Québecor est sur les rangs pour mettre la main sur Vision Globale, la firme propriétaire des Studios Mel's, une négociation «difficile» qui s'étire depuis plusieurs mois et qui pourrait se conclure dans les prochaines semaines.

Le conglomérat est en concurrence avec au moins un autre acheteur potentiel, soit le fonds américain Clearlake Capital. Selon des sources proches du dossier, Québecor est très avancé dans le processus et en serait rendu à l'étape de la vérification diligente. Divers détails achoppent toutefois, si bien que rien n'est encore scellé.

«Disons que ce sont des discussions difficiles, a indiqué une source au fait des négociations. Ça a évolué beaucoup à travers le temps. On pense qu'il y aura une décision d'ici quelques semaines.»

Martin Tremblay, porte-parole de Québecor, a refusé de commenter l'information. «On a comme politique chez Québecor de ne pas commenter les rumeurs de vente ou d'achat d'actifs, qu'elles soient fondées ou non.»

Problèmes financiers

Vision Globale, qui se présente comme la plus importante entreprise canadienne de services liés à la production, à la distribution et à la diffusion de contenu cinématographique et télévisuel, a mis la main sur les Studios Mel's, Locations Michel Trudel et Génératrices Star en décembre 2012. Selon nos informations, le groupe a payé entre 70 et 80 millions de dollars pour acquérir ce qu'on appelle aussi la Cité du cinéma.

L'entreprise a bénéficié d'une injection de 23 millions de Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD) et de 4 millions d'Investissement Québec au moment de l'acquisition.

Or, Vision Globale a vite rencontré des problèmes financiers, au point de commencer à solliciter des investisseurs le printemps dernier, rapportait Le Journal de Montréal à la fin de juin. Le groupe a même dû recevoir un nouveau soutien financier de presque 11 millions de CRCD en juillet, indique le quotidien.

Selon nos informations, le président de Vision Globale, Mathieu Lefebvre, aurait refusé une première offre de Québecor au cours des derniers mois. M. Lefebvre n'a pas rappelé La Presse Affaires cette semaine.

Malgré les aléas de la négociation, il semble que Québecor, tout comme Clearlake Capital, demeure intéressé par cette acquisition. «Tous les gens qui étaient en lice au début sont encore là», a fait valoir l'une de nos sources au fait des négociations. La somme présentement sur la table tournerait autour de 60 millions.

Trudel veut rester

Michel Trudel, qui a fondé Locations Michel Trudel en 1988 et s'est associé avec Mel Hoppenheim en 1994 pour lancer la Cité du cinéma, dirige toujours les activités quotidiennes des Studios Mel's. Même s'il n'est «pas du tout» impliqué dans les négociations entourant le rachat de Vision Globale, il dément que Québecor soit l'un des deux groupes sur les rangs.

«Mais on me parle, que ce soit l'un ou l'autre, que ce soit le [groupe] québécois ou l'américain, ils veulent que je reste en place, affirme Michel Trudel. Un, c'est moi le fondateur. Deux, c'est moi qui vais aux États-Unis trouver les jobs. Donc, dans les deux parties, ils veulent que je reste là avec mon équipe.»

Toutes les options seraient sur la table quant à l'avenir de Vision Globale, une fois la transaction effectuée. L'entreprise de 500 employés, qui se spécialise aussi dans les effets visuels et l'animation 3D, pourrait notamment être scindée en différentes entités.

Selon une source proche du dossier, Québecor verrait un grand potentiel dans les installations physiques de Mel's, où sont déjà tournées certaines émissions de son diffuseur TVA, dont La Voix. La tendance va de plus en plus vers des émissions à grand déploiement, qui requièrent de grands studios de plus de 10 000 pieds carrés, ce qui en ferait une acquisition logique, fait-on valoir.

Hans Fraikin, directeur général au Bureau du cinéma et de la télévision du Québec, n'est pas au fait des détails entourant la vente de Vision Globale. Mais il croit qu'un rachat par Québecor pourrait s'avérer favorable pour l'industrie.

«Une acquisition par une entreprise avec les moyens de Québecor, dans de bonnes conditions et avec les bonnes personnes, pourrait être un atout et un levier pour attirer des tournages étrangers», a-t-il dit pendant un entretien téléphonique.

Investissement Québec et CRCD n'ont pas voulu formuler de commentaires en raison des négociations en cours. Clearlake Capital a aussi refusé de répondre à nos questions.