Le réseau social américain Facebook continue d'augmenter ses revenus et son nombre d'utilisateurs, qui frôle désormais le milliard et demi, mais cette croissance est financée par de lourdes dépenses qui freinent ses bénéfices.

Les résultats publiés mercredi pour le deuxième trimestre laissent ainsi apparaître une baisse de 9% du bénéfice net, à 715 millions de dollars.

Le bénéfice par action hors exceptionnels, qui sert de référence à Wall Street, reste néanmoins supérieur de 3 cents à la prévision moyenne des analystes, à 50 cents, tout comme le chiffre d'affaires qui a grimpé de 39% à 4,04 milliards de dollars.

Même si la progression devrait ralentir dans les prochains trimestres à cause de comparaisons défavorables et du dollar fort, «le mobile reste le moteur clé de notre croissance», a souligné le directeur financier, David Wehner, lors de la traditionnelle téléconférence explicative avec les analystes.

Sa part dans les recettes publicitaires, un indicateur suivi de près par les analystes, a continué de progresser au deuxième trimestre, à 76% contre 73% sur les trois premiers mois de l'année.

46 minutes par jour

Le mobile a aussi «un effet bénéfique sur l'engagement» des membres de Facebook, en les encourageant à se connecter au réseau plus souvent, a souligné M. Wehner, rappelant que beaucoup de propriétaires de téléphones intelligents, en particulier aux États-Unis, consultaient cet appareil dès le réveil.

Sur les 1,49 milliard de membres que revendique désormais le réseau social Facebook (contre 1,44 milliard fin mars), 65% s'y connectent ainsi tous les jours.

En ajoutant l'application de partage de photos Instagram (plus de 300 millions d'utilisateurs) ou celle de messagerie Messenger (700 millions), «les gens passent maintenant 46 minutes par jour en moyenne» sur les services du groupe, s'est félicité son PDG-fondateur Mark Zuckerberg. «Et cela n'inclut pas WhatsApp, une autre messagerie mobile rachetée l'an dernier et qui compte désormais plus de 800 millions d'utilisateurs.

«Les performances de nos activités croissent avec notre communauté», a commenté le PDG, affirmant que sa priorité pour les quelques prochaines années serait de les aider «à atteindre leur plein potentiel».

Facebook a notamment commencé à monétiser Instagram grâce à de la publicité. La montée en puissance est progressive, mais la société de recherche eMarketer estimait récemment que les recettes ainsi générées pourraient passer de 595 millions de dollars cette année à 2,8 milliards en 2017.

Facebook parie aussi beaucoup sur le développement de la vidéo, dans laquelle les analystes voient un énorme potentiel en particulier publicitaire.

Et à plus long terme, il compte aussi sur la réalité virtuelle. Le groupe s'est positionné sur ce créneau en rachetant la société Oculus, qui débutera l'an prochain la commercialisation de son premier casque grand public Oculus Rift.

Une année d'investissements 

Pour Mark Zuckerberg, les résultats «reflètent les investissements continus, les améliorations que nous faisons, et la qualité et l'utilité de nos services».

La contrepartie, c'est une nette accélération des dépenses ces derniers trimestres. Elles ont atteint 2,8 milliards de dollars sur les trois mois achevés fin juin, soit un bond de 82% sur un an.

Cela finance entre autres des infrastructures comme des serveurs et des centres de données, mais l'amélioration des services existants et des offres publicitaires, ainsi que des projets comme internet.org, qui tente d'apporter internet dans les zones les plus reculées du monde.

Dans la recherche-développement, où Facebook a énormément embauché, les frais ont même plus que doublé sur un an.

«2015 est une année d'investissements», a rappelé le directeur financier mardi. Il a toutefois un peu resserré sa prévision pour l'ensemble de l'année, tablant désormais sur des dépenses en hausse de 55% à 60%, contre jusqu'à 65% encore escomptés il y a trois mois.

L'action du groupe, qui évoluait ces dernières séances à des niveaux proches de ses records historiques, perdait 3,22% à 93,87 dollars vers 18 h 50 dans les échanges électroniques suivant la clôture.