Loin de réduire la concurrence au petit écran, l'achat d'Astral par Bell permettrait l'émergence d'un véritable concurrent à Québecor sur le marché québécois, selon George Cope.

«Nous voulons offrir aux Québécois le choix entre deux grands diffuseurs privés, dit George Cope, président et chef de la direction de Bell, en entrevue à La Presse Affaires. Nous ne serons pas aussi gros que Québecor, mais le terrain de jeu sera plus égal.»

George Cope savait qu'en voulant acheter Astral, il serait attendu de pied ferme par ses concurrents québécois - dont Québecor et Cogeco qui ont formé le consortium «Dites non à Bell». «Les gens voient cette campagne pour ce qu'elle est: des propos d'un concurrent qui ne veut pas de concurrence, dit M. Cope. Nous sommes déçus qu'ils aient utilisé notre marque et notre nom pour leur campagne, mais les faits parleront d'eux-mêmes la semaine prochaine.»

Durant les audiences la semaine prochaine, George Cope se dit «sûr» de convaincre le CRTC du bien-fondé de la transaction, annoncée en mars dernier. «Après la transaction, Québecor, Rogers, Bell, Shaw et Corus seront toujours des entreprises fortes et bien financées, dit-il. Radio-Canada continuera aussi de nous concurrencer. Nous serions dans un environnement très concurrentiel, et le CRTC reconnaît que nous nous battons aussi contre les distributeurs étrangers (ex: Netflix) qui auraient jusqu'à 10% du marché au Canada.»

Bell rejette du revers de la main les scénarios de hausses de prix et de concurrence déloyale évoqués par ses concurrents. «Le CRTC a des règles pour l'intégration verticale qui apportent une solution à ces inquiétudes, dit George Cope. Il y a toujours des litiges commerciaux (entre les entreprises), mais le concept que nous ne respectons pas nos engagements avec nos distributeurs est tout simplement faux.»

Sous le seuil critique de 35%

À 35% de parts de marché, le CRTC commence à examiner sérieusement le bien-fondé d'une transaction. À 45%, la concentration est trop élevée. Si George Cope est aussi sûr de mettre la main sur Astral, c'est qu'il est convaincu que le CRTC se rangera derrière sa méthode de calcul des parts de marché plutôt que celle des opposants à la transaction. Bell considère l'écoute totale (Bell-Astral aurait 24,4% des parts de marché en français et 33,5% en anglais) plutôt que l'écoute des chaînes canadiennes (26,6% en français et 39,7%) comme les opposants à la transaction.

«Je n'ai jamais vu une industrie où 33% des parts veut dire que vous êtes dans une position dominante, mais ce n'est pas un enjeu pour nous car nos parts de marché sont inférieures à 35% en français comme en anglais, dit George Cope. C'est simple: Vidéotron continue d'utiliser les mauvais chiffres dans les journaux pour ne pas avoir de concurrence. Chaque chiffre qui a l'air gros, nos concurrents disent que ce serait nos parts de marché.Nous n'anticipons aucun problème avec l'approbation de la transaction. Nous n'aurions pas fait un achat de 3,38 milliards si nous n'avions pas compris clairement les règles pour définir les parts de marché, qui se basent sur l'écoute totale. Le concept que CNN ne concurrence pas CTV News est ridicule.»

Sur la scène politique, le PQ, la CAQ et le PLQ se sont prononcés contre la transaction Bell-Astral. George Cope croit qu'ils changeront d'idée un jour. «Il y a eu toutes sortes de commentaires durant les élections, mais la taille et les engagements de Bell au Québec ne changeront pas, dit-il. Nous sommes le deuxième employeur privé en importance au Québec, nous investissons des milliards au Québec et nous pensons que ce sera une bonne transaction pour l'économie du Québec.»