Les pays de la zone euro dont la croissance repose sur les exportations, comme l'Allemagne, vont être handicapés par la faible demande de leurs partenaires européens, ce qui rend d'autant plus nécessaire un rééquilibrage économique, estime mercredi Standard and Poor's.

Dans un rapport, l'agence de notation rappelle les deux moteurs de la croissance des pays qui ont la monnaie unique en partage: une demande intérieure forte dans les États du Sud et l'Irlande, et un commerce extérieur dynamique dans ceux du Nord, Allemagne en tête.

Le modèle allemand, qui engendre d'importants excédents, est souvent présenté comme le plus viable. Mais certains partenaires, sous l'impulsion de la France, commencent à critiquer ouvertement cette stratégie, accusant Berlin de faire cavalier seul sans se soucier de la réussite des autres.

Standard and Poor's souligne toutefois que «les pays de la zone euro dont le commerce extérieur est dynamique dépendent fortement de la demande pour leurs produits en provenance du reste de l'Europe».

En résumé, les pays exportateurs (Allemagne et Pays-Bas notamment) vendent leurs produits en majeure partie aux pays dont la demande intérieure est plus importante (Espagne, Portugal, Irlande, Grèce, Italie ou France).

Or, les importations au sein de la zone euro restent relativement atones, malgré une reprise du commerce mondial.

Une des explications avancées dans le rapport est que les pays dont la croissance repose sur la consommation des ménages sont aussi ceux qui ont accumulé les déficits publics les plus importants et qui doivent donc prendre des mesures d'austérité pour les réduire.

Cela devrait se traduire par une baisse des dépenses publiques, voire des hausses d'impôts, que les ménages anticipent en réduisant leurs dépenses de consommation pour épargner, et ce d'autant plus que le chômage est élevé et que plane la crainte d'une dérive similaire à celle vécue par la Grèce.

Or, les importations cumulées de la France, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, la Grèce et l'Italie représentent 45% du total des importations de la zone euro.

C'est un «défi» pour les pays exportateurs, qui «écoulent environ 65% de leurs exportations au sein de la zone euro».

Le dynamisme des marchés émergents ne peut compenser que très partiellement la faiblesse de la demande européenne, car son impact sur la croissance de la zone euro reste encore mince.

Mais l'Allemagne et les pays exportateurs ont d'autres soucis à se faire, prévient Standard and Poor's: face à l'atonie de leur demande intérieure, les autres pays pourraient eux aussi se tourner davantage vers le commerce extérieur pour soutenir leur croissance. Ils risquent toutefois de buter sur une absence de débouchés en Europe.

Selon le rapport, «le rééquilibrage du modèle de croissance de la zone euro (...) est une étape nécessaire en vue de son renforcement», «sans quoi la bataille pour les exportations risque de se terminer sans vainqueur».