«Meilleur éleveur», «Premier exposant», «Grande championne». La pièce par laquelle on entre dans la Ferme Pierre Boulet est tapissée de bannières, de médailles et autres distinctions remportées par la ferme et les bêtes qui y sont élevées. Pas de doute possible: Pierre Boulet est un commerçant d'animaux animé par une passion de toujours pour les concours agricoles.

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Juste derrière la pièce des trophées, on fait quelques pas dans l'étable avant de s'arrêter devant une vache un peu à l'écart des autres, et qui mange goulûment. Elle est grande, imposante, mais pas grasse. Elle lève la tête quelques secondes le temps de zyeuter les visiteurs, avant de la replonger dans le foin. Maxime Hébert, diplômé de l'Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe et jeune employé de la ferme, fait les présentations. Voici Rose, deux fois sacrée championne du monde des vaches Holstein, en 2008 et 2009.

Elle est arrivée à la maison la veille. Elle a passé quelque temps à l'Alliance Boviteq, à Saint-Hyacinthe, où on a recueilli ses précieux embryons. Grâce à elle, entre autres, la Ferme Pierre Boulet a gagné une réputation internationale dans le domaine.

Des bêtes de valeur

Depuis qu'il est tout jeune, quand il a vu son père Alfred courir les concours de vaches laitières, Pierre Boulet avait l'ambition de faire de même. Ce n'est pas que les prix soient particulièrement intéressants sur le plan monétaire. «C'est davantage de dépenses que d'autre chose, dit le producteur de 41 ans. Mais les distinctions donnent de la valeur aux embryons ou aux veaux d'une vache championne.»

Les embryons de Rose ne sont pas exportés, mais ils valent environ 6000$ chacun, estime Pierre Boulet. Les embryons de ses filles se vendent entre 2500 et 3000$.

Le printemps dernier, raconte-t-il à La Presse Affaires, il a vendu une génisse à 21 500$, peut-être de quatre à six fois plus cher que le prix habituel. La mère de l'animal faisait déjà de l'exposition. Quelques mois plus tard, les acheteurs l'ont revendue à plus de 35 000$. Une bonne publicité pour Pierre Boulet. «Plus les acheteurs font de l'argent, plus ils vont revenir me voir pour acheter.»

La ferme reçoit des demandes - et des visiteurs - de partout dans le monde.

Un travail de longue haleine

M. Boulet a acheté Rose il y a huit ans, alors qu'elle n'avait pas encore quatre ans. «J'avais vu son bon potentiel, je la trouvais exceptionnelle et je savais que ce serait une belle vache d'exposition, mais je ne savais pas qu'elle serait deux fois championne du monde.»

Avec ses bêtes, Rose en tête, Pierre Boulet a connu de multiples succès à la Foire royale de Toronto et à la World Dairy Expo de Madison, Wisconsin, un événement phare de l'industrie.

On n'obtient pas des distinctions majeures par hasard. Pierre Boulet bâtit et améliore patiemment la génétique de son troupeau depuis bientôt 20 ans. À la ferme, on prend un soin méticuleux des vaches d'exposition. Elles sont lavées une ou deux fois par jour. Pour se réchauffer après la douche, elles mangent davantage.

Elles sont nourries à la main, ce qui permet de s'assurer de visu de leur bonne condition et d'apporter les ajustements nécessaires. La poignée d'employés de la ferme partagent la passion de leur patron, même si elle exige un engagement sérieux, du petit matin jusqu'à 21 h 30 le soir. «Il faut des employés qui ne remettent pas à demain ce qui doit être fait aujourd'hui», résume Maxime Hébert, qui affiche un enthousiasme contagieux pour son travail avec les animaux.

Pierre Boulet estime qu'il tire la moitié de ses revenus du commerce d'animaux, et l'autre moitié des ventes de lait. Quant à Rose, de son vrai nom Thrulane James Rose EX-97-2E, elle est actuellement tarie, mais il n'est pas question de retraite. «On essaie de la remettre en veau pour qu'elle vêle encore, dit Pierre Boulet. Elle pourra alors refaire de la compétition.»

Pour déterminer les meilleures vaches, les critères allient beauté et utilité. Sans dresser de liste exhaustive dans laquelle il faudrait donner plus de détails sur l'angle des épaules ou de la croupe, soulignons que la vache doit être en bonne forme, présenter un beau caractère laitier et l'image d'une bonne productrice. Elle doit avoir le cou dégagé pour atteindre le plus de fourrage possible. Les juges recherchent de bons pieds et de bons membres, de même qu'un beau pis.

Rose a été sacrée deux fois championne du monde des vaches Holstein, en 2008 et 2009.

Les embryons de Rose ne sont pas exportés, mais ils valent environ 6000$ chacun.