Les scènes de sexe sont plutôt bien acceptées au cinéma, en littérature et à la télévision. Mais insérez une scène osée dans un jeu vidéo et les voix s'élèvent pour protester.

Les scènes de sexe sont plutôt bien acceptées au cinéma, en littérature et à la télévision. Mais insérez une scène osée dans un jeu vidéo et les voix s'élèvent pour protester.

C'est ce qu'est venue dénoncer cette semaine au Sommet international du jeu de Montréal Brenda Brathwaite, une conceptrice de jeux vidéo qui enseigne maintenant dans un collège de Géorgie, aux États-Unis.

«Les gens sont constamment en train d'essayer de censurer les jeux vidéo, dit Brenda Brathwaite. Quand ils sont à l'affût de cibles, ils cherchent le sexe et la violence. Et ce, malgré le fait que le joueur moyen soit un homme de 33 ans.»

La femme réclame le droit de faire de l'art en toute liberté, sans restrictions.

«Je défends la liberté créatrice, dit Brenda Brathwaite. Je crois que les jeux vidéo sont une forme d'art, au même titre que n'importe quel art.»

La professeure affirme que si on octroyait à d'autres médias le traitement qu'on applique aux jeux vidéo, il y aurait des protestations.

«Si les gens qui font de la musique, des films ou de l'art se faisaient dire qu'ils ne peuvent pas inclure de contenu pour adultes, ils deviendraient hystériques. Quand l'industrie du jeu se fait dire ça, les gens sont un peu contrariés. Moi, je deviens très contrariée. Je ne ferais sans doute jamais rien de très extrême. Mais ne me dites pas que je ne peux pas le faire.»

Car des jeux qui mettent en scène de la pornographie dure, il y en a déjà sur le marché. La star de la porno Jenna Jameson a un jeu vidéo à son nom, Virtually Jenna. Il permet aux joueurs de faire leur propre film avec la vedette.

Les scènes virtuelles sont très explicites et rien n'est laissé à l'imagination des joueurs. Le site Web du jeu indique clairement qu'il est réservé aux plus de 18 ans.

Par contre, d'autres jeux vidéo incluent le sexe dans un scénario. En 2005, il a été découvert que le jeu Grand Theft Auto : San Andreas contenait une scène de sexe qui devait être «débarrée» en téléchargeant un petit programme sur le Web.

À la suite de la découverte de ces scènes, l'éditeur Take-Two Interactive a été obligé d'appliquer la cote «adulte» au jeu. Les exemplaires déjà en vente dans les magasins avaient dû être remballés avec cette mention.

Brenda Brathwaite, qui vient de sortir un livre qui traite du sexe dans les jeux vidéo, ne s'oppose pas à la classification des jeux vidéo. Mais elle croit que plutôt que de rejeter le blâme sur les créateurs, ce sont les consommateurs qu'il faut responsabiliser.

«Comme développeurs de jeux, notre devoir est de dire ce qu'il y a dans le jeu. Le plus grand problème, ce sont les parents. Dans la plupart des cas, quand des jeux vidéo sont achetés, les parents sont présents. Comment se fait-il qu'un petit garçon se retrouve avec un jeu auquel on a apposé la classification adulte? Sa mère lui a acheté.»

Brenda Brathwaite croit que «l'hystérie» concernant le sexe dans les jeux vidéo passera à mesure que vieillira le média. Elle affirme que comme pour les films, les gens regarderont en arrière dans 20 ans et se moqueront des attitudes conservatives «auxquelles sont confrontés tous les nouveaux médias».

En attendant, elle invite les parents à être plus vigilants.

«Les parents ont appris comment fonctionne le clavardage parce qu'ils ont senti qu'il pouvait représenter un danger. Ils doivent faire la même chose avec les jeux vidéo. Mais les jeux vidéo sont de bonnes gardiennes…»

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