Le ministre responsable du développement régional pour le Québec, Denis Lebel, affirme que les libéraux de Michael Ignatieff mettent en péril de nombreux emplois dans le secteur de l'aéronautique au Québec en promettant d'annuler le contrat d'achat de 65 avions de chasse F-35 évalué à 9 milliards de dollars.

Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Lebel affirme que les libéraux agissent de manière irresponsable en laissant planer une telle menace sur cette importante industrie au Québec. Le ministre exhorte d'ailleurs les députés libéraux du Québec à faire pression sur Michael Ignatieff afin qu'il fasse marche arrière dans ce dossier.

«Tout le monde sait à quel point l'aéronautique est important pour le Québec. On connaît l'impact que cela peut avoir pour cette industrie. Les libéraux ont fait le même coup avec l'histoire des hélicoptères dans les années 90. (...) Je ne peux pas croire que des libéraux veulent empêcher le Québec d'avoir ces retombées», a dit M. Lebel.

De passage dans la région de Trois-Rivières, mercredi, le chef libéral Michael Ignatieff a réitéré la promesse qu'un futur gouvernement libéral suspendra le contrat d'achat des F-35 parce qu'il juge inacceptable que ledit contrat ait été accordé en juillet sans appel d'offres à Lockheed Martin, une entreprise américaine.

À cela le ministre Lebel a répliqué que le Canada a accepté de participer au projet de développement des F-35 avec huit autres pays, dont les États-Unis, il y a plus d'une décennie alors que les libéraux étaient au pouvoir, et que Lockheed Martin avait été identifié dès 2001 comme le seul fournisseur capable de construire cet appareil ultra sophistiqué. En 2001, les libéraux étaient toujours au pouvoir, a ajouté M. Lebel.

«M. Ignatieff tente de se faire du capital politique avec cette question-là et c'est très malheureux. On sait tous que notre industrie aéronautique est reconnue mondialement. (...) Le Québec a besoin qu'on aille de l'avant avec ce grand projet et qu'on respecte ce qui se passe actuellement. On parle de milliers d'emplois sur une longue période de temps», a dit M. Lebel.

Le ministre a aussi souligné que les retombées économiques de ce contrat se feront sentir dans toutes les régions du pays. Des entreprises québécoises comme Pratt & Whitney ont déjà décroché des contrats pour la construction des F-35, qui doivent remplacer la flotte de chasseurs CF-18 à partir de 2016.

La construction des F-35 est la plus importante initiative de coopération entreprise depuis la Seconde Guerre mondiale. Le projet, qui est mené par les États-Unis, comprend également l'Australie, le Canada, le Danemark, l'Italie, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Turquie. En tout, quelque 5000 appareils pourraient être construits au cours des 40 prochaines années.

Depuis le début de la semaine, le gouvernement Harper mène une offensive partout au pays afin de défendre la décision d'acheter ces 65 avions de chasse.

Trois ministres - Peter MacKay (Défense), Tony Clement (Industrie) et Rona Ambrose (Travaux publics) ont comparu mercredi devant un comité parlementaire pour expliquer l'importance de ce contrat pour les Forces armées canadiennes, l'industrie aéronautique canadienne et la crédibilité du Canada auprès de ses alliés de l'OTAN.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a aussi parlé de l'importance de ce contrat en rencontrant les employés de la société Bristol Aerospace à Winnipeg le même jour tandis que Denis Lebel en a fait autant en se rendant dans les locaux de Pratt & Whitney à Longueuil.

L'octroi de ce contrat a soulevé la controverse pour deux raisons. D'une part, il a été accordé sans appel d'offres. D'autre part, contrairement aux achats militaires précédents, ce contrat ne contient aucune clause obligeant Lockheed Martin à investir une somme équivalente à la valeur du contrat au Canada au cours des 20 prochaines années.

Mais selon les estimations du gouvernement Harper, les entreprises canadiennes pourraient décrocher quelque 12 milliards de dollars en contrats dans le cadre de ce projet puisqu'elles pourront participer à la chaîne d'approvisionnement mondiale.