L'activité manufacturière en Chine s'est encore contractée en septembre, à la fois selon un indice gouvernemental et selon le baromètre Markit-Caixin - au plus bas depuis six ans et demi -, qui ont confirmé jeudi l'essoufflement persistant de l'économie en dépit des mesures de relance de Pékin.

L'indice PMI des directeurs d'achats rendu public par le Bureau national des statistiques (BNS) pour le mois passé s'est établi à 49,8.

C'est davantage qu'en août (49,7) et mieux qu'attendu par les experts, mais pour autant, ce niveau témoigne d'un repli de l'activité manufacturière pour le deuxième mois de suite, alors que ce secteur est un pilier de croissance traditionnel de la deuxième économie mondiale.

Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière, tandis qu'un indice inférieur à ce seuil signale une contraction.

De son côté, le même indice PMI calculé indépendamment par le cabinet Markit et publié par le groupe de médias Caixin dresse un tableau encore plus sombre, en s'établissant pour septembre à 47,2, contre 47,3 en août, traduisant à nouveau un violent recul de l'activité.

Il s'agit du plus bas niveau depuis mars 2009 de ce baromètre de référence, fondé entre autres sur les carnets de commandes. Septembre marque donc, selon Markit, le septième mois consécutif de contraction du secteur manufacturier chinois.

Confrontées à une demande intérieure désespérément terne et à une stagnation des exportations, «les entreprises ont diminué leur production à un rythme plus vu depuis six ans et demi» et elles ont de nouveau sabré leurs effectifs en septembre, a souligné Caixin dans un communiqué.

«L'accélération des suppressions d'emplois le mois dernier (dans le secteur) a été la plus forte depuis début 2009», soit les premiers mois de la crise financière mondiale de 2008.

L'indice PMI «témoigne d'une faiblesse persistante du secteur manufacturier, même si la pression se stabilise quelque peu (...) Une demande toujours morose aggrave les surcapacités, et c'est le principal facteur qui empêche toute reprise», a observé He Fan, économiste d'un cabinet du groupe Caixin.

Après avoir ralenti à 7,3% en 2014, la croissance économique chinoise devrait glisser cette année à «environ 7%» selon le gouvernement, soit à son plus faible niveau depuis un quart de siècle.

De l'avis général, l'objectif pourrait se révéler difficile à atteindre si l'on en croit les statistiques des derniers mois.

«Les chiffres manufacturiers confortent l'idée que la croissance chinoise va probablement tomber à 6,4% au 3e trimestre (achevé fin septembre) contre 7% au deuxième trimestre», ont indiqué dans une note les experts de la banque ANZ, pointant aussi la récente débâcle des marchés boursiers.

Selon eux, les assouplissements monétaires à répétition de la banque centrale chinoise (PBOC) et les efforts accrus de relance budgétaire engagés par Pékin, notamment via des rabais fiscaux aux entreprises, pourraient seulement permettre un rebond tardif et «modeste» de la croissance à 6,8% sur les trois derniers mois de l'année.

Pékin vante volontiers «la nouvelle normalité» d'une croissance ralentie, fruit de ses efforts pour rééquilibrer son économie vers la consommation intérieure, les services et les hautes technologies, au détriment des exportations et de l'industrie lourde.

Mais après le spectaculaire effondrement des Bourses chinoises et les turbulences provoquées par la soudaine dévaluation du yuan cet été, des salves d'indicateurs décevants ont récemment alimenté les craintes sur l'assombrissement de la conjoncture chinoise... que le gouvernement apparaît impuissant à revigorer malgré de multiples mesures de soutien.

Certains analystes se veulent cependant plus rassurants.

«Le moral des entrepreneurs contribue à plomber le PMI (...) mais devrait progressivement se rasséréner au cours des prochains mois, quand les places boursières se seront stabilisées et que les mesures de relance conforteront l'activité», a souligné Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

Selon lui, l'écart abyssal entre l'indice officiel et le baromètre indépendant Caixin-Markit s'explique par un panel différent de firmes sondées, le chiffre gouvernemental reflétant surtout la santé des grands groupes étatiques (lesquels ont profité à plein de la récente remontée des investissements publics dans les infrastructures), tandis que Markit se concentre sur l'activité des petites et moyennes entreprises.