Pour la première fois depuis avril 2010, le prix des maisons a reculé en novembre au Canada, selon l'indice composite de prix de maison Teranet-Banque Nationale.

La baisse calculée par l'indice de prix de la Banque Nationale a été de 0,2% en novembre et elle a fait suite à deux mois au cours desquels les prix sont restés stationnaires au pays.

La baisse des prix n'a toutefois pas été généralisée ni homogène. Certaines régions ont été plus fortement touchées comme celles de Calgary où les prix ont reculé de 1,6% et Victoria où ils se sont repliés de 0,9%.

Les prix ont également régressé de 0,2% dans la région de Toronto et de Québec, mais ils ont poursuivi leur progression dans la région métropolitaine de Montréal, avec une hausse de 0,4%, et à Halifax, où les prix se sont bonifiés de 0,5%.

Mais le repli de 0,2% observé à l'échelle nationale pourrait-il marquer le début de la fin du marché haussier, qui perdure depuis maintenant 13 ans au Canada, soit depuis 1998, et qui a permis une appréciation moyenne de 85% de la valeur des propriétés résidentielles?

La fin de la bulle immobilière canadienne est un spectre que plusieurs économistes brandissent depuis plusieurs mois déjà.

Le très sérieux magazine britannique The Economist a estimé, en novembre dernier, que le prix des maisons était surévalué de 24% en moyenne au Canada et qu'une correction de marché était imminente.

En décembre, la firme Merrill Lynch a prévu dans une étude que les prix de l'immobilier résidentiel au Canada allaient baisser de 10% en 2012 et 2013. La Banque Royale a aussi produit une étude qui annonçait en décembre une correction de 10% de la valeur des résidences canadiennes au cours de la seule année 2012.

Une marge de manoeuvre

Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale, ne croit pas à ce scénario qui annonce un affaissement brusque et rapide du marché résidentiel au Canada.

«Même si on a noté un léger repli en septembre, octobre et novembre, les prix ont tout de même progressé de 7% en 2012 au Canada. Il n'y a aucune raison pour que les prix baissent rapidement.»

«Cela a pris 13 ans pour que les prix arrivent au niveau où ils sont rendus et que le taux d'endettement des ménages canadiens devienne inquiétant. Le déséquilibre a pris du temps à se créer et ça peut prendre des années avant que l'on revienne à un meilleur équilibre. Il faudrait qu'une récession éclate pour que le marché se corrige de façon brusque», estime l'économiste.

Paul Cardinal, directeur de l'analyse des marchés à la Fédération des chambres immobilières du Québec, rejette lui aussi catégoriquement la probabilité de l'avènement d'une correction de 10% des prix des résidences au Canada.

«Oui, le taux d'endettement des ménages canadiens a augmenté et le prix des maisons aussi. Mais le taux d'abordabilité des maisons est le même que celui que l'on connaissait dans les années 80», souligne-t-il.

La charge hypothécaire des ménages canadiens par rapport à leur revenu disponible est encore très soutenable, selon lui, d'autant plus que les taux hypothécaires sont appelés à demeurer très bas au cours des deux prochaines années.

Ce qui est devenu une certitude mercredi avec l'engagement pris hier par le président de la Réserve fédérale américaine de garder les taux d'intérêt à leur niveau actuel jusqu'à la fin de 2014.

«Il n'y a pas de durée de cycle prévisible. Après 13 ans de progression, le prix des maisons peut encore s'apprécier, mais de façon moins prononcée qu'au cours des dernières années», prévient Paul Cardinal.

Les prix se sont appréciés de 4% au Québec, en 2011, comparativement à 7% dans le reste du Canada. M. Cardinal estime que la valeur des maisons progressera de 3% en 2012.

«On arrive à un marché équilibré au Québec. Cela fait plusieurs années que les vendeurs sont favorisés, mais ça commence à changer. C'est le cas à Laval.»

«Montréal et la Rive-Sud vont être encore des marchés de vendeurs en 2012, mais le mouvement tire à sa fin, comme en témoigne la baisse de 3% du nombre de transactions immobilières qui a été enregistrée au Québec en 2011,» précise l'analyste.