L'heure du lunch a sonné. Alors que la plupart des travailleurs se dirigent vers la cafétéria pour la pause-repas, d'autres enfilent leur vêtement de sport pour s'entraîner. Derrière ces sportifs du midi se cachent souvent des employeurs qui jouent un rôle de plus en plus actif dans le mieux-être de leur personnel.

André Chatelain a de la suite dans les idées. Désolé de voir ses employés privilégier l'ascenseur plutôt que les escaliers, le vice-président de Services de cartes Desjardins (SCD) a recruté en 2010 des artistes du Café Graffiti pour peindre une fresque murale sur 10 étages.

«J'espérais piquer la curiosité et créer une habitude. Et ça a fonctionné! Aujourd'hui, j'y croise des employés tous les jours», raconte-t-il. Chaque année, le défi des escaliers rassemble des équipes qui doivent monter le plus grand nombre d'étages en 10 jours. Les 300 participants de l'an dernier, dont M. Chatelain, ont gravi l'équivalent de 55 000 étages.

Bouger le midi

Investir dans la santé du personnel, c'est rentable, assure Marie-Claude Pelletier, présidente-directrice générale du Groupe Entreprises en santé, un organisme qui accompagne les entreprises dans l'intégration de meilleures pratiques de la santé globale au travail.

Parmi les bienfaits notables, elle cite en exemple l'amélioration du climat de travail, une diminution du stress, du taux d'absentéisme et des accidents. «Les employeurs ne doivent pas forcément investir une grosse somme d'argent dans l'installation d'un gymnase. Leurs mesures peuvent être aussi simples que l'embellissement des escaliers, l'ajout de douches, d'un stationnement de vélos ou d'un local pour des cours le midi», suggère-t-elle.

«L'heure du lunch est parfois le seul moment dont dispose le travailleur pour s'accorder du temps et décrocher du boulot», observe Magali Roy, propriétaire de Yo-Yoga qui offre des cours de yoga en entreprise.

«Les employeurs m'ont souvent fait la remarque qu'ils voyaient les effets de cette pratique sur la créativité, la concentration et la productivité de leurs employés l'après-midi», mentionne Mme Roy. Sa clientèle compte plusieurs entreprises en communication et en publicité.

Plusieurs formules

Pour introduire des activités physiques au travail, les employeurs gagneraient à mettre en place un comité qui évaluerait les besoins, les enjeux et assurerait le suivi, comme le suggère la démarche Entreprises en santé. Plusieurs formules s'offrent à eux.

«On peut instaurer des activités libres sur l'heure du lunch comme un club de marche ou alors des activités dirigées comme des cours de yoga ou de Zumba. Des entreprises choisissent parfois de rembourser les frais personnels liés aux activités physiques. Toutes les variantes sont possibles. Les employeurs se montrent souvent très créatifs», souligne Mme Pelletier.

Chez SCD, le programme santé mieux-être comprend notamment la visite de professionnels de la santé, des ateliers de nutrition ou de mécanique vélo, des défis sportifs. Sur l'heure du lunch, une dizaine de cours par semaine sont offerts: crossfit, boot camp, course, yoga. Entre 2011 et 2012, le taux de participation au programme a bondi de 118%.

«Il m'importe que mon personnel soit heureux et en santé, qu'il montre le même enthousiasme du premier au dernier appel de la journée. Avec le programme, le taux d'absentéisme a diminué de façon significative. Investir dans la santé de ses employés, c'est le meilleur investissement qu'une organisation puisse faire», soutient M. Chatelain.

Le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec est actuellement en période de consultations régionales pour la mise en oeuvre de la Politique nationale du sport, du loisir et de l'activité physique qui concerne aussi les milieux de travail. «Le Groupe Entreprises en santé a émis la recommandation d'allouer des crédits d'impôt aux employeurs qui investissent dans la santé de leur personnel. C'est une solution avantageuse pour tous», insiste Mme Pelletier. La politique sera rendue publique à l'hiver 2014.