy Legault s'est nourri du regain de popularité des émissions sportives et de leurs animateurs, considérés comme de véritables vedettes des médias québécois.

«Ils sont partout: les Michel Villeneuve, Jacques Demers et Jean Perron sont les stars de l'heure. Ils sont devenus l'opinion publique. Je voulais savoir qui sont ces gars-là exactement. On dirait qu'on les embrasse comme s'ils étaient nos grands chums alors qu'on ne les connaît pas du tout. Il n'y a jamais eu de shows sur eux et je trouvais que c'était un sujet intéressant. C'est assez phénoménal, on dirait que la désillusion des gens vis-à-vis de la politique les a amenés à se tourner vers les animateurs sportifs. La nouvelle fibre nationale, ce n'est plus la souveraineté, c'est soutenir le Canadien», explique-t-il.

Lui-même fan et joueur de hockey, Jean-Guy Legault s'est inspiré d'émissions comme 110% ou L'antichambre, qu'il a suivies au fil des années, et de l'ambiance des vestiaires qu'il a visités pour écrire Hockeytown.

«Le côté médias, sans dire que j'en avais des haut-le-coeur, je l'ai vécu tous les jours pendant deux ans et demi dans l'auto, à écouter CKAC Sports. Tu baignes là-dedans et tu comprends pourquoi les gens écoutent et appellent aux lignes ouvertes: l'animateur est devenu leur chum!», dit-il.

Loin de vouloir faire la caricature ou le procès de l'animateur sportif, Hockeytown montre ses défauts et ses bobos, mais surtout ce qu'il devient une fois hors des ondes.

«Sans les caractériser, je suis parti de quatre individus qu'on reconnaît un peu dans l'univers des animateurs sportifs. Ce n'est pas calqué sur une personne en particulier, mais dans ce genre d'émissions, ils sont habituellement quatre ou cinq. Il y a l'animateur de profession, le Jean-Charles Lajoie, Mario Langlois ou Michel Villeneuve de ce monde. Il y a aussi l'analyste, le Dany Dubé, Gaston Therrien ou Joël Bouchard, qui fait des ronds et des dessins, l'ancien coach, comme Jacques Demers et Jean Perron et enfin l'ancien joueur de la Ligue nationale, le plus souvent un joueur de quatrième trio. Ce dernier n'est jamais un Guy Lafleur, mais plutôt un gars qui a eu 75 commotions cérébrales, peut-être parce qu'il a passé tellement de temps à regarder les autres qu'il est devenu bon analyste!», s'exclame Jean-Guy Legault.

Une pièce de gars

«Je pense que c'est avant tout une pièce humaine. Je me plais à dire que pour une fois, les filles n'auront peut-être pas besoin de forcer leur gars ou leur chum à aller au théâtre. Ce n'est pas important de connaître le hockey, car ce n'est que la toile de fond. De voir comment ces gars s'unissent et questionnent les enjeux de société à travers du hockey, c'est vraiment très drôle! Si les filles se demandent ce qui se dit dans les vestiaires, elles vont en apprendre pas mal», dit en s'amusant Jean-Guy Legault.

Hockeytown est la troisième incursion dans le monde du théâtre d'été pour le metteur en scène et auteur adepte de l'humour caustique, même quand il s'agit d'oeuvres plus dramatiques.

«À partir du moment où tu fais rire le spectateur pendant trois ou quatre répliques, quand tu arrives avec un enjeu solide, tu peux lui rentrer dedans sans qu'il le voit venir. L'autodérision et l'humour sont utilisés comme une bouée de dénonciation», explique-t-il.

Jean-Guy Legault mettra aussi en scène Omaterra, l'an 2 du 5 juillet au 27 août à Sherbrooke, une grosse production qu'il devra mener de front avec Hockeytown, deux univers complètement différents qui le tiendront en haleine tout l'été.

Hockeytown au Théâtre des Marguerites de Trois-Rivières, jusqu'au 3 septembre.