Le Fonds de solidarité de la FTQ vient de boucler son 28e exercice financier en déclarant le plus important bénéfice de son histoire, 650 millions de dollars. Cela démontre aux yeux de ses dirigeants que linvestissement responsable, ça peut être payant! Au fil des décennies, le Fonds de la FTQ est devenu un incontournable dans le financement de la PME québécoise.

À l'origine, il était de bonne guerre de voir le patronat se payer la tête de la «patente à Ti-Louis». Vingt-huit ans plus tard, c'est Ti-Louis Laberge, chef syndicaliste et génial inventeur du Fonds de solidarité de la FTQ aujourd'hui décédé, qui doit, là-haut, tirer la pipe à ses vieux adversaires patronaux de l'époque.

N'en déplaise à ses nombreux détracteurs, le Fonds de solidarité de la FTQ est devenu au fil des décennies l'un des grands fleurons de l'économie du Québec. Non seulement parce qu'il est le plus important investisseur dans le capital de risque québécois, mais parce qu'il est également devenu le plus populaire véhicule REER de la province.

Lors de l'adoption par le gouvernement Lévesque du projet de loi officialisant le Fonds de solidarité, le 23 juin 1983, Louis Laberge avait affirmé: «Le Fonds ne sera pas un organisme de charité ni une agence de subventions, il veut être rentable.»

Le milieu patronal, lui, anticipait le contraire, prétextant que la «patente à Ti-Louis» ne saurait pas investir avec compétence. Croyant en la bonne foi du chef de la FTQ, le puissant ministre des Finances de l'époque, Jacques Parizeau, avait du même coup allongé un prêt gouvernemental de 10 millions de dollars pour permettre au fonds de mettre en place la base de sa structure.

Aujourd'hui, le Fonds de solidarité de la FTQ administre un actif net de 8,2 milliards de dollars.

De cet actif, quelque 5,2 milliards sont investis dans un portefeuille de 2129 entreprises québécoises, des PME pour la très grande majorité. Évidemment, c'est par l'entremise de ce gigantesque portefeuille de PME que le fonds de la FTQ remplit sa principale mission, soit d'investir dans le capital de risque.

Et en matière d'emplois, il faut dire que le fonds a fait ses preuves: il évalue à 161 000 le nombre d'emplois qu'il contribue actuellement à créer, à maintenir et à sauvegarder avec ses investissements dans les PME québécoises. Ce nombre dépasse les 410 000 emplois quand on regroupe toutes les entreprises dans lesquelles a investi le fonds depuis sa création.

Le reste de l'actif net du Fonds FTQ, soit 3,0 milliards, est injecté dans un vaste portefeuille de placements, dont l'objectif est de rentabiliser le plus possible la «patente» à Ti-Louis. Il s'agit d'un portefeuille grandement diversifié, surtout en Bourse et en obligations négociables, comme ceux des grandes caisses de retraite.

Et cette diversification a porté ses fruits la plupart du temps. Mais à l'instar des grandes caisses de retraite et des grands fonds communs de placement, le Fonds de la FTQ a lui aussi connu une décennie difficile depuis l'an 2000.

C'est lors de cette décennie qu'il a enregistré ses 4 seules années déficitaires sur les 28 années de son existence. Cela a eu pour conséquence de réduire considérablement le rendement annualisé du Fonds FTQ. On parle de 3,5% pour les trois décennies de vie du fonds.

Lors des exercices financiers allant de 1984 à juin 2001, le fonds FTQ avait constamment enregistré des profits. Mais l'éclatement de la bulle internet en 2001 et la récession qui a suivi ont eu pour effet de faire perdre au Fonds les trois quarts des profits qu'il avait engrangés jusqu'à ce moment.

Après quatre bonnes années, de 2004 à 2007, le Fonds de la FTQ, comme toutes les caisses de retraite et les fonds de placement du monde entier, s'est fait solidement heurter par la crise financière. Il a perdu 1 milliard de dollars de 2008 à mars 2009.

Malgré les six relativement bonnes performances enregistrées au cours des dix dernières années, les deux périodes de crise survenues depuis le début 2000 ont eu pour lourde conséquence de ramener le rendement annualisé du Fonds FTQ à un gros ZÉRO pour cent sur 10 ans.

Heureusement, les deux derniers exercices financiers ont permis aux actionnaires de constater que le portefeuille du Fonds FTQ, malgré son pourcentage élevé (60%) d'investissements dans les PME québécoises, était en mesure d'avoir de bonnes performances quand les marchés financiers vont bien.