L’ex-résidence pour personnes âgées Herron est vendue. La transaction rapporte 11 millions aux anciens propriétaires de l’établissement de Dorval, où 47 personnes sont mortes lors de la première vague de la COVID-19.

La famille Chowieri, qui détenait l’établissement lors de l’hécatombe, avait déjà revendu en septembre dernier deux autres résidences à problèmes qu’elle exploitait à Sorel-Tracy. Depuis moins d’un an, elle a touché un total de 32,5 millions en se départant de trois propriétés.

Lisez l’article « Les propriétaires de Herron vendent deux résidences 21,5 millions »

Les Chowieri n’ont pas répondu aux appels de La Presse.

PHOTO TIRÉE DE TWITTER

La famille de Samir Chowieri, fondateur du Groupe Katasa, a touché 32,5 millions en revendant trois résidences à problèmes depuis moins d’un an.

Patrice Bourbonnais est à la tête du groupe d’acheteurs. PDG du Groupe Petra, il n’agit cependant pas pour le compte de cette société de la famille Borsellino-Saputo, qui détient plusieurs gratte-ciel au centre-ville de Montréal. C’est plutôt Les Logements urbains, un petit fonds d’investissement formé avec des collègues et amis, qui a mis la main sur l’ancien CHSLD.

Le fonds fait équipe avec Laurence Moretti et Jean-Charles Goyeche, propriétaires de la chaîne Rebel Hôtels. L’entreprise détient des immeubles de chambres avec espaces partagés en région.

Deuxième vie après l’hécatombe

Le groupe d’investisseurs n’est pas effrayé par la sinistre réputation du bâtiment.

« On est très touchés par la situation qui a eu lieu. Les gens ont tous été touchés collectivement par cette tragédie, dit Patrice Bourbonnais. Je pense que le site, cependant, mérite une deuxième vie. On va procéder à des rénovations importantes, autant au niveau extérieur qu’intérieur ; on va tout le refaire. »

Il croit que Les Logements urbains et Rebel Hôtels pourront ainsi combler une partie de l’importante demande en appartements et en chambres à Dorval.

L’immeuble rénové devrait abriter 100 logements, dont une soixantaine d’unités traditionnelles. Les 40 autres unités seront aménagées en chambres associées à des aires de service communes, comme des cuisines et des salles de détente. La formule est conforme au concept de Rebel Hôtels, déployé dans les Laurentides et en Mauricie.

Les associés doivent dévoiler incessamment leurs plans à la Ville de Dorval. En vertu des règles, ils devront notamment doter l’immeuble de balcons. « Il va y avoir un gros, gros projet de repositionnement, dit Patrice Bourbonnais. On ne maintient aucun attribut de l’ancien immeuble. »

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DU GROUPE PETRA

Patrice Bourbonnais, président des Logements urbains, est aussi PDG du Groupe Petra

Il pense en avoir pour « 12 à 14 mois » de travaux, et compte obtenir également un changement d’adresse pour l’immeuble.

Il ignore quels seront les loyers demandés à ce stade. « On va être compétitifs dans le marché de Dorval », assure l’homme d’affaires.

Patrice Bourbonnais a fondé le fonds Les Logements urbains en 2016 avec des collègues travaillant aussi pour la famille Borsellino-Saputo : Joe Marsilii, Martin Duguay et Yanick Pazzi.

Rebel Hôtels n’a pas rappelé La Presse.

Résidence fermée

Le CHSLD Herron a fermé ses portes après le désastre sanitaire survenu entre ses murs au printemps 2020.

En mai, la coroner Géhane Kamel a déterminé dans son rapport que de graves lacunes existaient déjà dans l’établissement bien avant la pandémie de COVID-19 qui a frappé le monde.

Le rapport conclut aussi que le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal a « toléré l’intolérable » en considérant l’ensemble de la résidence comme une zone « rouge » en début de crise, condamnant ses patients à l’infection.

Lisez l’article « CHSLD Herron : le lourd passé criminel du président du Groupe Katasa » Lisez l’article « CHSLD Herron : on a toléré l’intolérable »