Les prix du pétrole ont fini en hausse vendredi à New York grâce à la chute du dollar, à l'issue d'une séance hésitante avant un week-end prolongé.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en juillet a terminé à 61,67 dollars, en hausse de 62 cents par rapport à son cours de clôture de jeudi.

A Londres, sur l'InterContinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique est monté de 85 cents, à 60,78 dollars.

Les cours, qui avaient dépassé mercredi les 62 dollars pour la première fois depuis novembre, ont évolué en dents de scie tout au long de la séance, passant à plusieurs reprises du vert au rouge.

«Le marché reprend son souffle avant un week-end de trois jours», a jugé Phil Flynn, d'Alaron Trading.

Les marchés seront fermés lundi à New York, comme à Londres. Aux Etats-Unis, «c'est un week-end très important pour le marché pétrolier», a ajouté l'analyste.

Memorial Day, journée des anciens combattants, correspond en effet au premier week-end prolongé de la période estivale, où la consommation d'essence monte en puissance, avec la reprise des grands déplacements en automobile.

«On va regarder les chiffres de la demande» de ces trois jours, a expliqué M. Flynn. Les opérateurs «veulent voir les gens voyager, mais si les chiffres sont décevants, l'inquiétude reviendra sur le marché».

La consommation mondiale d'or noir devrait se contracter en 2009 pour la deuxième année consécutive, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 25 ans.

Les dernières statistiques hebdomdaires du département à l'Energie ont encouragé le marché, en indiquant que la consommation d'essence des Américains avait augmenté sur une semaine, même si elle reste en recul de 1,2% par rapport à un an plus tôt.

En attendant d'en savoir plus sur l'évolution de la demande, «le dollar focalise l'attention et les inquiétudes du marché», selon M. Flynn.

L'euro est remonté vendredi au dessus de 1,40 dollar, son plus haut niveau depuis début janvier.

Les marchés s'inquiètent des injections massives de liquidités des autorités américaines dans le circuit économique, qui font exploser la dette publique de la première économie mondiale.

«Cela se traduit en une baisse du dollar et des craintes d'inflation», a observé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. «Et j'ai l'impression que le gouvernement américain va devoir continuer à dépenser beaucoup d'argent pour stabiliser l'économie».

Une devise américaine plus faible rend plus attractives les matières premières vendues en dollars pour les acheteurs munis d'autres devises.

Et la perspective de voir l'inflation s'envoler pousse les investisseurs à placer leur argent dans les matières premières pour maintenir la valeur de leur patrimoine.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui tiendra sa réunion jeudi à Vienne, devrait faire l'objet d'un intérêt grandissant dans les prochains jours. Fin 2008, elle s'est engagée à trois reprises à réduire son offre pour faire face à un déclin de la demande et soutenir les prix, retirant au total 4,2 millions de barils par jour (mbj) depuis septembre.

Depuis le dernier sommet du cartel en mars, «les prix du pétrole ont augmenté de presque 30%, ce qui rend très improbable une nouvelle baisse de production», a jugé James Williams, de WTRG Economics. Et même si les espoirs de stabilisation de l'économie mondiale se font plus nets, «l'Opep ne voudrait pas prendre le risque qu'une hausse des prix retarde cette reprise».