Le PDG de Toyota, Akio Toyoda, affrontait mercredi les parlementaires américains lors d'une deuxième journée d'audition au Congrès sur les rappels massifs du constructeur automobile japonais, dont il attribue les problèmes techniques à une croissance trop rapide.

Dans une allocution devant la Commission de surveillance et de réforme du Congrès dont le texte a été diffusé à l'avance, M. Toyoda reconnaît que son groupe s'est développé «trop vite». Toyota a rappelé près de 9 millions de véhicules dans le monde et six millions aux Etats-Unis depuis cet automne à cause de problèmes d'accélération involontaire.

 

«Je crains que le rythme auquel nous nous sommes développés ait pu être trop rapide», admet M. Toyoda dans son discours, avant de s'excuser à nouveau pour les erreurs commises par son entreprise. Il rappelle que les trois priorités traditionnelles du premier constructeur automobile mondial sont, dans l'ordre: la sécurité, la qualité et les volumes de production. «Ces priorités se sont embrouillées et nous n'avons pas pris le temps de réfléchir afin d'apporter les améliorations voulues comme nous le faisions par le passé», ajoute-t-il.

 

Le président de la Commission de supervision et de réforme du gouvernement, Edolphus Towns, a ouvert l'audition de mercredi en rappelant un accident intervenu en août 2009 à San Diego, en Californie, au cours duquel un policier a trouvé la mort au volant d'une Lexus, marque du groupe Toyota, avec trois membres de sa famille. Une «mort horrible» qui a ému l'Amérique entière, a rappelé M. Towns, en lisant les dernières paroles du policier, enregistrées par les services d'urgence et largement diffusées par les médias. «Attendez... Attendez... Attendez.. Priez... Priez», avait dit ce policier avant que sa voiture, qu'il ne parvenait pas à stopper, ne s'écrase.

 

Mardi, une première audition avait été marquée par le témoignage de Rhonda Smith, une Américaine qui a été prise de sanglots en racontant son accident au volant d'un autre véhicule du groupe qu'elle ne parvenait pas non plus à arrêter.

 

Edolphus Towns a estimé que la réaction de l'agence de sécurité routière américaine (NHTSA) aux 2500 plaintes de consommateurs qu'elle avait reçues depuis 2000 sur des accélérations involontaires de véhicules Toyota semblait «très limitée». «On peut sérieusement se demander si la NHTSA a utilisé ses outils légaux pour enquêter» sur ces problèmes, a-t-il noté.

 

Il s'est aussi dit «très sceptique» sur les causes identifiées par Toyota pour expliquer ces problèmes, à savoir des tapis de sol se coinçant dans l'accélérateur et des accélérateurs se bloquant en position basse. Le secrétaire américain aux Transport, Ray LaHood, premier témoin entendu mercredi, a défendu l'action de la NHTSA pour forcer Toyota à rappeler des voitures à cause des problèmes d'accélération involontaire. «Les modèles qui sont énumérés sur le site internet» de la NHTSA dans les rappels «ne sont pas sûrs», a-t-il averti, appelant les propriétaires de ces véhicules à les «apporter chez un concessionnaire pour les faire réparer». «Nous allons nous assurer que chaque Toyota peut être conduite en sécurité», a-t-il assuré.

 

Le directeur de la NHTSA, David Strickland, ne témoignera finalement pas comme c'était prévu. «Le secrétaire au Transports souhaitait être le seul à prendre la parole à ce sujet», a-t-on indiqué à la NHTSA.

Photo Reuters

Le secrétaire américain des Transports, Ray LaHood, a défendu son département dans sa gestion de la crise des rappels Toyota.