Peter Voser, patron du groupe pétrolier britannique Royal Dutch Shell (SHELL)a confirmé jeudi, après un mois en fonction, qu'il voulait y ramener de «l'efficacité», et laissé entrevoir de massives suppressions d'emploi pour contrer la chute du bénéfice.

Le groupe, numéro 3 mondial du secteur par la capitalisation derrière Petrochina et Exxon, a été victime comme les autres d'une chute de ses bénéfices au deuxième trimestre, l'envolée des prix du pétrole l'an dernier à même époque (jusqu'à 147,50 dollars le baril) ayant été suivie d'une dégringolade. Le baril évoluait sous les 70 dollars jeudi.

Le bénéfice net part du groupe a chuté de 67% à 3,822 milliards de dollars, et même de 70% à 2,340 milliards hors effets de stocks. Hors éléments financiers exceptionnels, il ressort cependant meilleur que redouté.

Par ailleurs, la production est passée sous les trois millions de barils équivalent pétrole (bep) par jour à 2,960 millions, au plus bas depuis une douzaine d'années, en grande partie à cause des troubles au Nigeria, où «la sécurité demeure un défi permanent», a remarqué la compagnie.

Le chiffre d'affaires lui-même a baissé de 51,4% à 63,9 milliards de dollars.

M. Voser, pas encore 51 ans, directeur financier depuis octobre 2004 et qui a remplacé Jeroen van der Veer le 1er juillet, a montré jeudi qu'il ne comptait pas voir son groupe poursuivre sur cette lancée.

Le nouveau patron, qui avait déjà imprimé sa marque dès la fin mai, en réorganisant les principales parties du groupe, a remarqué que les résultats avaient été «affectés par la faiblesse de l'économie mondiale». «La demande en énergie est faible, il y a des capacités excédentaires sur le marché, et les coûts restent élevés», a-t-il dit.

Bien que, sur les marchés d'actions, les pétrolières et les minières soient les premières à bénéficier actuellement du regain d'optimisme sur l'économie mondiale, M. Voser n'a pas peint l'avenir en rose : «Les conditions vont probablement rester difficiles pour encore quelque temps, et nous ne misons pas sur une reprise rapide». Pour lui, «il y a beaucoup d'offre et pas assez de demande, ce qui est un revirement par rapport à l'an dernier».

Mais il a fait comprendre que le groupe, à défaut d'environnement favorable, jouerait sur sa propre gestion en attendant des jours meilleurs : «Shell s'adapte à cette nouvelle situation, et nous devons faire plus», a-t-il dit, assurant que le groupe devait «devenir plus efficace, avec des prises de décision plus rapides, une application de la stratégie plus précise et davantage de préoccupation pour les coûts».

Une prise de conscience qui rappelle fortement celle de son homologue de BP Tony Hayward, arrivé aux commandes en 2007 à la place de John Browne en faisant un constat similaire et décidé lui aussi à réformer.

M. Voser, un expert suisse de la finance, a d'abord annoncé une baisse de 10% des dépenses en capital pour cette année, à 28 milliards de dollars. Il a aussi indiqué que le nombre de cadres supérieurs avait déjà baissé de 20%, passant 750 à 600, et lancé qu'une «réorganisation massive» était probable dans le groupe qui compte 102 000 employés.

«Il y a tout simplement trop de gens (chez Shell) qui s'adressent les uns aux autres et non au monde extérieur», a-t-il résumé.

Le groupe a annoncé avoir déjà réduit ses coûts d'exploitation de 0,7 milliard de dollars au premier semestre. Gordon Gray, de Collins Stewart, a estimé que Shell supprimerait «plusieurs milliers» d'emplois, dans le cadre d'économies «supérieures à 2 milliards de dollars».

Néanmoins Shell a annoncé comme prévu un dividende trimestriel en hausse de 5% pour ses actionnaires, à 42 cents.