Prendre sa retraite lorsqu’on a peu d’économies et qu’on n’est pas propriétaire de sa résidence comporte le risque de se retrouver à manquer de ressources pour pouvoir répondre à tous ses besoins. Heureusement, de petites stratégies, comme travailler quelques années de plus à temps partiel, peuvent faire une grande différence.

La situation

Michelle*, 62 ans, aimerait prendre sa retraite à 65 ans. En ce moment, elle a un emploi saisonnier qui lui permet d’aller chercher le montant maximum de l’assurance-emploi. Elle reçoit aussi sa rente du Régime de rentes du Québec (RRQ) de 250 $ par mois. Célibataire et sans enfant, ces revenus lui permettent de bien vivre à l’année. Elle a aussi une voiture de cinq ans complètement payée et son mobilier est neuf. Son train de vie est peu élevé puisque son appartement, où elle compte rester, lui coûte seulement 575 $ par mois. Elle ne voyage pas et ce n’est pas dans ses projets. Sans dettes, Michelle a environ 25 000 $ dans son compte en banque régulier. Elle se demande si son projet de retraite dans trois ans est réaliste.

Les chiffres

Michelle*, 62 ans

Revenu annuel net estimé : 53 500 $

Épargne compte à opérations : 25 000 $

Coût du loyer mensuel : 575 $

Dettes : 0 $

Revenus élevés, peu d’économies

Le premier réflexe de Marie-Ève Mc Lean, planificatrice financière indépendante et représentante en épargne collective rattachée à Mérici Services Financiers, à Saint-Jean-sur-Richelieu, a été de calculer le revenu annuel net actuel de Michelle. Ainsi, au maximum assurable pour l’assurance-emploi qui est de 61 500 $, nous avons ajouté 20 semaines du montant hebdomadaire maximum donné par l’assurance-emploi, soit 650 $, et 3000 $ en RRQ. Cela représente 77 500 $, donc environ 53 500 $ net.

« C’est un revenu tout de même assez élevé, mais à la retraite, elle aurait beaucoup moins », remarque-t-elle.

En effet, à 65 ans, Michelle se retrouverait chaque mois avec sa RRQ de 250 $ et la pension de la Sécurité de la vieillesse (SV) de 699 $. Comme la SV n’est pas considérée dans le calcul, elle aurait droit au Supplément de revenu garanti (SRG) de 898 $ non imposable et aussi aux crédits d’impôt pour la TPS/TVQ et pour la solidarité.

« Michelle aurait donc environ 23 667 $ net, ce qui représente 44 % de son revenu net actuel, indique Marie-Ève Mc Lean. Ça peut fonctionner, mais cela m’apparaît peu. L’idéal serait de trouver des solutions pour qu’elle ait un peu plus pour vivre chaque année, question de ne pas s’inquiéter et de pouvoir composer avec des imprévus. »

Trouver un petit emploi d’appoint

La planificatrice financière conseille donc à Michelle de se trouver, à partir de 65 ans, un petit emploi à temps partiel qui lui plaira, qui ne sera pas épuisant et qu’elle pourra garder jusque vers 70 ans. L’idéal serait qu’il lui rapporte environ 15 000 $ par année. Pourquoi ?

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Ève Mc Lean, planificatrice financière indépendante et représentante en épargne collective rattachée à Mérici Services Financiers

« Le premier 5000 $ gagné n’est pas considéré dans le calcul du SRG, puis seulement la moitié du 10 000 $ suivant, explique la planificatrice financière. Donc, cela signifie que si elle gagne 15 000 $, seulement 5000 $ sera ajouté à son revenu pour calculer le SRG et il sera réduit de seulement 313 $ par mois. »

Elle pourrait aussi bénéficier d’autres mesures mises en place par le gouvernement pour encourager les gens à prolonger leur carrière. Entre autres, à partir de janvier, cotiser au RRQ sera optionnel pour les personnes de 65 ans et plus en emploi qui reçoivent déjà leur rente.

« Comme Michelle aura droit au SRG, ce serait bien qu’elle arrête de cotiser pour ne pas augmenter sa rente qui entre dans le calcul, affirme Marie-Ève Mc Lean. Et cela lui fera plus de liquidités pour sa vie de tous les jours. Ainsi, avec ces stratégies, elle verrait son revenu net passer à 31 732 $, ce qui lui permettrait d’améliorer significativement sa qualité de vie. »

Investir son 25 000 $

Avec cet emploi à temps partiel, Michelle verrait son train de vie bonifié jusque vers 70 ans et en même temps, elle éviterait de toucher à son 25 000 $ d’épargne qu’elle pourrait investir dès maintenant pour le faire fructifier. « D’abord, c’est important qu’elle place ce montant dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) pour que les revenus de ses placements se fassent à l’abri de l’impôt pour ne pas affecter son SRG, explique Marie-Ève Mc Lean. Ses retraits ne viendront pas affecter non plus son revenu imposable. »

Ensuite, elle conseille à Michelle de consulter un professionnel pour établir son profil d’investisseur afin de choisir les bons produits. « Mais déjà, je lui conseillerais d’éviter les certificats de placement garanti parce que ce 25 000 $ est sa seule économie, donc elle doit pouvoir y avoir accès facilement. Elle pourrait aller vers des fonds communs de placement prudents ou vers un compte à intérêt élevé, ou investir une partie du 25 000 $ dans quelque chose de sécuritaire pour se faire un fonds d’urgence et prendre un peu de risques pour le reste, selon son profil et ses projets. »

Blitz de REER

Marie-Ève Mc Lean conseillerait aussi à Michelle de profiter des prochaines années pour cotiser à un régime enregistré d’épargne-retraite (REER). « Son taux marginal d’imposition est de 36,12 %, ce qui est beaucoup plus élevé que ce qu’elle aura à la retraite, indique-t-elle. Si elle choisit le Fonds de solidarité FTQ, elle aura même un crédit d’impôt de 30 % supplémentaire. Ainsi, si elle y investit le maximum pour le crédit d’impôt, soit 5000 $, cette cotisation ne lui coûterait réellement que 1695 $ puisqu’elle économiserait 3305 $ en impôts. Si elle fait cela pendant trois ans, elle aurait 15 000 $, plus un rendement estimé d’environ 3,4 % jusqu’à ses 71 ans, ce qui ferait près de 20 000 $. »

En plus de permettre d’accumuler un petit coussin supplémentaire pour sa retraite, cette stratégie a l’avantage de la préparer à vivre avec un train de vie moins élevé, question de réduire le choc de la retraite, selon la planificatrice financière.

Puis, pour éviter d’avoir de l’impact sur son SRG, à 71 ans, elle pourrait transformer son REER en fonds enregistré de revenu de retraite (FERR) et le vider d’un coup.

« Comme cela reste un petit montant, elle ne serait pas énormément imposée, précise-t-elle. Puis, elle pourrait demander au gouvernement d’estimer ses revenus de l’année à venir pour calculer son SRG étant donné qu’elle aura eu une baisse drastique de son revenu et vider son FERR en est une preuve. »

Elle pourrait déposer le tout dans son CELI. « Elle aurait ainsi environ 3500 $ qu’elle pourrait sortir chaque année, jusqu’à la fin de ses jours, sans impact sur son SRG, précise Marie-Ève Mc Lean. Cela lui ferait donc 27 000 $ net à partir de 71 ans, ce qui ferait quand même une différence sur sa qualité de vie. »

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, le prénom utilisé est fictif.

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