Les consommateurs devraient s'attendre à une pénurie de cannabis dans les magasins et en ligne lorsque son usage récréatif sera légalisé au Canada, dans quelques jours, a prévenu vendredi le producteur Aphria.

Il y a « de nombreux problèmes de chaîne d'approvisionnement partout, avec chaque producteur », a observé le chef de la direction d'Aphria, Vic Neufeld, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

« Aucun des régulateurs provinciaux ne sera totalement satisfait dès le début », a-t-il affirmé lors d'une discussion sur les plus récents résultats trimestriels de l'entreprise de Leamington, en Ontario. « L'offre ne répondra pas à la demande. Mais cela ne sera vrai qu'à court terme. »

Des « affiches de rupture de stock » devraient se retrouver sur plusieurs vitrines à travers le pays, a-t-il ajouté.

L'utilisation du cannabis à des fins récréatives deviendra légale au Canada à compter du 17 octobre.

Les détaillants privés et gouvernementaux s'efforcent de préparer les magasins physiques et les portails en ligne afin que tout soit près dès le premier jour. Les producteurs autorisés ont augmenté leur production pour tenter de répondre aux inquiétudes de pénurie, du moins à court terme.

Selon un rapport de l'Institut C. D. Howe publié cette semaine, les niveaux de production actuels ne devraient permettre de répondre qu'à 30 à 60 % de la demande totale au Canada. La demande estimée pour l'ensemble du pays est d'environ 610,6 tonnes de cannabis, mais l'offre de marijuana disponible prévue pour le quatrième trimestre de cette année ne devrait être que de 146,13 tonnes, ont indiqué les auteurs du rapport.

Cependant, cette pénurie sera probablement « de courte durée », poursuivent-ils, puisque le nombre de producteurs autorisés et les capacités de production devraient augmenter avec le temps.

Pour sa part, Aphria croit que sa pénurie devrait être réglée après deux ou trois mois, a estimé M. Neufeld.

Au cours du plus récent trimestre, clos le 31 août, Aphria a indiqué qu'elle avait été « incapable de pourvoir à tous les postes de travail en serre en raison du manque de main-d'oeuvre locale qualifiée, ce qui l'a laissée avec un effectif insuffisant pour récolter les niveaux de production produits dans sa serre Aphria One. »

« En raison du faible niveau des effectifs, la rotation des cultures a pris une semaine de plus que la période de récolte optimale », a expliqué la société dans son rapport de gestion.

Néanmoins, Aphria a affiché vendredi un bénéfice de près de 21,2 millions pour son plus récent trimestre, en hausse par rapport à celui de 15 millions engrangé à la même période l'an dernier.

Le bénéfice par action s'est chiffré à 9 cents, comparativement à 10 cents par action à la même période l'an dernier, alors qu'elle comptait moins d'actions en circulation.

Les revenus d'Aphria ont totalisé 13,3 millions, alors qu'ils avaient été de 6,1 millions un an plus tôt.

Aphria a expliqué la croissance de ses résultats par des gains liés à des investissements dans Liberty Health Sciences et Hiku Brands, ainsi que par une hausse de la juste valeur de ses actifs biologiques attribuable à une croissance de la production.

L'action d'Aphria a grimpé sur le marché plus tôt cette semaine, après que des médias eurent rapporté que le géant américain du tabac Altria Group discutait avec le producteur de cannabis en vue d'une acquisition de participation.

En réponse aux rumeurs, Aphria a indiqué mercredi que même si elle discutait avec d'éventuels partenaires ou investisseurs de temps en temps, aucune entente n'avait été conclue avec un investisseur potentiel.

Vendredi, le titre d'Aphria a perdu 59 cents, soit 2,9 %, pour clôturer à 19,11 $ à la Bourse de Toronto.