La Ville de Beauharnois est en voie de gagner son pari. Les terrains industriels achetés auprès d’Hydro-Québec ont trouvé preneur. Les bâtiments sortent de terre les uns après les autres. Et la Ville commence à percevoir les taxes requises pour financer la reconstruction des infrastructures municipales.

Parmi les constructions industrielles récentes, il y a le centre de distribution d’IKEA, un mastodonte de 112 000 m2 et 102 quais de chargement, celui du détaillant Hart et l’entrepôt de DLS Logistics.

Il y a aussi le promoteur OleaDev Groupe Immobilier qui a fait construire par Frare & Gallant le plus grand bâtiment industriel sans entente de location préalable au Québec. Dans le jargon de l’immo commercial, on appelle cela une construction spéculative.

Il s’agit d’un bâtiment de 39 000 m2 avec des plafonds à 12 m, soit suffisamment haut pour stocker six palettes. Des discussions sont avancées avec un utilisateur final, lequel prendrait toute la superficie. OleaDev a acquis d’Hydro-Québec le terrain voisin pour agrandir le bâtiment de 17 000 m2 à la première occasion.

  • Le bâtiment de 39 000 m2 est situé en bordure de l’autoroute 30. Un camionneur qui ramasse sa livraison à un centre de distribution à Beauharnois peut livrer sa marchandise à New York ou à Toronto en moins de 12 heures dans à peu près toutes les circonstances.

    PHOTO FOURNIE PAR FRARE & GALLANT

    Le bâtiment de 39 000 m2 est situé en bordure de l’autoroute 30. Un camionneur qui ramasse sa livraison à un centre de distribution à Beauharnois peut livrer sa marchandise à New York ou à Toronto en moins de 12 heures dans à peu près toutes les circonstances.

  • Les plafonds sont à 12 m du sol, ce qui est assez haut pour empiler six palettes.

    PHOTO FOURNIE PAR FRARE & GALLANT

    Les plafonds sont à 12 m du sol, ce qui est assez haut pour empiler six palettes.

  • Les discussions avec un utilisateur qui envisage d’occuper toute la superficie du bâtiment sont avancées.

    PHOTO FOURNIE PAR FRARE & GALLANT

    Les discussions avec un utilisateur qui envisage d’occuper toute la superficie du bâtiment sont avancées.

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La valeur des permis industriels a atteint 60 millions l’an dernier. Pour faire le point sur toute cette effervescence, La Presse a rencontré dernièrement le maire et son équipe économique au bureau de la MRC de Beauharnois-Salaberry.

« Il y a une capacité d’investissement de 2,5 milliards tous secteurs confondus sans dézoner nos terres agricoles, sans toucher aux milieux humides et sans défaire nos forêts. Il y a bien des villes qui sont jalouses de nous », dit le maire de Beauharnois, Alain Dubuc (aucun lien de parenté avec l’auteur de ce texte).

Délai du côté de Google

Sur 2,5 milliards, 1 milliard se trouve du côté résidentiel pour construire 5000 logements au cours des 10 prochaines années. Le solde penche du côté industriel, dont la moitié est prévue pour le centre de serveurs de Google. Par décret, le gouvernement québécois a dézoné 66 hectares de terre agricole pour accueillir la multinationale américaine. L’investissement estimé à 735 millions il y a plus de deux ans risque de gonfler, inflation oblige.

PHOTO FOURNIE PAR LA MRC DE BEAUHARNOIS-SALABERRY

Le centre de distribution d’IKEA, et en arrière-plan, le terrain où sera construit le centre des serveurs de Google

Le projet annoncé en 2021 n’est toujours pas sorti de terre.

La préparation des sols est faite. Là, ce sont des enjeux d’infrastructures : l’eau et l’électricité, qui les occupent. Les solutions ont été trouvées. On discute des échéanciers.

Mercedes Lussier-Trépanier, directrice du développement économique et touristique de la Ville de Beauharnois

Outre le bâtiment de Google, il reste à construire dans le parc industriel de l’autoroute 30 la phase deux de Frare & Gallant, la seconde phase du centre de distribution d’IKEA et le dernier des trois bâtiments du promoteur Rosefellow. Ils viendront ajouter aux 3000 emplois et aux 310 entreprises que l’on dénombre déjà à Beauharnois.

Le résidentiel et le commercial ont suivi

Avec l’essor industriel des dernières années, la roue de la croissance s’est mise à tourner.

Quelque 860 habitations sont sorties de terre depuis trois ans. En 2023, 552 permis seront délivrés pour de nouveaux logements.

La valeur moyenne d’une maison à Beauharnois est rendue à 340 000 $, en hausse de 41 % en trois ans.

Les lotissements résidentiels se concentreront au nord du boulevard Cadieux, où l’entreprise F.I.T. Venture a racheté en 2019 les champs Perras, en zone non agricole. La phase un de 160 logements a été construite l’an dernier. La phase deux de 390 logements devrait être lancée cet automne. Des projets de plus haute densité sont attendus dans le centre-ville, près de l’eau.

Les résidants attirent les détaillants. Super C a ouvert ses portes au printemps dans le pôle commercial bâti par le groupe Harden à la sortie 26 de l’autoroute 30. Maxi a également annoncé sa venue dans la ville de 14 000 habitants.

L’histoire d’un revirement économique

Beauharnois a longtemps souffert du déclin de ses activités manufacturières. « L’arrivée de l’autoroute 30 il y a une dizaine d’années a changé la donne », dit Linda Phaneuf, directrice générale et greffière-trésorière de la MRC.

Sous le règne du maire Claude Haineault, la Ville a payé 30 millions en 2012 pour acquérir 1,3 million de mètres carrés de terrain non agricole d’Hydro-Québec, qui exploite une centrale au fil de l’eau.

La stratégie était de revendre les terrains à des occupants industriels dans le but de faire grossir l’assiette foncière et les revenus de taxation.

Les entrées d’argent additionnelles doivent servir à payer la facture du rajeunissement des infrastructures municipales arrivées au bout de leur vie utile en évitant d’accabler de lourds impôts les citoyens, dont le nombre était en décroissance avant 2012.

Juste pour le centre de distribution d’IKEA, évalué à 226 millions, les taxes municipales dépassent les 4 millions en 2023.